Tout a commencé en début de semaine au Forum Culture + Numérique lorsque Alexandre Taillefer, cet homme d'affaires québécois, est venu plaider en faveur de la création d'un Facebook, d'un Google et d'un Amazon québécois. De quoi en faire sursauter plusieurs. Heureusement.
Dès la sortie de sa conférence, Clément Laberge et Carl-Frédéric De Celles ont réagit dans un entretien avec Matthieu Dugal.
Plus tard dans la semaine, Sylvain Carle en a rajouté avec une réaction qu'il avait pris le temps de mûrir et qu'il a même fait relire par certaines personnes avant publication.
Sa réflexion se base sur un principe:
« la grande erreur de ces déclarations chocs [est] celle de ne pas faire la distinction entre le monde numérique et physique ».
« ...avec des ressources numériques, ce n’est pas la rareté qui crée la valeur (scarcity en anglais) c’est l’abondance. [...] Si on ne comprend pas ça, on ne comprend pas le numérique.
Après, faut gérer la transition entre les deux. Les modèles d’affaires établis sur les moyens de production, de distribution et d’accès propres aux ressources physique sont donc par défaut inadéquats ou même aux détriment des modèles numériques. Et l’inverse est vrai aussi, les modèles numériques sont en porte-à-faux des modèles précédents. C’est ÇA le coeur de l’argumentaire.
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Une fois qu’on a compris cette distinction, entre les modèles du vingtième siècles et ceux du vingt-et-unième, on peut commencer à avoir un débat public sensé sur le rôle de l’état Québécois (et Canadien) à cette ère de la société en réseau. »Il termine en annonçant un prochain billet qui poussera la réflexion plus loin sur les manières de faire émerger des projets numériques d'envergure au Québec. On a déjà hâte de le lire!
Mon humble avis maintenant:
Dans l'univers numérique, je suis convaincue qu'il ne s'agit pas de réinventer les plateformes qui fonctionnent bien à l'international, pour lesquels des milliards de dollars ont déjà été investi (et continuent de l'être) et qui comptent déjà des millions d'utilisateurs. Cela reviendrait à s'isoler comme peuple, en voulant tout recréer à la saveur québécoise.
Au contraire, il faut apprendre à mieux rejoindre ces plateformes pour en tirer le meilleur partie pour faire rayonner la culture québécoise, faire en sorte que le contenu québécois y soit présent et visible pour les utilisateurs/consommateurs, qu'ils soient québécois ou non. Arrêtons d'avoir peur de côtoyer les autres contenus et plongeons dans l'aventure. Ouvrons notre esprit pour revoir les règles, car les modes de fonctionnement établis jusqu'à maintenant ne peuvent pas s'appliquer et deviennent obsolètes. Réapprenons à user de notre imagination pour créer de nouveaux modèles qui pourront faire vivre nos talents locaux ici et à l'international.
Et c'est possible! Des exemples, il en existe déjà (et pas seulement en culture).
-L'entreprise Meubles South Shore de Ste-Croix de Lotbinière connaît une nouvelle vie depuis qu'elle vend ses produits sur les sites en ligne comme Amazon et WalMart.
-CBC et Netflix ont conclu un partenariat pour que la nouvelle série Anne (pour Anne of Green Gables) soit présentée à la fois à la télé d'État canadienne et offerte sur Netflix ailleurs dans le monde.
-De 29 mars au 2 avril, 600 entreprises québécoises, créateurs et artisans participeront à la 6e édition de Vague de concours, qui visent à faire connaître des créateurs québécois sur Facebook.
Bref, il s'agit d'apprivoiser les géants.