dimanche 20 février 2022

Les dérives du passé

 


Tout n'est jamais noir ou blanc. Notre monde est fait de gris. Les extrêmes sont difficiles à comprendre, mais il faut pourtant s'y attarder.

Ce qui se passe ces temps-ci dans notre monde est inquiétant, que ce soit ici ou ailleurs. Qu'avons-nous retenu du passé? Nous en souvenons-nous vraiment? En avons-nous une image déformée? Comment faire pour ne pas oublier? Comment éviter de reproduire les dérives du passé?

Il y aura toujours des politiciens avides de pouvoir qui souhaitent dominer le monde. Ils sont persuadés qu'ils détiennent la vérité et c'est leur façon de voir les choses qui est la bonne.  Il y aura toujours des groupes plus marginaux que se placeront en dehors de la société, du système établi. Ils sont bruyants, mais ils ne représentent pas la majorité. Il ne faut pas les ignorer, mais il ne faut pas leur accorder trop d'importance non plus. Comment les prendre en considération? Comment les ramener vers le centre? Les écouter certes, mais quand il n'y a pas de dialogue possible... 

En 2018, j'étais en mission pour Québec numérique à Aix-en-Provence, avant de quitter, je suis allée visiter le Site-mémorial du Camp des Milles. Vous ne connaissez probablement pas ce lieu. C'est un lieu avec une histoire très particulière. Il rappelle que la France a collaboré avec l'Allemagne Nazi pendant la Deuxième Guerre Mondiale. 

Le Camp des Milles a été un centre d'internation et de déportation des « étrangers » et des Juifs à cette époque. Plus de 10 000 personnes, dont beaucoup d'artistes et d'intellectuels qui avaient fui l'Allemagne, s'y sont retrouvés prisonniers. C'était un lieu de transit vers la liberté ou vers la mort, selon votre destinée.

Depuis 2012, ce lieu est devenu un Monument historique et un Mémorial. Parce qu'il ne faut pas oublier. Il faut se souvenir de ces événements du passé. L'un des objectifs derrière est de chercher à mieux comprendre les mécanismes qui mènent au racisme, à la xénophobie et au génocide, chercher à les reconnaître pour éviter de les reproduire encore.

Je me souviens que, pendant la visite, on présente les étapes qui peuvent mener vers les extrêmes... C'est tout simplement fascinant de constater que nous sommes toujours à risque aujourd'hui, que la nuance, le discernement ne sont jamais acquis.

En 1996, j'étais en 5e secondaire, j'étais en voyage étudiant en Alsace, en France, toujours. Nous avons visité le Centre européen du résistant déporté, soit l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Vous ne sortez pas indemne d'une telle visite. Porter un masque, ce n'est peut-être pas naturel, mais ce n'est certainement pas inhumain. Nombre d'expériences pseudo-médicales ont été menées dans ce lieu de l'horreur.

Les traces de la Deuxième Guerre Mondiale sont encore bien présentes en Europe. Ici, dans notre Amérique douillette, cela peut sembler lointain. Réalisons-nous vraiment ce que cela fût? Ne devrions-nous pas célébrer la démocratie dans laquelle nous vivons? Et encore, on se dit que là-bas, ils se souviennent, mais il faut répéter et rappeler encore et encore pour éviter d'oublier... Parler de tolérance, de diversité, d'ouverture à l'autre, de compromis, etc.

Aujourd'hui, nous prétendons vivre dans un monde plus humains, mais nous ne sommes jamais très loin de la dérive et des extrêmes. Je n'ai pas de réponse, mais juste d'en être conscient, je pense que ça peut déjà être un élément de réflexion...

Ce matin, j'ai vu ce gazouillis du Musée de l'Holocauste de Montréal. C'est ce qui m'a convaincu d'écrire ce texte auquel j'avais pensé toute la semaine. Cette semaine, j'en avais parlé avec ma fille parce que dans son cours d'histoire, elle voit la Deuxième Guerre Mondiale en ce moment. Elle m'a dit : « C'est complètement dégueulasse ce qui s'est passé à ce moment. Le pire, c'est qu'on dirait qu'on n'a rien compris de tout ça! ». Parlons-en pour ne pas oublier et tirer des apprentissages. Ce sera au moins ça!