dimanche 16 janvier 2022

D'un bord ou de l'autre

 


Savez-vous pourquoi le lapin est vert?
(réponse à la fin de ce texte)

Je débute par une blague, décidément la blague de la semaine, avec laquelle l'enseignante de sciences de ma fille a débuté un cours en ligne. Je l'ai partagé avec l'équipe de l'École branchée, puis Audrey l'a partagé dans la Salle des profs de l'École branchée sur Facebook.

Avouez qu'on a besoin d'un peu de légèreté en ce moment. L'atmosphère est lourde. La fatigue s'accumule. C'est insidieux et ça attaque notre mental à tous, qu'on le veuille ou non. On ne sait plus comment prendre les choses. Avec optimisme, avec découragement, avec espoir, avec désespoir, fatalisme ou frustration.

On fait notre temps mais le temps devient long. 

Je suis bien chez moi et je m'en accommode très bien. Mais j'aimerais ça aussi sortir au restaurant, aller jaser avec des amis, voir du monde un peu, en dehors des écrans. L'automne passé, on avait commencé à reprendre vie. Là, je me dis que nous ne saurons plus comment vivre en société.

On ne sait plus trop à quoi s'attendre. On a l'impression d'être dans un cul de sac, que c'est toujours du pareil au même. Mais non, le temps passe. Ça peut aller d'un bord comme de l'autre. Et on n'a plus aucun contrôle. 

Ben, on a le contrôle sur la façon dont on vit les choses, mais même pour moi, cela devient de plus en plus difficile d'être zen. Le début de l'année 2022 (deux semaines à peine!) a déjà mis notre quotidien à rude épreuve : la conciliation télétravail / téléécole, la course pour faire les courses le samedi parce que tout est fermé le dimanche, la course pour trouver des tests rapides en pharmacie (ça existe vraiment ces trucs-là?), le dilemme « j'ai eu la COVID, je me fais vacciner quand finalement pour la 3e dose » (jamais, ou maintenant, ou dans quelques semaines?).

Nous sommes tous épuisés par deux années d'adaptation. On se demande si on est encore capable de vivre un autre revirement de situation. Et vlan, c'est reparti! On se prépare pour une autre rentrée scolaire qui sera tout sauf normal. 

Déjà vendredi, ma boîte courriel se remplissait : un message concernant le retour à l'école, un erratum concernant le message concernant le retour à l'école, une précision concernant l'erratum concernant le message concernant le retour à l'école... 

« Il va sans dire que ce retour en classe ne se fera pas sans quelques ajustements. », écrit la directrice générale du centre de services scolaire. C'est sûr et je m'y attends. Pour l'instant, j'ai l'impression qu'on fait un saut dans le vide.

Dans le même message, la directrice générale demande « à tous les parents d’élèves utilisant le transport scolaire de surveiller leur enfant à l’arrêt d’autobus désigné, jusqu’à l’arrivée du transport ». D'un coup que le chauffeur ait la Covid et ne puisse pas passer ce matin-là. 

Elle écrit aussi : « Nous aurons, plus que jamais, besoin de votre collaboration et de votre souplesse pour que nos environnements demeurent des lieux où les apprentissages foisonnent et où les liens sociaux favorisent, entre autres, le maintien d’une bonne santé mentale ». Évidemment que vous aurez ma collaboration.

Je comprends pourquoi on tient mordicus à réouvrir les écoles. Je comprends que dans certains milieux l'enseignement à distance n'est tout simplement plus acceptable, parce que le temps a fait son temps et que la santé mentale de tous en souffre au plus au point. Mais je comprends aussi qu'on ne sait pas trop dans quoi on s'embarque avec cette nouvelle rentrée. Et je me dis que, rendu là, une semaine ou deux de plus...  On aurait peut-être même pu se rendre jusqu'au 2 février (jour de la marmotte, t'sé). Si la marmotte voit son ombre, on retourne à l'école. Si non, on continue en ligne.

