L'année 2018 est à peine débuté que les signes de résistance refont surface: nostalgie du livre papier par rapport au livre numérique, place des technologies dans l'enseignement au secondaire et au collégial remise en question, etc.
Concernant le livre papier, je rappellerai seulement que celui-ci ne doit tout simplement pas être placé en opposition au livre numérique puisque les deux médiums existent en complémentarité. Clément Laberge fournit une réponse très complète sur son blogue.
Je citerai ce passage:
«... le livre numérique ne se développe pas dans le but de remplacer le livre imprimé, mais plutôt pour répondre à des besoins auxquels le livre imprimé ne répond pas adéquatement.»Et surtout n'oublions pas le fait que le livre imprimé a aujourd'hui grandement besoin de l'environnement numérique pour se faire connaître et qu'il fait partie d'un univers culturel où le numérique est omniprésent.
Ensuite, concernant la place du iPad dans les écoles du Québec, celui-ci est de plus en plus utilisé par des élèves du primaire et du secondaire. Par contre, lorsque ceux-ci arrivent au Cégep, ils retrouvent un environnement d'enseignement plutôt traditionnel où le iPad et les technologies en général sont peu utilisés.
Selon une étude de Patrick Giroux, « ces finissants du iPad constatent une "cassure" lorsqu'ils arrivent au cégep, ce qui "soulève des questions" ». Face à cette situation, le pdg de la Fédération des cégeps se contente de mentionner que les cégeps ne doivent pas être considérés comme étant en retard et que l'autonomie professionnelle des enseignants priment dans le choix des moyens d'apprentissage. Hum... hum...
Et face à cet enseignant dans un cégep qui ne disposerait « d'aucune autre alternative pour obtenir l'attention de ses étudiants » que son tableau vert et sa craie, Mario Asselin propose une réponse très efficace à laquelle j'adhère.
Il se dit déçu de constater que des profs tombent dans le piège de se mettre en compétition avec les écrans de leurs élèves alors qu'ils pourraient tout simplement les utiliser comme source d'apprentissage. Il soutient aussi que l'activité d'apprendre est « transformée par le numérique » et qu'il serait temps d'en prendre conscience.
Le réseau collégial aura certainement du rattrapage à faire dans les prochaines années, surtout alors qu'on sait déjà que le taux de décrochage y est en hausse.
Tout ceci pour dire que, dans plusieurs sphères de la société, il existe encore énormément de résistance face au numérique.
Pourtant, il est plus que temps d'arrêter de se mettre la tête dans le sable. Le numérique avance et avance de plus en plus vite. Si, pour certaines personnes, il est encore acceptable que le virage numérique ne se fasse pas. Pour d'autres, cela deviendra complètement inacceptable. Pour ceux-là, si vous ne vous situez pas par rapport au numérique, vous n'existerez tout simplement pas.
Je pense ici principalement aux jeunes (et moins jeunes) qui préfèrent commander aux bornes automatiques du McDo plutôt que d'avoir à parler à un caissier, qui passent des commandes mobiles pour éviter les files d'attente pour un café au Tim Hortons, qui n'hésitent pas à utiliser les caisses libres-services au Wal-Mart, qui s'auto-forment sur différents sujets avec des vidéos sur YouTube, qui ne savent même pas qu'avant, on achetait des albums musicaux de 12 pièces plutôt qu'à l'unité dans des «playlists» suggérés par un algorithme, qui sont convaincus que la plupart des voitures seront conduites de façon autonome dans 5-6 ans.
Pour ces jeunes-là et les autres, vous aurez beau résister face au numérique tant que vous voudrez, eux, ils continueront d'avancer et vous ne ferez pas partie de leur monde.
La Stratégie numérique du Québec a été lancée. C'est la pointe d'un iceberg qui sera probablement difficile à manier, surtout si aucun leadership politique ne se fait entendre. Elle symbolise l'ampleur du travail à accomplir pour transformer des façons de penser, des façons de faire, tout un système.
Lancée à l'aube d'une année électorale qui pourrait venir changer la donne, la Stratégie pourrait bien avoir la vie dure et sa mise en application de façon claire et définitive n'est pas assurée. D'autant plus qu'on note généralement un « manque d'intérêt pour les enjeux liés à l'avènement des technologies numériques » de la part des politiciens et de leur parti, comme l'écrit Clément Laberge. Pourtant, eux aussi auraient tout avantage à se positionner face au numérique.
Soyons optimiste! 2018 ne fait que commencer. Personnellement, je reprends mon bâton de pèlerin et je repars pour une année de partages et de découvertes numériques.