Peut-être que nous devrions sortir du sentier... Changer complètement notre façon de voir les choses.
On est dedans. Elle vient de nous frapper. On ne peut pas dire qu'on n'était pas préparé. On se le faisait dire depuis des semaines. Continuez de faire attention. Respectez les consignes sanitaires. On n'a pas écouté. On était trop pressé de retourner à notre vie d'avant. La deuxième vague est là.
Notre vie d'avant... Elle ne reviendra pas. Avant est passé. C'est maintenant que ça se passe. Et après, on verra.
On avait plein de bonnes et belles intentions au printemps. On disait : « il faut retenir quelque chose de cette pandémie », « il faut en profiter pour revoir / refaire / recréer le monde dans lequel nous vivons ».
À peine quelques semaines plus tard, on était tous pressé de sortir de chez nous et de reprendre nos activités. On était déjà en train d'oublier nos bonnes intentions.
Il y a quelques semaines, mon ami Pierre-Luc Lachance demandait: «... sommes-nous prêts à faire évoluer nos habitudes pour sortir de nos labyrinthes de certitudes et instaurer un réel changement durable... ».
J'en suis de moins en moins sûre. Ce n'est pas la majorité en tout cas. Des habitudes, c'est dur à changer. Des choses qu'on prenait pour acquises, c'est encore pire. On n'est pas capable de se projeter dans un nouvel univers, parce qu'on n'a jamais rien connu d'autres. On est assis dans notre confort. Chassez le naturel et il revient au galop.
Dernièrement, tout ce que j'entendais autour de moi, c'est « ça vas-tu finir cette affaire-là».
Mais non, ça ne finira pas.
Qu'on le veuille ou non, il va falloir apprendre à faire les choses autrement. Alors, aussi bien collaborer et participer plutôt que de se faire imposer le futur. On peut rester là à se plaindre ou on peut tourner la situation à notre avantage. Personnellement, dans nos vies. Collectivement, aussi. Et ces changements devront devenir durables. Il n'y aura pas de retour en arrière.
Appuyer sur RESET, comme disait Pierre-Luc.
Moi, je dis : Sortons du sentier. Empruntons un nouveau chemin. Inconnu, incertain. Partons à l'aventure et laissons-nous transporter par la nouveauté.
En fin de semaine, je suis allée me promener dans la montagne. D'habitude, j'emprunte toujours le même sentier pour monter au sommet puis redescendre. J'ai décidé de passer par un chemin différent en redescendant. Ça m'a pris un peu plus de temps pour revenir, je devais faire plus attention aux endroits où je posais les pieds, mais j'ai vu des paysages sous une nouvelle perspective, j'ai découvert d'autres sentiers.
C'est sûr que ça m'a demandé un effort. Mais j'étais contente de moi en arrivant au chalet.
Et c'est là que je me suis dit que c'est probablement l'attitude à adopter par rapport à la situation actuelle. Adoptons une nouvelle façon de considérer les contraintes. Je sais bien que la situation est loin d'être idéal en ce moment. Elle est même tragique pour certains.
Mais l'occasion est là. Il ne faudrait pas la laisser passer, même si ça nous rend inconfortable.
Pour une fois, on a la chance de mieux « choisir à quoi et à qui (encore plus important) on consacrera du temps », comme le dit Clément Laberge.
Normalement, on était plutôt submergé par les événements de la vie, incapable de s'arrêter. Au lieu de se plaindre qu'on n'a pas le temps, on peut enfin ralentir. Ma grand-mère paternelle disait: « La vie est un festin de miettes ». Chaque petite chose compte pour se tisser un bonheur. C'est le moment de nous remettre cette maxime à l'esprit. On n'est plus habitué de meubler notre quotidien de petits plaisirs, trop habitués à courir. Il faut recommencer à le faire.
Faisons les sacrifices nécessaires avec un objectif en tête. Moi, c'est définitivement de passer plus de temps en famille, de prendre le temps de lire tous ces livres que je n'avais jamais le temps de lire, de cuisiner plus aussi (je sais, c'est cliché!). J'ai eu une période yoga au printemps. J'en fais moins. Mais je fais toujours du sport et mon 10 000 pas quotidien est devenu sacré.
Et puis, je planifie mieux mes déplacements et mes achats. Est-ce que j'en ai vraiment besoin? Est-ce que je dois absolument aller acheté ceci aujourd'hui?
Il nous appartient à tous d'être attentif et de poser des gestes qui viendront concrétiser nos bonnes intentions énoncées au printemps dernier. Poursuivons la réflexion. Quels changements durables voulons-nous faire dans nos vies?
Pour répondre à la question, je pense qu'on a vraiment besoin de sortir du sentier et de mettre de côté tous les référents qu'on avait. Ils n'existent plus déjà ou ils n'existeront plus bientôt. Construisons le monde de demain. Hier n'existe plus.