Je ne sais pas si c'est moi qui avais oublié ou si ce sont les temps qui ont changé... mais il semble que la transition entre le secondaire et le cégep ne soit pas si facile à vivre. En d'autres mots, la première partie de la session de l'automne a été un véritable tour de montagnes russes, avec plusieurs bas, quelques hauts et une foule de turbulences!
À la fin août, ma fille a commencé sa première session au cégep en sciences naturelles (anciennement nommées les sciences pures). Adaptation est un mot faible pour qualifier les jours et les semaines qui ont suivi. Elle s'est remise en question. Je me suis remise en question. J'ai remis le monde en question. La semaine de lecture marquant la mi-session a été une bouffée d'air frais dans notre automne qui ressemble à une course à obstacles.
Je connais bien le milieu scolaire, primaire et secondaire, pour y baigner de différentes manières avec mon travail à l'École branchée. Pour ma fille, le rythme était plutôt lent, même avec des maths fortes, des sciences et de l'anglais enrichi.
Et bam, je redécouvre le cégep... qui n'a peut-être pas changé tant que ça avec les plans de cours, les nombreuses lectures et les travaux écrits. Pour ma fille, ça va vite (trop?). C'est un feu roulant d'apprentissage en 15 semaines top chrono.
Comme au primaire et au secondaire, les profs sont tout aussi différents les uns que les autres. Tu as le prof d'anglais techno qui encourage les étudiants à utiliser ChatGPT pour trouver des idées en vue de l'écriture d'une « short story » et le prof de philo qui ne veut voir aucun appareil électronique et qui fait tous les travaux papier/crayon en classe pour éviter le plagiat.
Je ne pouvais pas ne pas garder de traces de mes constats des dernières semaines, même si je les inscris ici dans l'ordre et le désordre. Je me permets probablement quelques généralisations, basées sur mon expérience personnelle. Je ne prétends nullement que ce sont tous les jeunes qui vivent leur rentrée collégiale de la sorte. À chacun son rythme et sa façon de vivre les étapes de la vie.
Quelques constats en vrac :
- Le cégep, c'est l'entrée dans le monde des études supérieures. C'est normal que cela demande des efforts et un engagement en temps. Est-ce qu'on a oublié de le dire à nos jeunes? Est-ce qu'on a trop nivellé vers le bas au primaire et au secondaire (principalement depuis la pandémie)?
- C'est fini le 9 h à 16 h! Parfois, c'est du 8 h à 18 h! C'était dont plaisant d'habiter en face de l'école secondaire! (Je ne reviendrai pas sur le transport en commun (non-efficace) de Lévis, on a adopté l'auto comme tant d'autres.)
- Tu ne peux pas tout avoir dans la vie - études, travail, vie sociale et familiale. Il faut faire des choix et prioriser. Oui, je sais, moi-même, je suis encore en apprentissage! Ma fille a lâché un cours pour alléger son horaire et réduit son nombre d'heures de travail par semaine.
- Les jeunes sont beaucoup plus habiles avec leurs appareils mobiles qu'avec un ordinateur. Les compétences de base en bureautique sont loin d'avoir été apprises à l'école. Je suis la mère techno de services pour montrer comment créer des documents Word et les classer de façon efficace. Que dire des raccourcis claviers si importants! Et on ne parle pas de l'absence de technique pour taper au clavier!
- Réussir à trouver l'adresse courriel à utiliser pour installer la licence Office 365 du cégep relève du parcours du combattant. J'ai trouvé! Et après,... revoir le point précédent (aka Microsoft est pas mal moins convivial que Google pour des jeunes habitués à Classroom).
- Pendant qu'on dit aux enseignants du primaire et du secondaire de diversifier les traces d'apprentissage pour évaluer la progression des jeunes, la réussite au cégep semble (encore principalement) basée sur les compétences en lecture et en écriture des jeunes.
- C'est le festival de la rédaction d'au moins 700 mots en français, en philo, en anglais... C'est quoi, ça, une dissertation déjà? (Ceux qui ont lu mon billet Classe de français et autres dérives systémiques connaissent mon aversion pour les textes-recettes) Je ne dis pas que ce n'est pas correct, je dis juste qu'on sous-estime peut-être la marche à monter.
- Et puis, pour disserter, il faut avoir de la culture générale, avoir développé son jugement critique, savoir argumenter de façon structurée... Tout ça, il faut l'apprendre. Où et comment? Je me le demande sérieusement présentement.
- Oh! Les fautes de français comptent maintenant dans TOUTES les matières. « Pourquoi ce n'est pas comme ça au secondaire, ça nous préparerait mieux? ». Cette citation n'est pas de moi.
- Lire de manière efficace, ça s'apprend. Enseigne-t-on des stratégies de lecture aux jeunes? Que retenir? Que surligner? Comment résumer? Sinon, énormes pertes de temps garantis.
- Finalement, apprendre à gérer son temps, sans distraction (allô TikTok!), est un véritable défi.
Demain lundi, on repart pour la deuxième moitié de la session. Pour faire redescendre la pression, j'ai un nouveau leitmotiv que je répète : « Ce n'est pas grave de vivre des échecs, ça fait partie des apprentissages de la vie ». Si tu fais des efforts et que tu essaies, même si tu te trompes, ce n'est pas grave. On va à l'école pour apprendre, on ne peut pas tout savoir avant d'avoir commencé!
Image : trouvée sur Instagram. Désolée, elle est en anglais, mais je n'ai pas trouvé d'équivalent en français.