dimanche 25 juillet 2021

Une démarche pour l'innovation

 



J'ai déjà cité sur mon blogue la première phrase du livre Innover à tous les coups de Fred Colantonio :  « Innover. Il ne s'agit pas d'imiter le déjà vu, encore moins de rompre avec l'essentiel. Il s'agit de changer le monde et de l'écrire au futur, durablement. »

Selon ce livre, pour innover, il faut savoir « Oser, Investiguer, Expérimenter, Visualiser, Naviguer, Négocier et Recycler ».

Ce discours me parle beaucoup. Faire les choses autrement, ça peut parfois donner des résultats surprenants. La dernière année et demi nous l'aura certainement prouvé encore plus, faut-il le répéter.  

Je suis engagée dans la transformation numérique depuis de nombreuses années. Innover, ce n'est pas nécessairement en lien avec le numérique, mais ça l'est beaucoup quand même. 

Pourquoi je vous parle de ça aujourd'hui?

Tout simplement parce qu'un grand mouvement de l'innovation semble se mettre en place au Québec. Le Conseil de l'innovation du Québec a été créé en décembre 2020 et un Innovateur en chef a été nommé. Le ministère de l'Économie et de l'Innovation du Québec progresse dans la préparation de la Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation 2022. 

Parallèlement au Conseil de l'innovation, un Off-Conseil a été formé. Celui-ci vise à permettre à un plus grand nombre de leaders innovants de se faire entendre, de discuter et d'échanger entre eux. J'ai eu le bonheur d'être approché pour faire partie du Off-Conseil.

En mai, nous avons eu une première rencontre. Une activité de discussion et de réseautage en ligne, qui a (à ma grande surprise) passé très vite et a été des plus agréables. Après une introduction en grand groupe, nous avons été placé en sous-groupe selon des thématiques : Recherche et institut du savoirs, Startups, Innovation sociale et durable, Culture de l'innovation. Je faisais partie d'un groupe sur l'innovation sociale et durable.

Dans les documents, celle-ci était définie comme suit: « Une innovation sociale répond plus adéquatement et plus durablement, que les solutions existantes, à un besoin social bien défini. Sa portée est transformatrice et systémique. Elle constitue, dans sa créativité inhérente, une rupture avec l’existant ». Cela est pas mal en phase avec la définition énoncée ci-haut.

Au cours de l'atelier de travail, nous avons dû nous projeter dans l'avenir afin d'imaginer un Québec plus innovant. 


À la fin de l'exercice, nous avons proposé cette idée : « Le Québec devient la 1re province canadienne à se doter d'une politique d'innovation pour atteindre les 17 objectifs de développement durable des Nations Unis ». (vous savez la petite épinglette que portait le Docteur Arruda pendant les points de presse et qui a fait jaser.)

Ces 17 objectifs contiennent à peu près tout ce qu'il faut pour remettre l'humain au coeur des décisions et des discours. L'innovation aura beau être techno et économique, elle doit être humaine avant tout. La bienveillance doit occuper une place centrale dans notre société (encore une chose que la dernière année et demie nous aura rappeler). Une plateforme de concertation sociale devra voir le jour.

Un des éléments qui est ressorti lors de nos échanges est l'importance à accorder à l'éducation. Au Québec, il y a encore 42% d'analphabètes fonctionnels et seulement 25% de diplômés universitaires. Et dès qu'on parle de numérique, la littératie numérique est mentionnée comme devant devenir prioritaire. Ce n'est pas parce que tu as un téléphone « intelligent » entre les mains que tu es compétent numériquement. Beaucoup de boulot de ce côté-là. Je vous en reparle dans un prochain billet. Promis!

Les autres enjeux qui nuisent, limitent, empêchent l'innovation sont aussi nombreux et bien connus. Plusieurs sont tannés de les répéter constamment (avec raison). Les silos (intersectoriels, inter-régionaux, intra-régionaux même), les critères des programmes gouvernementaux qui relèvent parfois d'une autre époque, la multiplication des structures, la pérennité des stratégies qui dépend des élus en place et non des réels besoins du terrain, etc.

Une fois qu'on a dit ça, il faut reconnaître que chacun peut faire sa part, se mettre en action et influencer les autres. C'est comme dans tout : si on attend après les autres, on risque d'attendre longtemps. Vaut mieux s'organiser que se faire organiser.

Bref, l'expérience a été satisfaisante pour une première. 

Une deuxième activité de type table ronde a été organisée au début juillet. En plein coeur de l'été, cela n'était pas évident de rallier les innovateurs du Off-Conseil, mais nous étions encore nombreux. Dans le groupe avec qui j'étais cette fois, nous avons parlé de l'importance de mobiliser les communautés et d'entretenir des liens informels et formels. L'importance d'avoir des animateurs de communauté dédiée qui permettent de provoquer des rencontres et discussions est alors ressorti des échanges. Sans eux, on se laisse emporter par le quotidien et on manque des occasions. ll faut prendre le temps, mais ce n'est vraiment pas évident! 

La suite de cette démarche n'est pas connu encore. On discute mais il faudra aussi tomber dans l'action. On verra la suite. 

Finalement, tout ceci me rappelle que l'innovation peut prendre de multiples visages et qu'elle doit être présentes dans toutes les sphères de la société, à tout moment. Eh oui, ça peut sembler un « buzzword » de parler d'innovation parce que ce mot est sur toutes les lèvres, mais avouons qu'on en a bien besoin. C'est pour ça que je continuerai de participer à cette démarche avec intérêt et enthousiasme.

Il faut sortir de la boîte, comme on dit. Et si on réussissait à imaginer un monde sans boîte, tout simplement? Méchant défi!