Le numérique transforme notre société toute entière. Pour la première fois, lors d’une campagne électorale au Québec, les principaux partis ont des candidats capables d’avoir une pensée articulée sur les questions liées au numérique. Chaque parti devrait donc être en mesure de dévoiler sa vision du développement numérique. Pourtant, ils sont plus ou moins silencieux sur le sujet depuis le début de la campagne.
Nous sommes trois blogueurs québécois (moi, Clément Laberge et Yves Williams). Chacun sur nos blogues respectifs, nous avons publié successivement des questions en lien avec le numérique qui mériteraient des réponses de la part des politiciens. Devant la similitude de nos initiatives, nous avons décidé de rassembler nos questions et de les arrimer ensemble.
Au final, nous sommes arrivés à 8 questions en lien avec les thèmes suivants: L’innovation, La stratégie numérique et l’administration publique, L’accès à l’information, Le commerce en ligne, La culture, La démocratie, L’éducation et Le développement régional.
Après avoir approché les quatre principaux partis politiques du Québec, nous avons pu soumettre les questions à des porte-parole identifiés et nous espérons recevoir des réponses dans les prochains jours.
Ont reçu les questions directement ou via leur attaché de presse:
- Mario Asselin (CAQ) - candidat de Vanier-Les-Rivières
- Dominique Anglade (PLQ) - candidate et députée de Saint-Henri-Sainte-Anne, ministre de l'Éducation, de la Science et de l'Innovation, ministre responsable de la Stratégie numérique
- Michelle Blanc (PQ) - candidate de Mercier
- Vincent Marissal (QC) - candidat de Rosemont
Je publie ici les questions et j'ajouterai les réponses au fur et à mesure que nous les recevrons. Clément et Yves feront de même sur leur blogue respectif.
Cette démarche a pour but d’offrir aux partis politiques une occasion de préciser leur vision pour aider la société québécoise à relever les défis du numérique.
N'hésitez pas à partager en utilisant le #visionnumerique.
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Les questions sont les suivantes:
A - INNOVATION
L’innovation est au cœur des discussions lorsqu’on parle de l’avenir numérique. Tout le monde y est favorable.
Sauf que quand de nouvelles pratiques économiques émergent à la suite de certaines innovations, les pouvoirs publics peuvent se trouver rapidement démunis.
On a qu’à penser à la difficulté du gouvernement à se faire une opinion sur la meilleure stratégie à prendre face à Uber. La question est d’actualité, car le projet-pilote qui devait durer une année (et qui en a finalement pris deux) arrive à terme en octobre, tout juste après les élections.
Que proposez-vous pour que les beaux discours en faveur de l’innovation ne s’évanouissent pas chaque fois que que l’innovation se transforme en très profonds et très rapides bouleversements sociaux ou industriels?
B- STRATÉGIE NUMÉRIQUE ET ADMINISTRATION PUBLIQUE
On entend beaucoup d’insatisfaction par rapport à la manière dont l’administration publique a intégré les technologies numériques jusqu’à présent. L’administration publique qui n’est pas particulièrement reconnue pour son agilité, sa transparence et son innovation. Est-ce justifié selon vous? Pourquoi? Quel geste faudra-t-il poser pour transformer le fonctionnement de l’État de manière à ce qu’il utilise plus efficacement le numérique?
[Question au PQ, à la CAQ et à QS]
Le gouvernement a déposé une stratégie numérique en décembre dernier. Ce document sera-t-il un point de départ pour votre action ou envisagez-vous déjà de mettre cette stratégie de côté pour établir de nouvelles orientations prioritaires? Le cas échéant, quelles seraient-elles?
[Question au PLQ]
Vous avez présenté la stratégie numérique en décembre. Comment évaluez-vous à ce stade l’atteinte de vos objectifs de transformation numérique? Comment comptez-vous aller plus loin si vous formez le prochain gouvernement?
