Le début d'une nouvelle année scolaire amène toujours son lot d'histoire à raconter. L'an dernier, j'en avais fait un billet dès la première journée. Cette année, j'ai tardé un peu. Par manque de temps surtout. Certainement pas par manque de sujets à aborder!
Le début d'une nouvelle année scolaire, pour un jeune, c'est découvrir de nouveaux enseignants et s'adapter à leur style. C'est recommencer à vivre au rythme des règles de vie scolaire. C'est renouer des amitiés et en tisser de nouvelles. Les premières semaines sont un enchaînement de découvertes positives ou... surprenantes.
Au royaume de l'utilisation du cellulaire en classe, la confusion règne. Certains enseignants autorisent les élèves à le laisser sur leur bureau, d'autres ne veulent pas le voir du tout. Certains piquent des colères mémorables à leur sujet, d'autres l'utilisent pour réaliser des activités en classe. « Il faut simplement se souvenir quel prof autorise quel comportement. »
Au sujet de l'intégration du numérique, on repassera dans certains cas alors que le cahier d'activités est toujours roi et maître (oui, même en 5e secondaire). Il y a l'enseignant qui fait faire des travaux dans Classroom, mais demandent de remettre une copie imprimée. Heureusement, il a aussi ceux et celles qui autorisent les recherches en ligne, qui donnent le choix des outils, qui proposent des projets stimulants. Chaque enseignant est vite catégorisé par les élèves (c'est ingrat, je sais). Il y en a des « plus cool » que d'autres qui feront en sorte que les élèves trouveront du plaisir à apprendre.
Vous l'avez compris, c'est beaucoup à travers les discussions que j'ai avec ma fille que je vis la rentrée scolaire. Les communications directes que j'ai avec l'école se résument pas mal en une accumulation de notifications pour de nouveaux résultats affichés dans le portail Mozaik. La première communication qui m'a dit que ma fille « répond parfaitement aux attentes du programme » et à un « excellent comportement ». Et le premier bulletin qui arrivera dans deux semaines.
Ce premier bulletin est probablement ce qu'on pourrait appeler le « bulletin de trop ». Oui, je sais, ce n'est pas la faute des enseignants si le 3e bulletin est de retour. N'empêche, il a causé tant de stress dans ma maison au cours des dernières semaines. Alors que certains enseignants veulent passer leur matière chargée, les examens se sont multipliés en prévision de la préparation de celui-ci. Il faut dire que les enseignants n'ont pas tous la même attitude face à l'évaluation. Ça fait un bel amalgame et ça fait grimper la pression. On peut comprendre quand tu te retrouves avec trois examens dans la même journée : math, chimie et physique.
Après deux années de pandémie, le retour à la « normale » est définitivement une situation stressante pour bien des jeunes. Comment faire comme si de rien n'était? Pourquoi surtout? On parle de plus en plus d'inégalité, elle est bien visible. Je me compte chanceuse, ma fille est une performante. Mais ce que j'entends n'est pas toujours reluisant. Il y a des dommages collatéraux sur lesquels il faudra se pencher, plus tôt que tard.
Ma fille est en cinquième secondaire, je commence à entendre parler de cégep, de choix de programme, de performance pour être acceptée dans tel ou tel programme, etc. Ce seront bientôt les portes ouvertes dans les Cégeps. Je me demande : « comment ces jeunes seront-ils accueillis dans les établissements? Est-ce que là aussi l'enseignement est sur le pilote automatique, comme avant? ».
Le milieu de l'éducation a besoin d'un bon coup de renouveau. Pour tenir compte des deux dernières années. Pour garantir la réussite du plus grand nombre (pour vrai). Pour amener les jeunes à aimer apprendre, à se sentir bien à l'école, à ne pas y aller à reculons le matin. Pour offrir des milieux stimulants qui ouvrent des horizons pour l'avenir. Ce n'est plus de la peinture que ça prend pour cacher les défauts sur le mur. C'est une véritable rénovation. Même la fondation aura besoin d'être revue et solidifiée.
Beaucoup de réflexion sont en cours en ce moment dans les milieux, je le sais. Certains milieux sont en action. C'est excellent. Leurs actions sont inspirantes. J'en vois beaucoup passer par le biais de mon travail avec L'École branchée. Par contre, nous en sommes encore aux initiatives locales. Donc, elles ne touchent pas tous les jeunes (inégalités quand tu nous tiens). Et puis, tu as beau être super innovant, si tu es coincé dans une boîte administrative rigide, tu vas atteindre tes limites un jour ou l'autre.
Je me demande bien ce que ça prendra pour que l'on bouge dans les hautes sphères pour offrir des milieux scolaires dignes du XXIe siècle à nos jeunes.