dimanche 29 novembre 2020

Se donner un air d'aller

 


Une nouvelle routine s'installe... encore! C'est la « combientième » depuis mars déjà? Mais, qu'à cela ne tienne, nous allons traverser cette crise dans la joie et l'allégresse. C'est ce que je répète sans cesse à ma fille. Parfois, je dois me le répéter à moi aussi. 

Le contact avec des vrais humains en chair et en os me manque de plus en plus. La bonne bouffe au resto aussi. Ou le café pris avec un ami pour parler de tout et de rien. À travers un écran, ce n'est pas pareil. Merci à mon amie Claudine qui est venue cogner à ma porte cette semaine! Quelques minutes de rasette qui ont fait du bien.

Mais, bon, on garde le cap, « the show must go on », comme on dit. La Terre n'a pas arrêté de tourner. Le travail continue. L'école continue.

J'avais déjà écrit qu'il fallait sortir du sentier pour aborder autrement la réalité actuelle. Je le crois toujours.

Je pense qu'il faut aussi apprendre à relativiser les choses. Les remettre en perspective. Ça se peut qu'on soit moins productif certains jours. Ou qu'on décide de s'habiller en mou. Ça se peut aller se coucher un soir sans avoir tout coché dans sa « to do » (ok, ça m'arrive tous les soirs, mais vous comprenez l'idée.) Ça se peut passer une journée sans entraînement, sans avoir marché 10 000 pas.

Il ne faut pas se mettre trop de pression sur les épaules et chercher (encore) la perfection dans nos vies. Le mot de la semaine était « efficacité » (voir image ci-haut). Nous l'avons remplacé par « rigolade ». Juste le changer, ça a fait du bien. On a respiré un peu mieux. On a peut-être même été plus efficace après l'avoir changé!

L'école en format hybride se poursuit pour ma fille. Ça fait une drôle de routine. On n'est jamais certain de quelle journée on sera le lendemain. Y'a des jours où c'est plus dur que d'autres de se motiver. Dans l'ensemble, ça se passe plutôt bien. Les profs arrivent à être intéressants quand même. Ils donnent des explications, puis font travailler les élèves seuls ou en équipe. Je sens que les jeunes se responsabilisent plus pour travailler ensemble et avancer les travaux.

Le prof d'éducation physique a fait faire un travail sur les saines habitudes de vie. Les prochains cours à distance se passeront avec Strava. Je sens qu'on va aller courir!

La prof d'arts plastiques avait remis du matériel à amener à la maison. Ma fille adore ses périodes d'arts à la maison et redécouvre son côté (et surtout son grand talent) artistique. J'adore.

J'incite ma fille à intervenir pendant les cours, à poser des questions, à répondre surtout. Mon dieu, que ce ne doit pas être évident pour les profs de demander « Avez-vous des questions? » et obtenir un long silence comme réponse! Je leur lève mon chapeau.

Un des gros désavantages de l'enseignement hybride, c'est que les enseignants gardent les examens pour les journées en classe. Alors ma fille a eu des journées avec quatre examens dans la même journée. Par contre, je remarque que les profs font plus de « micro tests » que de gros examens. Avancer à petits pas et ne pas stresser les élèves avec des examens trop complexes. Je pense que c'est une bonne stratégie dans les circonstances.

Par ailleurs, comme les élèves du secondaire sont toujours dans la même classe maintenant, certains enseignants ont décidé de faire une activité de décoration de la classe. Un moment de détente, qui a permis de mettre de la joie dans une journée d'école alors que les activités décontractées se font plus rares.

Dans chaque journée, il faut trouver le positif. C'est ce qui aide à se donner un élan supplémentaire pour avancer. Les journées se succèdent et nous devons faire un effort pour les rendre agréables et différentes les unes des autres. Avec la musique de Noël en bruit de fond ces temps-ci, difficile de ne pas danser dans le salon sur l'heure du midi. En janvier, ferons-nous durer les rigodons du Jour de l'An?