Je sais que l'ensemble du personnel dans les écoles est bien intentionné et surtout très dévoué. Tout le monde souhaite que tout se passe bien pour les élèves (et pour le personne aussi). On a beaucoup parlé du personnel dans les hôpitaux, mais dans les écoles aussi, les employés sont au front. Un autre front. Celui du maintien d'un semblant de vie normale pour nos enfants et nos adolescents. Pour qu'ils continuent d'apprendre malgré tout, qu'ils ne soient pas trop pénalisé dans l'avenir, qu'ils aient une vie sociale minimale.

J'ai quand même l'impression qu'on roule sur le pilote automatique. La progression des apprentissages, l'évaluation et les bulletins, je veux bien. Mais là, je pense qu'on a juste besoin d'un gros câlin collectif, juste être ensemble et jaser un peu. La fatigue mentale est bien installée pour tout le monde. Pouvons-nous revoir nos attentes un peu? Personne n'est à son meilleur dans le contexte actuel. On parle de bienveillance constamment, mais le mettons-nous en pratique pour vrai?

Il ne faudrait pas oublier de tirer des apprentissages de ces deux années. La performance et la normalité à tout prix, ça a un prix justement!

Bon après toute cette lourdeur, rions un peu...


Savez-vous pourquoi le lapin est vert?
Réponse : Parce qu'on l'a peint ! 😂






samedi 15 janvier 2022

Le numérique peut-il être durable et responsable?

 

Les usages du numérique ont définitivement des impacts sur l’environnement. Cela n’est plus un secret et on en entend de plus en plus parler. Et si en plus de viser des usages plus écologiques et durables, on visait aussi des usages plus responsables? C’est ce que propose Rémy Marrone, directeur de projets à l’Institut du numérique responsable en France. 

D’abord, il apparaît nécessaire de faire la distinction entre toutes les expressions utilisées. Dans un récent article publié sur le site de l’École branchée, je propose justement des définitions. Je ne reproduirai pas tout ici mais en bref disons que :

  • L’expression « numérique durable » concerne un ensemble de techniques visant à réduire l’empreinte sociale, économique et environnementale du numérique.
  • Le « numérique responsable » prend en compte les éléments du numérique durable, mais il encourage aussi des usages qui favorisent la diversité, l’équité et l’inclusion.
Lors d’une conférence présentée à l’occasion de la plus récente Connected Week, en France et à laquelle j’ai assisté, Rémy Marrone a soutenu qu’il serait désormais opportun de penser le numérique, et plus particulièrement le Web, comme quelque chose d’Utile, qui peut être Utilisé et qui est effectivement Utilisable pour le plus grand nombre.

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement?

Le numérique responsable encourage la parité des genres, la représentation de la diversité, l’accessibilité des contenus sur le Web pour tous. Il pousse à se poser des questions sur les contenus que l’on publie. Par exemple, une vidéo prend beaucoup plus de bande passante que du texte et est moins accessible. Donc, avant de produire et publier une vidéo, il peut être opportun de se demander si cette vidéo est vraiment nécessaire. De même, toute vidéo devrait être accompagné d’un texte qui la résume.

Rémy Marrone s’adressait plus particulièrement aux entreprises et individus qui créent du contenu pour le Web. Il les invitait à poser un regard sur les biais qu’ils peuvent reproduire, sur l’image qu’ils projettent ou les comportements qu’ils peuvent encourager : qui mettent-ils en scène dans les images qu’ils publient? Mettent-ils des textes alternatifs sur les images pour maximiser leur accessibilité? Font-ils la promotion d’opérations marketing qui encouragent la surconsommation? Les images et vidéos qu’ils publient sont-ils si lourds qu’ils amènent leurs utilisateurs à utiliser des appareils plus performants?

