C'est toujours délicat de parler de religion, mais là, c'est plus fort que moi, je me lance. La visite du pape au Canada et au Québec, en particulier, est en train de prendre une importance démesurée. Pour une société qui a rejeté la religion catholique en bloc dans les années 60 et qui n'est presque plus pratiquante, nous avons l'air d'un gang de groupie depuis quelques semaines. Seraient-ce les médias qui n'ont quasiment rien à se mettre sous la dent en cette période estivale qui accorde trop de place à cet événement?
La religion catholique fait partie de nos racines et elle est inscrite partout dans notre patrimoine. Nous ne pourrons jamais le renier, ni faire comme si cela n'avait pas existé. Ce sont des religieux qui ont contribué massivement à la colonisation de notre pays et à la naissance de notre société. Mais, disons-le, la population a été (trop) longtemps sous le joug de la religion, d'extrémistes religieux qui ont abusé de leurs pouvoirs au nom de Dieu.
Oui, le pape doit absolument s'excuser auprès des Premières Nations pour tout le mal fait à ces communautés. (ceci étant, de nombreux civils auraient aussi à s'excuser).
Mais le pape ne devrait-il pas aussi s'excuser auprès de toutes ces femmes qui ont été contraintes d'avoir des enfants à répétition pendant des années (peu importe leur condition physique)? Le baby-boom, ce n'est pas juste parce que les Québécois désiraient des familles nombreuses.
Ne devrait-il pas s'excuser auprès de tous les enfants qui ont été arrachés à leur mère parce qu'ils avaient été conçus hors du mariage? Ne devrait-il pas s'excuser auprès de ces filles et ces femmes qu'on a privées de leur enfant? De celles dont on a nié qu'elles étaient victimes d'incestes? Des autres qu'on menaçait d'aller en enfer si elles éprouvaient du plaisir lors d'une relation sexuelle?
Ne devrait-il pas s'excuser auprès des personnes qui n'ont pu vivre leur homosexualité librement? Ne devrait-il pas s'excuser pour toute l'hypocrisie de la communauté religieuse, les secrets, les tabous, les fausses croyances qu'elle répandait dans une population peu instruite qui voulait croire en quelque chose?
Il y a quelques semaines, on s'insurgeait contre le recul du droit à l'avortement aux États-Unis. Aujourd'hui, nous accueillons en grande pompe le pape. Ce pape qui s'oppose toujours à toute forme de contraception, qui est contre l'avortement, qui condamne l'homosexualité, qui refuse tout pouvoir aux femmes. Et n'oublions pas qu'il existe des populations dans le monde qui sont encore sous l'emprise de la religion catholique.
Le pape est un symbole. Un pape rétrograde. Une image du passé.
Maintenant que notre société devient de plus en plus laïc, que nous voulons nous éloigner des extrémistes en tout genre, ne devrions-nous pas faire preuve d'un peu plus de retenu face à sa visite?
Image prise le 10 juillet au Mont-Saint-Joseph à Carleton-sur-Mer.