Cette semaine, je donnais une conférence sur le télétravail et sur comment le rendre plus agréables pour tous. Je répétais comment c'est important de prendre le temps de quitter son environnement de travail pour décrocher un peu, sortir prendre une marche le midi, se changer les idées. Je partageais des trucs qui font du bien. 

Des trucs bien simples comme:

  • La tape dans le dos: Dire Merci, Dire qu’on apprécie le travail et les efforts des autres (c'est vrai que dans l'action, on oublie parfois)
  • Le réconfortant: Demander « comment ça va? » aux gens… et écouter la réponse (pour vrai).
  • Le travail d’équipe: Rester en audio avec ces collègues comme si on était au bureau (via le téléphone, FaceTime ou autres applications, comme Discord - Merci Clément!), même si on ne parle pas et on entend juste des bruits de clavier. Ça crée une ambiance.
  • La récompense: Envoyer un repas, des fleurs, panier-cadeaux, etc. (Je suis allée chercher un chocolat chaud au Tim Hortons au coin de la rue pour ma fille un midi en prenant ma marche. Ça a fait son après-midi!)

Et vous, quels sont vos trucs?

Allez, on lâche pas! On se donne un petit air d'aller!




dimanche 8 novembre 2020

Le yeti

 

Quand ma fille a découvert mon premier billet dans lequel j'annonçais mon intention du documenter son expérience d'école « un jour sur deux », elle n'était pas très contente. Mais quand elle a lu mon billet, elle a sourit et elle m'a donné son accord pour poursuivre la démarche. Fiou!

Donc, j'ai passé le reste de la semaine dernière à lui dire que je prenais des notes pour la suite. Mais, je n'écrirai pas tout ici, il faut se garder une petit peu d'intimité quand même. 

Avant d'entreprendre une nouvelle semaine, je voulais donc faire un petit compte-rendu ici. 

Donc, la semaine dernière, ma fille aura passé trois jours à la maison. La première journée a déjà été raconté.

Au cours des deux autres journées, nous avons eu droit à une vidéoconférence reportée pour cause de trafic (l'enseignante étant arrivée en retard à l'école), un « cours théorique » d'éducation physique et six autres périodes de cours qui se sont somme toute bien passées. Généralement, les enseignants donnaient 45 minutes de matière puis un travail à compléter pendant la dernière demi-heure que durerait normalement le cours. 

Ma fille s'installait dans le salon tout près de mon « lieu de travail », alors je suivais distraitement les cours tout en travaillant. Je me rendais compte que c'était très facile pour elle de faire autre chose en même temps, de décrocher de l'écran et de laisser filer son attention ailleurs (comme en témoigne sa fabrication de flocons de neige présents sur la photo illustrant ce texte). Cela demande un effort vraiment important pour les jeunes de garder leur attention sur l'écran.

Le défi est de taille pour les enseignants et je ne peux que leur témoigner mon admiration. Ils n'ont pas le contact visuel comme en classe pour voir le langage non verbal des élèves. Ce n'est pas évident pour eux de capter l'attention, de maintenir un lien avec les élèves. On parle beaucoup d'ajouter de l'interactivité à ces périodes de classe à distance, mais ce ne sont pas tous les profs qui sont rendus là.

Entre les cours, ma fille se mettait au travail naturellement pour terminer le travail demandé. Bien sûr, elle a sollicité mon aide à quelques reprises, surtout en français, en espagnol et en anglais. Faut croire que les langues, c'est plus ma force. Une occasion de revenir à la base du vouvoiement en espagnol (Cuàl es su nombre?), de discourir sur l'atmosphère qui se dégage dans un texte en anglais et de découvrir « Pourquoi les femmes vivent-elles plus longtemps que les hommes? ». (Moi, je le sais maintenant!)

C'est vrai qu'elle est habituée que je sois présente pour elle. Ce soir, on révisait ensemble pour son examen de science, première période demain matin en classe. C'est une des choses que je trouve le plus important dans mon rôle de mère. Donc, pour moi, c'est naturel de l'aider. J'aime ça. 

