Reprendre le clavier pour parler de politique. J'y ai pensé à deux fois et puis j'ai décidé que je pouvais bien me lancer. C'est naturel pour moi. J'avais écrit sur la campagne de 2014, ensuite sur celle de 2018. Nous voilà en 2022.
C'est que je ne peux pas écrire sur la campagne électorale qui vient de débuter sans jeter un regard sur les quatre années qui viennent de passer.
Retour en arrière...
Lorsque la Coalition Avenir Québec (CAQ) a été élue en 2018, un vent de changement et d'optimiste soufflait sur le Québec. Enfin, un nouveau parti qui voulait faire les choses différemment. C'était ma perception en tout cas. Avec la nomination d'un ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale (devenu ministre de la Cybersécurité et du Numérique depuis), j'étais personnellement d'autant plus heureuse. Le gouvernement allait s'attarder aux enjeux du numérique et mettre fin au bordel informatique.
C'est pourquoi je n'ai pas hésité à embarquer dans l'aventure quand on m'a offert le poste de conseillère politique pour le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale, Éric Caire. Quelle opportunité! Je ne le regretterai jamais et depuis, les employés de l'État ont toute mon admiration.
Pendant un an et demi, j'ai pu vivre de l'intérieur ce qu'on appelle le gouvernement et la vie de cabinet politique. Cela m'a permis de mieux comprendre certaines choses, de me réjouir de certaines rencontres et de me désoler d'autres situations. Cela a confirmé ou infirmé certaines perceptions que l'on peut avoir de l'extérieur.
Il y a eu des projets incroyables et grisants auxquels j'ai pu participer : élaboration et lancement de la Stratégie de transformation numérique gouvernementale 2019-2023, plateforme de consultation publique gouvernementale, standards numériques (devenu le guide des bonnes pratiques numériques), mission en France avec le ministre (qui allait confirmer la vision autour de la Loi 25, entre autre chose). Puis, il y a eu la pandémie qui a changé la dynamique pour de multiples raisons.
Quand j'ai quitté, j'ai pris mes distances avec le monde politique. J'avais besoin de faire le vide. J'avais besoin de redevenir une simple citoyenne. Je n'avais pas accepté ce poste pour « faire de la politique », j'avais accepté ce poste pour faire bouger les choses pour la transformation numérique.
Parfois, on en vient à penser qu'il n'est pas possible de faire changer les choses de l'intérieur, qu'il faut reprendre son bâton de pèlerin de l'extérieur. Cela revient un peu à ce que j'avais écrit lors de la campagne électorale de 2018.
« Dans le fond, la solution ne se trouve peut-être pas dans l'implication politique, mais dans une implication citoyenne constante et consciente. »
Aujourd'hui...
Une nouvelle campagne électorale débute. La CAQ domine outrageusement les sondages. Les oppositions sont dispersées. Même si j'adhère encore aux idées de la CAQ, je ne suis pas de celles qui suivent une formation politique aveuglement. J'espère donc que la campagne donnera quand même lieu à des échanges constructifs et pragmatiques pour notre société qui en a bien besoin.
J'admire toujours les gens qui ont le courage de mettre « leur face sur le poteau » (Allô en particulier à Éric, Joëlle et Mario!). Le cynisme est plus présent que jamais. C'est donc plus important que jamais que des gens le fassent. Beaucoup de journalistes sont du nombre. Est-ce bien ou mal? Je me permets de donner mon avis, étant journaliste de formation moi-même : à travers le cynisme ambiant, les journalistes font partie d'une classe qui croit qu'il est possible d'avoir une influence dans la société, qui croit à la défense de la démocratie et qui s'intéresse au bien public. Au-delà des raisons personnelles, l'appel de la politique est cohérent avec cette vision.
Une nouvelle campagne électorale débute. Je me désole de voir qu'on fait encore de la politique pour faire de la politique, que certaines décisions, comportements ou commentaires sont faits uniquement avec un objectif partisan et non pas pour le bien commun. C'est ce que je déplore le plus. Et je l'avais déjà écrit d'ailleurs.
Et malgré tout, au fond de moi, j'ai encore espoir que cela pourrait changer, qu'il est vraiment possible de faire de la politique autrement. Pour redonner le goût aux citoyens de s'intéresser davantage à tout ce qui touche le gouvernement et les enjeux publics. Pour rejoindre les jeunes électeurs. Pour cela, il faudra peut-être sortir des clichés à un moment donné. En refaisant mon cours d'histoire de secondaire 4 l'an dernier (avec ma fille!), j'ai juste repris conscience à quel point l'histoire se répète et se répète sans cesse.
Mon message est donc le suivant :
- Ce n'est pas en réanimant toujours les mêmes débats ni en tombant dans les extrêmes que nous pouvons créer un climat social harmonieux (et nous devons être plus vigilants que jamais pour que cela n'arrive pas).
- Les citoyens doivent sentir qu'on les écoute réellement, que les choses avancent concrètement. (Bref, on lâche la cassette et on privilégie la transparence et les échanges authentiques, pour vrai, et pas juste pendant la campagne).
- Comme citoyens, il est plus nécessaire que jamais de s'intéresser aux débats d'idées et de prendre le temps de s'informer, puis d'aller voter. (oui, je sais, vous avez l'impression que ça ne changera rien, mais ça peut TOUT changer).
- Sur une note plus personnelle, malgré les avancées réalisées grâce à la pandémie, il reste beaucoup à faire pour que le gouvernement du Québec se dote d'une véritable vision pour répondre aux enjeux du 21e siècle et de l'ère numérique. Bien qu'il soit peu probable que ceux-ci fassent partie des grands débats de la campagne, je souhaite que la prochaine législature du Québec s'y attarde plus activement.
On s'en reparle le 4 octobre (ou avant)!