Il y a quatre ans, à l'aube de la dernière élection provinciale, j'écrivais un billet pour exprimer à quel point je me sentais orpheline politiquement. Je me désolais devant le fait que « mis à part le poids des médias sociaux, une campagne électorale se déroule en 2014 comme elle se déroulait au siècle dernier ».
La semaine dernière, une nouvelle campagne électorale a été lancée au Québec. Elle sera la plus longue de l'histoire de la province. Il faut dire, malheureusement, qu'en quatre ans, les choses n'ont pas beaucoup changé...
Pendant que le cynisme et l'indifférence gagnait les citoyens, les médias se délectaient d'un scandale après l'autre n'offrant pas toujours un portrait réel de la situation et entretenant le cynisme. Dans ce contexte, il devient de plus en plus difficile de s'intéresser à la chose politique et de penser faire les choses autrement.
Au cours des dernières années, je me suis quand même pas mal intéressée à la politique provinciale. J'ai pris part, pendant 52 semaines, au mouvement du Sandwich du vendredi devant l'Assemblée nationale. Un rendez-vous hebdomadaire réunissant des intéressés de la politique désireux de trouver une solution au cynisme ambiant.
Après un an, nous n'avions toujours pas trouvé de véritables pistes de solution mais chacun continue de cheminer et nous aurons d'autres rencontres. C'est le signe évident qu'il ne sera pas facile de faire bouger les choses et de renverser la vapeur. D'ailleurs, le même constat que nous faisons est régulièrement écrit dans les journaux. Quand réussirons-nous à passer à l'action?
Il y a quelques jours, Clément Laberge, instigateur des Sandwich du vendredi, écrivait ceci:
Je fais aujourd’hui l’hypothèse que c’est notre pratique de la démocratie qui est à la source du problème (de ce que je perçois comme tel). En effet, notre pratique n’a presque pas changé, alors que tout le reste de nos interactions sociales a profondément changé, notamment à travers le développement des technologies. L’interaction est partout, simple, rapide, avec des rétroactions quasi instantanées. Dans ce contexte, une politique aussi lourde, lente, unidirectionnelle, fermée, et trop souvent basée sur les privilèges plutôt que sur la légitimité ne peut que paraître de plus en plus déconnectée de la réalité et inapte à répondre aux enjeux du moment. Je pense que c’est ça qui me tue.Je dois dire que je partage tout à fait sa lecture de la situation. Bien des choses ont changé dans notre société, mais on fait de la politique « comme dans l'temps ». Il y a quarante ans, on a terminé la construction du Québec moderne. Puis, il est resté figé comme un ouvrage achevé. Au contraire, il aurait fallu poursuivre son développement (et ce n'est pas faute de défis à relever!).
Alors que les interactions sociales se sont simplifiées, accélérées, la structure politique s'est alourdie, complexifiée. L'appareil politique est devenu un simple outil de gestion de l'État plutôt qu'un outil pour nous propulser en avant, développer de nouvelles idées, des projets porteurs. Il faut dire que la puissance et l'influence des lobby, de même que la rectitude politique poussée à l'extrême n'ont pas aidé et ont probablement nuit au déploiement de certaines bonnes idées.
Et si le modèle politique que nous connaissons avait fait son temps? Et si les chicanes entre partis politiques n'avaient plus leur raison d'être? Et si on ne devrait pas plutôt essayer de faire avancer le Québec tous ensemble? Pourrions-nous réinventer la façon de faire de la politique?
Dans l'immédiat, non... mais avec conviction, j'en suis convaincue, même si le modèle politique persistera.
Comme l'écrit aussi Clément: voter une fois tous les quatre ans, c'est bien, mais ce n'est plus suffisant.
Dans le fond, la solution ne se trouve peut-être pas dans l'implication politique mais dans une implication citoyenne constante et consciente. S'exprimer sur la place publique n'a jamais été aussi facile, rallier des gens autour de projets communs également. Oui, la vie va vite et on manque souvent de temps. Et si on décidait de prendre le temps? Regardons autour de nous au lieu de regarder constamment notre nombril. Le Québec, c'est moi, c'est toi, c'est chacun de nous. Il revient à chacun d'entre nous de faire une petite différence au quotidien. Parfois, cela n'a l'air de rien, mais qui sait?
Il ne faut pas se décourager, ça, c'est certain et il faut continuer de croire que le Québec peut être mieux que ce qu'il est aujourd'hui.
Il serait facile de se boucher les yeux et les oreilles pendant la campagne électorale et d'émerger le 1er octobre. Je ne ferai pas ça. J'ai envie de suivre et analyser la campagne pour pousser ma réflexion plus loin. Le Québec de demain commence aujourd'hui.
À venir: Éducation et numérique au coeur de la campagne.
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