C- ACCÈS À L’INFORMATION
C’est pas mal unanime: la loi d’accès à l’information, et les processus qui lui sont associés, sont de plus en plus désuets — et les plus récentes tentatives de mise à jour se sont soldées par un échec.
Dans ce contexte, ne serait-il pas plus simple de définir par une loi-cadre qui précise que que tous les documents produits par l’État québécois doivent être publics et accessibles sans restriction dans un délai raisonnable, à moins de justifications explicites? Et sinon, pourquoi?
En complément, y a-t-il un lien, de votre point de vue, entre la loi d’accès à l’information, une politique de données ouvertes et l’utilisation de logiciels à codes sources ouverts/libres par l’administration publique?
D- COMMERCE EN LIGNE
Le défi du commerce en ligne est complexe. Les difficultés actuelles ne tiennent pas seulement dans la timidité des commerçants locaux à faire le virage qui s’impose pour suivre leur clientèle. Le défi tient aussi à la concentration très forte dans le commerce en ligne dans les mains de quelques gros joueurs. Ex. 50% du commerce en ligne américain passe présentement par la plateforme Amazon.
Doit-on encourager en priorité la transformation numérique des commerçants par programmes d’accompagnement, de transfert de connaissances (et de compétences) avec un plus grand soutien financier?
ou
Doit-on plutôt encourager en priorité des solutions innovantes (privées ou publiques) qui misent sur la mutualisation de ressources et de services pour offrir aux commerçants des environnements logistiques qui les rendraient plus concurrentiels ?
ou
Doit-on au contraire laisser les entreprises s’adapter en fonction des forces du marché?
E- CULTURE
Croyez-vous que le numérique sera globalement positif ou négatif pour les créateurs québécois? Il s’agit plutôt d’une menace ou d’une opportunité pour notre culture nationale?
Dans ce contexte, comment les nouvelles formes de diffusion des produits culturels reconfigurent-elles notre identité culturelle? Doit-on revoir notre façon de penser et définir notre culture nationale?
Faut-il modifier les systèmes sur lesquels s’appuient nos industries culturelles (quotas, subventions, crédits d’impôt, etc.) pour tenir compte de cette nouvelle réalité?
F- DÉMOCRATIE
Nous sommes face à un étrange paradoxe : celui d’une société instruite comme jamais dans l’Histoire, mais en pleine crise de confiance face au pouvoir politique et ses institutions. Cela, malgré tous les outils de communication et de réseautage à notre disposition.
Comment le numérique peut favoriser l’engagement et la participation positive des citoyens dans la vie démocratique?
Comment la transformation du fonctionnement de l’État peut-elle aider à réduire cette crise de confiance?
G- ÉDUCATION
Un peu partout à travers le monde, on voit se multiplier de nouvelles institutions d’enseignement (principalement privées), de niveau collégial et universitaire.
Est-ce une bonne idée pour le Québec de répondre à cette tendance avec un service concurrent (type eCampus)? Pourquoi?
Et si, oui, quels devraient être les objectifs de ce service? Quelles priorités devraient guider son développement?
H. DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
On parle peu de numérique et de développement régional, sauf en matière d’investissement pour l’emploi. Comment l’utilisation des technologies numériques peut-elle contribuer à soutenir et raffermir les économies régionales?
Concrètement, comment la mise en réseau d’informations, de ressources, de fournisseurs, de données, etc, pourrait créer de nouvelles opportunités économiques? Si oui, de quelle façon croyez-vous pouvoir soutenir ce type d’innovation? Quel rôle le gouvernement devrait-il avoir dans l’initiation de projets structurants qui pourraient consolider les économies locales?
Croyez-vous que le travail à distance et le travail autonome sont des alliés du développement régional? Si oui, comment proposez-vous d’agir pour soutenir le développement de ces nouvelles formes de main d’œuvre?
Ces questions ont été préparées par :
Martine Rioux
Citoyenne et blogueuse engagée dans l’intégration du numérique
Consultant indépendant dans le domaine du numérique, de la culture et de l’éducation
Entrepreneur, consultant numérique et blogueur