vendredi 14 octobre 2016

La circulation en mode solution

Je l'ai écrit récemment, notre attitude face à certains événements de la vie peut changer la façon dont on les vivra. Ce soir, j'ai envie d'appliquer ce principe à l'un des plus grands irritants de la vie moderne des travailleurs: les déplacements vers le boulot le matin et la maison en fin de journée.

Au cours des dernières semaines, les discussions entourant la congestion routière dans la région de Québec se sont multipliées. Il est facile de s'emporter, de critiquer, de réclamer... J'ai moi-même écrit des billets sur la situation:
Esclave de la route
Le ridicule ne tue pas

La solution idéale n'existe probablement pas ou du moins n'a pas encore été trouvé. En attendant, les faits sont que la qualité de vie se dégrade dans la région en raison des problèmes de circulation routière et qu'il devient urgent d'agir pour éviter que la situation ne s'aggrave.

Par contre, au-delà des routes et des infrastructures à moderniser et à ajouter, il faut probablement tenter de voir les choses autrement, donc de changer notre attitude, pour en arriver à mettre en place des solutions à plus court terme. Au rythme où vont les projets au Québec, les routes et les infrastructures, cela prendra des années à être modifiées. Les études de marché, les études de faisabilité, les plans et devis, les estimations budgétaires, mettez-en!

En attendant, soit on continue de subir en stressant et « chialant » constamment, soit on se demande ce qu'on peut faire. Bref, pouvons-nous passer en mode solution?

Ma solution à moi n'est pas révolutionnaire. Elle a même déjà été avancée au cours des dernières semaines par François Bourque et Clément Laberge.

Faire en sorte que l'heure de pointe soit moins pénible en l'étalant sur une plus longue période le matin et en fin de journée.

Comme l'écrit François Bourque, « puisque le problème est de vouloir aller tous aux mêmes endroits en même temps, la solution pourrait être de ne pas tous y aller en même temps ».

En milieu de travail, cela demande que les employeurs soient ouverts notamment à mettre en place des heures de travail véritablement flexibles, qu'ils favorisent des quarts de travail condensés (sur 4 jours au lieu de 5, par exemple), qu'ils permettent le télétravail de façon régulière (toute la technologie nécessaire existe pour garder un lien constant entre le bureau et la maison).

Déjà, avec cela, je suis convaincue qu'il y aurait un certain gain. Je sais que certains employeurs ont déjà mis en place des mesures, mais malheureusement, il reste énormément de travail à faire pour les encourager à aller dans cette direction de façon massive. Il s'agit ici d'une question de confiance envers les employés mais également d'un souci de maintenir leur qualité de vie.... qui ne semble pas donné à la majorité.

Pourquoi j'écris qu'il reste énormément de travail à faire?

En septembre, l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés a publié les résultats d'un sondage à propos de l'effet des travaux routiers et de la congestion routière sur les travailleurs, partout au Québec, mais dont les résultats pour la région de Québec sont disponibles.

Fatigue, stress, irritabilité et perte de productivité figurent parmi les dommages collatéraux des travaux routiers et de la congestion. Les travailleurs et les employeurs ayant répondu au sondage l'ont tous souligné. Un travailleur sur quatre serait même prêt à gagner moins pour éviter les bouchons de circulation (un sur cinq à Québec).

Les employeurs ont aussi mentionné des retards de plus en plus importants le matin (15 à 30 minutes), de l'absentéisme, des départs volontaires et la perte de candidats potentiels en raison de la localisation de l'entreprise.

Jusqu'ici pas de surprise...
Sauf qu'ensuite viennent les deux questions qui tuent avec leurs réponses qui confirment que rien n'est gagné.
Votre entreprise a-t-elle mis en place des mesures spécifiques pour faire face aux inconvénients causés par les travaux routiers et la congestion routière?
Oui 16,7 %  Non 74,6 % 
Votre entreprise prévoit-elle mettre en place dans le futur des mesures spécifiques pour faire face aux inconvénients causés par les travaux routiers et les problèmes de circulation?
Oui 4,3 % Non 65,4 % Je ne sais pas 30,3 %

Autrement dit, les entreprises vivent le problème, constatent les effets négatifs sur leurs employés, mais ils n'ont pas vraiment l'intention de faire des changements dans leur organisation. Cela revient à dire qu'elles acceptent la baisse de productivité et l'absentéisme causés par la congestion routière, qu'elles sont prêtes à vivre avec des employés stressés, irritables et fatigués.

Bref, elles ne sont visiblement pas « en mode solution », pas de façon majoritaire en tout cas.

Je comprends qu'il s'agit d'un simple sondage, mais il a quand même été mené par CROP et devrait être représentatif.

Malheureusement, ces réponses témoignent de l'état d'esprit (l'attitude) dans lequel trop de gens semblent être, soit en attente que quelqu'un fournisse une solution miracle. Je le répète, au point où nous sommes, nous devrions plutôt essayer de voir chacun de notre côté ce que nous pouvons faire pour améliorer la situation. Et je lance un appel aux employeurs pour qu'ils se mettent en action en ce sens.