Je sais que les journées où elle est en « école à la maison », je suis un peu moins productive pour le boulot.  J'ai l'impression d'être entre deux mondes, constamment interrompu. Je me reprends le soir. Je sais que c'est passager et je suis prête à m'investir pour cela. Je suis bien consciente que ce ne sont pas tous les parents qui peuvent faire cela.

Je me permets même quelques danses dans le salon pour alléger l'atmosphère, lorsque le motivation baisse en fin de journée. Y'a rien comme un peu de musique de Noël pour vous redonner un petit air d'aller!

Car au-delà de l'aspect pédagogique et de vouloir passer la matière, je me rends de plus en plus compte que ce sont des moments précieux que nous vivons présentement. L'occasion de revenir à l'essentiel. Il faut relativiser. 

Oui, la situation actuelle met en lumière les travers du système scolaire, le fait que l'enseignement avec et par le numérique ne sont pas maîtrisé par tous, que la façon d'évaluer les apprentissages aurait sérieusement besoin d'être dépoussiérée.. mais on ne peut pas penser changer tout ça, en ce moment, alors qu'on vit dans une incertitude constante. 

Alors, laissons-nous une chance de réussir collectivement. Essayons de voir le beau et le positif dans chaque journée. 

Le bilan de la semaine:

- La situation n'est pas idéale mais ça se passe plutôt bien. 

- Les enseignants donnent moins de devoir. « On dirait qu'ils ont pitié de nous ».

- Je développe d'incroyables aptitudes de « cheerleader » pour encourager ma fille à garder sa motivation dans la réalisation de ses travaux. (Au moins, cela génère d'innombrables fous rires dont on se souviendra longtemps!)

- Espérons quand même que cela ne durera pendant pendant toute l'année scolaire. Le volet social est tellement important pour les jeunes.

C'est parti pour une autre semaine!

P.S. Le titre de ce blogue fait référence à l'habillement coutumier de ma fille lors de ses journées de classe à la maison : un bas de pyjama et un chandail assorti rappelant la magnifique fourrure d'un yéti. Un jour, elle m'autorisera peut-être à la prendre en photo dans cette tenue.

mardi 3 novembre 2020

Un jour sur deux

 


Une nouvelle (télé)réalité débute cette semaine chez moi. Ma fille est en 3e secondaire. Nous habitons en zone rouge. Elle se rend donc à l'école une journée sur deux, l'autre journée, elle « fréquente » l'école à partir de la maison. La mesure est prévue jusqu'au 23 novembre. Soyons donc optimiste en nous disant qu'elle est temporaire, pour quelques semaines seulement.

Déjà, en apprenant la nouvelle, j'ai eu plusieurs « flashback » du printemps dernier, alors que l'école de la mi-mai à la fin juin a été complètement en ligne, sans évaluation. Des « flashbacks » pas toujours agréables, même si quelques jolis souvenirs perdureront. 

Pour les jeunes, habitués à l'encadrement strict de l'école, guidés (pour ne pas dire conditionnés) par le son des cloches qui annoncent chaque moment de la journée (rentrée, récré, dîner, etc.), ce n'est pas naturel de regarder l'heure et de savoir quand se brancher pour le prochain Zoom.

Surtout, ce n'est pas naturel de devoir faire preuve d'initiative et de compléter des travaux seuls, sans être captif d'une salle de classe. Oui, il y a bien les devoirs, mais ça, c'est le soir, sur le coin de la table de la cuisine. Là, c'est une autre « game ». 

Bref, le dernier mois de l'année scolaire 2019-2020, je l'ai passé à guider ma fille dans ce qu'elle devait faire, à l'aider à terminer ses travaux, à surveiller pour m'assurer que tout était fait. À jouer le chien de garde.

J'ai les capacités pour le faire, les connaissances (même si je ne la suis à peu près déjà plus en mathématiques), l'intérêt et surtout la disponibilité. Et elle est enfant unique.

