Depuis le début de l'année 2020, j'avais accumulé plusieurs brouillons de billets de blogue, jamais publiés, jamais terminés. Soudainement, ils n'ont plus aucune importance. Tout ces sujets semblent futiles.
Depuis deux semaines, notre vie a basculé, tout prend un nouveau sens. Jamais, on n'aurait pu prévoir une telle situation. Surréaliste, inimaginable, les adjectifs manquent pour décrire ce que nous vivons. C'est de la science-fiction, avons-nous envie de dire.
Deux semaines, le temps de perdre l'équilibre, de s'adapter à la vitesse grand V à une nouvelle réalité et de se créer de nouveaux repères, de maintenir la routine sans la routine.
Deux semaines, c'est le temps que ça m'a pris pour réaliser vraiment ce qui se passe (est-ce que je le réalise vraiment?). Vivre dans l'incertitude, sans contact physique, avec des déplacements très limités, cela apparaissait tout simplement impossible. Et pourtant, on y arrive et on persévèrera.
Isoler, chacun chez soi. Plus solidaires que jamais.
Chaque matin, je me réveille en pensant que le cauchemar est terminé. #not
Puis, tout s'enchaîne. Télétravail, gestion familiale, les repas, petite marche dans le quartier, etc.
Un rendez-vous journalier avec Justin Trudeau et un autre avec François Legault. Ils nous livrent la nouvelle réalité du jour, ordonnent à ceux qui n'ont pas encore compris la gravité de la situation de rester chez eux, tout en nous offrant un « peptalk quotidien » pour nous aider à garder le moral.
Le soir venu, je tente de m'éloigner de l'ordi, des réseaux sociaux, de la télé. J'ai besoin d'une pause pour donner de l'oxygène à mon cerveau. Je n'y arrive pas toujours (comme en ce moment). Je finis par prendre un livre papier et à décrocher un peu.
Notre vie a changé. Les priorités d'il y a deux semaines ne sont pas les priorités de cette semaine. Les déplacements que l'on jugeait essentiel ne le sont plus tellement. Les achats compulsifs que l'on faisait sont devenus un « pensez-y bien » (à moins que vous vous défouliez sur les boutiques en ligne).
Je planifie chaque sortie méticuleusement. Je n'ai jamais aussi bien planifié les menus de la semaine et ma liste d'épicerie. À l'épicerie, je prends ce dont j'ai besoin et je me dépêche de sortir. J'ai fait mes achats pour deux semaines (du jamais vu!). Et j'ai décidé d'aller au même supermarché pendant toute la durée de la crise pour éviter de fréquenter plusieurs endroits.
Je n'ai jamais autant apprécié le confort de mon foyer, mon emploi pas menacé par la crise, le fait que ma fille réussisse bien à l'école (et qu'elle ne soit pas en danger d'échec malgré la coupure scolaire), le fait que notre société soit remplie de personnes dévouées qui assurent les services essentiels, juste le fait d'être en bonne santé et de vivre au Québec, au Canada, des sociétés solides qui ont à coeur leurs citoyens.
Je réalise qu'on a pris beaucoup de choses pour acquises. Notre confort, notre liberté, mais aussi la santé publique. Pour nous, une épidémie, c'était dans le temps de la Nouvelle-France, quand les gens mouraient du choléra. Nous avons bien beau avoir fait avancer notre société (industrie, technologie, science, éducation, etc.), la nature nous a rattrapé.
Cette tempête prend des allures de grand « wake-up call » collectif. Recentrons-nous sur l'essentiel. Dans l'urgence. Dans l'inquiétude. Avec de multiples contraintes. Mais revenons à la base.
Combien de fois avons-nous souhaité ralentir le temps? Le Québec est sur pause. Prenons le temps. Prenons ce temps. Même si ce n'est pas le meilleur contexte. Pour réfléchir. Pour être créatif. Pour apprécier tout simplement. Cuisiner, bricoler, apprendre, lire, découvrir, d'une nouvelle façon. Transformons l'inconfort en opportunité.
Il y aura un avant et un après pour notre société. Il y a des choses qui vont changer à tout jamais, pour le mieux, je l'espère. L'heure n'est pas encore au bilan. Vivons l'instant présent. Comme aucun autre moment que nous avons vécu avant.
La vie continue. Il ne faut pas l'oublier. Créons-nous de nouveaux repères, personnels et sociaux.
En terminant, pour détendre l'atmosphère, voici quelques-unes des phrases « savoureuses » que j'ai entendu cette semaine. Notez que c'est toujours la même ado qui est citée.
« Dans l'ancien temps, quand on pouvait aller "chiller" à Place Laurier. »
- une ado en manque de vie sociale
« À venir dans les cours d'histoire, les époques revues: préhistoire, renaissance, époque contemporaire, coronavirus...»
- une ado qui pense quand même un peu à l'école
« Au moins, on a de l'eau potable et de l'électricité [ndlr. incluant internet]. »
- une ado qui pense aux choses essentielles de la vie
« Je suis dans mon laboratoire anti-coronavirus. »
- une ado qui reste dans sa chambre à longueur de journée #distanciationsocialeX1000
On est capable. Tous ensemble. Ça va bien aller!