Le site Numérique responsable qu’il a donné en référence est particulièrement intéressant pour découvrir des principes à adopter pour vivre un numérique plus responsable et plus durable. Vous pouvez aussi mesurer l’impact environnemental de votre site Web sur ce site. Je présente également d’autres exemples dans mon article paru sur le site de l’École branchée.

Numérique et électronique

Dans le cadre de la Connected Week, d’autres conférences portaient sur l’impact des usages du numérique sur l’environnement et la société. Les paragraphes qui suivent sont un condensé de ce qui a été discuté. J’ai particulièrement aimé la conférence de Marion Simon qui avait bâti celle-ci autour d’un quizz Menti très interactif pour les participants. (Voyez par vous-mêmes sur la photo qui accompagne ce texte!)

Lorsqu’on parle de numérique, on parle nécessairement d’électronique. Le numérique, ce sont les données, le reste est du matériel. Le développement des objets connectés de toute sorte fait croître ce marché et ajoute de l'électronique là où il n’y en avait pas. Suffit de penser aux montres et aux thermostats qui sont devenus intelligents. Et puis, nos voitures sont équipées d’un nombre croissant de pièces électroniques, comme les caméras de recul qui sont devenues la norme. Cela ne semble pas prêt de s'arrêter.

De même, derrière chaque donnée que nous collectons et conservons dans l’infonuagique (le fameux « cloud »), il y a un espace occupé sur un serveur et donc une consommation d’énergie perpétuelle. Au Québec, on se la coule douce avec ça parce que nous profitons de l’hydroélectricité, mais ailleurs dans le monde, la situation est tout autre. Nous aurions peut-être intérêt à devenir un peu plus conscient de notre consommation énergétique.

Finalement, la norme du « porter-jeter » avec nos appareils électroniques aura peut-être une limite. 50 métaux sont nécessaires à la fabrication d’un téléphone intelligent. Ces ressources ne sont pas inépuisables. La réparation devrait revenir à la mode plutôt que le remplacement des appareils. En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire vise par exemple « une meilleure information du consommateur sur le caractère plus ou moins réparable de ses achats ». Ainsi, depuis le 1er janvier 2021, l'indice de réparabilité est déployé sur 5 catégories de produits électroménagers et électroniques.

Ça prenait ça pour forcer certains géants du numérique pas très portés sur la réparation à bouger. Apple publie maintenant un indice de réparabilité de ses appareils et commence timidement à rendre accessible des pièces pour que nous puissions réparer nous-mêmes ses appareils.

La France fait aussi figure de précurseur avec sa nouvelle loi sur le numérique responsable. Par le biais de cette loi, les jeunes français seront désormais formés à l’écoresponsabilité et à la sobriété numérique. Ça aussi, j’en ai parlé sur le site de l’École branchée.

Ceci étant dit, il ne faut pas non plus se taper sur la tête et se dire qu’on n’utilisera plus le numérique (cela serait complètement irréaliste de toute façon). Par contre, il est possible de poser un regard sur ses usages du numérique et revoir certains comportements. Est-ce vraiment nécessaire de changer de téléphone tous les deux ans? Est-ce vraiment nécessaire de conserver toutes ses photos numériques? N’y aurait-il pas un petit ménage à faire?  Est-ce préférable de télécharger ce film ou cette musique plutôt que de l’écouter en « streaming » ?

Ici, c’est comme dans tout, l'important est de trouver un certain équilibre et de se rappeler que chaque petit geste compte. Par contre, on voit qu’en France, ce sont des lois qui font bouger les choses plus rapidement. J’ai comme l’impression que cela devra être la même chose ici. Surtout, en ce moment, alors que le numérique est le centre de notre univers. N’est-ce pas grâce au numérique que notre société peut continuer de fonctionner depuis deux ans?


* Sur la photo, la fois où j'étais beaucoup trop contente de participer à un quiz Menti. Crédit photo : Annie Chénier.