Bien sûr, même si les employeurs adaptaient leur façon de faire demain matin, cela ne règlerait pas tout. Les grandes institutions publiques, particulièrement les écoles, cégeps et universités, devraient également collaborer en modifiant l'heure de début et de fin des cours. De même, les horaires du transport en commun devraient tenter de se coller à ces nouvelles réalités. Et ainsi de suite, c'est l'effet Domino.

Étaler l'heure de pointe, ce n'est probablement pas si simple, puisque, pour des résultats optimaux, nous avons besoin de la collaboration d'un grand nombre. Par contre, je suis convaincue que, même à petite échelle, les résultats positifs pourraient se faire sentir rapidement.

Mon idée est lancée. Personnellement, j'ai déjà fait quelques tests qui se sont avérés très concluants dans mes déplacements. Je n'ai pas encore pu modifier de façon régulière mes déplacements. Je n'ai pas non plus de pouvoir pour mettre en application ma solution de façon plus large, mais elle est là.

Qui seconde? Qui a envie de l'appliquer? Par où on commence? C'est le temps de passer à l'action. 

lundi 3 octobre 2016

Ralentir pour survivre

Il y a des mois, pour ne pas dire des années, que je me questionne sur mon mode de vie, qui est aussi le mode de vie de plusieurs parents/travailleurs/citadins/banlieusards. On est dans le jus, on court, le temps va trop vite, on n'arrive pas à tout faire, on est crevé, on se couche à bout de souffle le soir en se disant que demain, ça ira mieux. Finalement, c'est un éternel recommencement.

Apprendre à être zen, à relativiser, à déterminer ses vrais priorités, à faire du ménage dans son agenda (et celui des enfants), à prendre du temps pour soi.... ouf, tout un contrat! Je crois que j'y suis arrivée. Mais vous savez quoi? Malgré tout ça, je suis encore à bout de souffle et ça ne ralentit pas.

Car il y aura toujours des obligations et des imprévus pour jeter de solides contraintes sur notre route et du stress dans le quotidien. Souvent, j'ai l'impression qu'elles ne font que s'accumuler.

Bref, je n'ai pas encore trouvé le secret pour ralentir. Je n'ai pas encore trouvé la façon de reprendre véritablement le contrôle de ma vie. Ne vous inquiétez pas, je continue de chercher.

Je suis de plus en plus convaincue que ralentir équivaut à trouver une façon de survivre, à ne pas craquer sous la pression et la bousculade des événements. Mais ralentir, comment? Force est d'admettre qu'il y a une limite à épurer pour relaxer.

Tout l'été, j'ai lu plusieurs textes fort intéressant sur ce phénomène. Beaucoup tiré du magazine Châtelaine qui, à mon avis, est plus actuelle que jamais. Le stress et ses effets semble être le mal du siècle nouveau. Le constat est accablant.

« Les parents représentent la tranche de population qui ressent le plus la pression du temps. Ce sont les travailleurs avec de jeunes enfants qui sont les plus stressés parmi les stressés, à raison d’un taux deux fois supérieur à la moyenne » Gilles Pronovost, professeur au Département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« Depuis 10 ans, on a atteint une limite de l'accroissement du temps de travail. On arrive aux maximum de ce qu'on peut exiger des travailleurs. » - Gilles Pronovost, professeur au Département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« ...rien ne tue davantage les femmes que les maladies cardiaques. Et [...] les rares recherches existantes indiquent que le stress soutenu au travail serait encore plus fatal pour elles [que pour les hommes], doublant leur risque d’infarctus. » - Santé des femmes: le travail nous met en danger

« ..les contraintes à la maison, additionnées à celles du bureau, font grimper la détresse psychologique. Un ticket vers l’épuisement professionnel et la dépression. » - Santé des femmes: le travail nous met en danger

Le portrait du phénomène est bel et bien réel. 


Au cours des dernières jours, j'ai lu les témoignages de deux femmes de mon entourage qui m'ont forcé à me requestionner encore plus fort. Elles sont arrivées au bout du rouleau et elles ont osé le dire. 


Le vivre, c'est une chose. Le dire, l'affirmer, jeter l'épongée et vouloir recommencer sur de nouvelles bases, c'en est une autre. Je dirai même que ça prend du courage! Je vous conseille fortement de lire le long récit de Stéphanie: Burnout! J'ai raté le train pour épuisement professionnel 


Je souhaite seulement que ma réflexion m'évitera de me rendre au bout du rouleau et que j'arriverai à trouver une solution, ma solution à moi.

Comme le soutient la psychologue Rose-Marie Charest: « Il arrive très rarement qu’on ne puisse vraiment rien changer à sa situation, qu’on soit en haut ou en bas de l’échelle en entreprise, reprend-elle. Nous avons au moins un pouvoir sur notre attitude. » 
Ces temps-ci, je dois avouer que mon attitude est dans les montagnes russes.