**Ce texte devait faire partie de la série 12 jours avant Noël.

dimanche 2 janvier 2022

De retour après la pause

 



Le 20 décembre, j'ai écrit que je sentais une sorte de soulagement collectif avec la fermeture des écoles une journée plus tôt que prévu. Ce fût le dernier texte d'une série qui devait en compter 12. Je me reprendrai bien dans les prochains jours.

Je me sentais soulagée mais il était trop tard. La COVID était entrée chez moi (ainsi que dans plusieurs chaumières autour de moi). Dans ces derniers jours avant Noël, il aurait peut-être été plus sécuritaire de prendre un avion que de fréquenter une école primaire ou secondaire.

Bref, ça a commencé par une série de messages textes provenant d'adolescentes et ma fille qui a développé des symptômes rapidement. Il était devenu évident que nous ne serions que trois pour le réveillon. Et j'ai accepté de vivre dangereusement, autant l'attraper tout de suite, ce serait fait! Sans possibilité de faire de « vrais » tests de dépistage, la course aux tests rapides battait son plein. Non, mais quelle aberration de devoir faire la file pour se procurer la précieuse boîte. On se serait cru dans La course aux jouets, ce bon vieux classique cinématographique. J'ai passé mon tour.

Quelques jours plus tard, ce fût à moi de développer des symptômes (mon chum a suivi pas longtemps après même si il se croyait invincible!). Mal de tête intense, toux, maux de gorge, fatigue... ce qui explique mon silence des derniers jours. Dormir et combattre mon cerveau en compote ont constitué mes principales activités du temps des Fêtes. Heureusement, nous avons (encore une fois) pu nous exiler au chalet, ce qui adoucit le mal et les contraintes. 

Je voulais me reposer pendant le congé, j'ai été servi à souhait. Je voulais faire le vide, mon cerveau m'avait carrément abandonné. Même pas capable de réfléchir à mon bilan de 2021, ni de voir clair sur ce qui s'en vient en 2022.

Là, je reprends du mieux. Je me dis que je suis passée au travers. Ça aurait pu être mieux, ça aurait pu être pire. Moi, je n'avais pas grand chose de prévu mais, encore une fois, le pouvoir de résilience de ma fille m'impressionne. Sans amie, sans copain, sans emploi. On peut rêver mieux comme vacances de fin d'année à l'adolescence. Quoi que, elle a pu faire le tour de Netflix et Disney+ sans souci. Nous avons quand même réussit à vivre de merveilleux moments. Ils seront bien gravés dans ma mémoire, surtout les instants où la maison se transformait en véritable comédie musicale.

Malgré la fatigue qui me surprend encore à tout moment, je me prépare à repartir en force dans quelques jours. Je regardais mes photos de 2021 ce soir et je me disais que ça avait été une belle année pour moi malgré tout. Le dernier mois a été chaotique et j'avais grandement besoin de ce congé, mais pour le reste, quand même, je ne peux vraiment pas me plaindre!

J'avais terminé 2020 en apprivoisant mon nouveau statut de travailleuse autonome. En 2021, tout a déboulé et j'ai enchaîné les contrats les uns après les autres. Et non les moindres! Je pense que je ne m'étais pas rendue compte de toute l'ampleur avant aujourd'hui. La preuve qu'il faut savoir s'arrêter pour prendre la mesure du chemin parcouru.

C'est vrai qu'en 2021, j'ai été porté par une vague (sans jeu de mots) de projets tout aussi emballants les uns que les autres : 

Et ça, ce n'est qu'une partie de ma vie professionnelle! Bref, je suis choyée. Mon défi est maintenant de savoir m'arrêter, de savoir prendre des pauses (non-forcées), pour faire le vide et me ressourcer. D'apprendre à choisir et à choisir mieux à quoi je consacre mon temps. Je ne peux pas tout faire. Peut-être que « less is more » après tout.

À suivre...