Je n'ose même pas imaginer le défi que cela représente dans les familles plus nombreuses, où les parents sont moins disposés à aider et à accompagner, où le matériel informatique manque, avec des enfants du primaire qui ont besoin de plus d'encadrement à la maison, etc.

Donc, j'avais une certaine appréhension face à cette nouvelle perspective de l'école à la maison. De un, impossible d'avoir une routine pour les jeunes. Une journée, tu te lèves tôt, le lendemain, tu te lèves 30 minutes (sic) avant ton premier cours, et ainsi de suite. De deux, les enseignants ne peuvent faire plus de 45 minutes de vidéoconférence (sur des périodes de 75 minutes). Théoriquement, ils doivent donner 30 minutes de travaux à terminer. De trois, ils rebrassent leur planification et déplacent des examens pour que ceux-ci puissent se tenir les journées de présence à l'école. L'enjeu de l'évaluation à l'ère numérique, on pourra en reparler.

Je me dis que je dois aborder la situation avec zénitude. Et j'ai décidé de partager l'aventure ici (de mon point de vue de parents seulement). Nous sommes plusieurs à être dans le même bateau après tout, aussi bien partager nos expériences et s'entraider.

Première journée hier: 

1- 45 minutes d'espagnol, suivi d'une longue pause sur les réseaux sociaux jusqu'à la deuxième période, car aucun travail à compléter.

2- 45 minutes d'histoire (problème de stabilité du réseau parce que j'étais en vidéoconférence en même temps que ma fille), suivi de 30 minutes de travaux (que j'ai fait avec ma fille, après qu'elle ait annoncé qu'elle ne les ferait pas. Moi, je l'aime bien Samuel de Champlain!)

3- Déclaration choc, suivi d'un long soupir: « Je n'aime pas les Zoom. » avant le cours de sciences. Un autre 45 minutes (re: problème de réseau) suivi d'un travail. (que ma fille a fait seule; les sciences, c'est plus sa tasse de thé que l'histoire)

4- 45 minutes d'anglais pour terminer la journée, suivi de la lecture d'un texte et recherche de définition de mots dans le dictionnaire, euh Google. J'ai donc participé à la recherche étant donné que j'étais déjà sur l'ordinateur en télétravail.

Également, je dois préciser que j'habite en face de l'école de ma fille. Pendant les périodes de pause, elle est donc sortie (masquée) pour aller voir ses amis dans la cour. Pour sa part, c'est le côté social de l'école qui lui manque le plus. La motivation, elle n'en a pas tant, mais je réussis à compenser en faisant la « cheerleader ».

Bilan de la journée: 

Patience et accompagnement sont les mots d'ordre pour moi. Je me dis qu'il faut traverser cette période sans trop d'écueil mais que ce ne sera pas simple. Si je dois sacrifier un peu de ma productivité au travail pour faire en sorte que ma fille persévère, je suis prête à le faire. Je me dis que plusieurs jeunes seront laissés à eux-mêmes les journées d'école à la maison (sans mauvaise volonté des parents). Je me dis que ça représente un méchant défi pour tout le monde. J'essaie de ne pas penser aux conséquences, mais je me dis aussi qu'il ne faut pas trop se mettre de pression sur les épaules.

Suite

Je vais continuer de documenter mon « expérience » dans les prochains jours/semaines. 

Parallèlement, la vie m'a ramené sur le chemin de l'École branchée où j'ai déjà passé une partie de ma carrière professionnelle. C'est avec joie que je retrouve l'équipe pour mener à bien un nouveau projet, tout à fait en lien avec ce que je viens de vous raconter. 

Comme moi, plusieurs parents accompagnent présentement leur.s enfants. dans l'apprentissage à distance. Cette responsabilité s'ajoutent à leur rôle de parent. Qu'est-ce qui les préoccupent? De quelles ressources ont-ils besoin? Ce serait bien si on pouvait partager ce moment de grands défis ensemble. 

Ainsi, je collabore avec l'École branchée pour réaliser, dans un premier temps, un sondage auprès des parents québécois. Les résultats du sondage serviront à alimenter le contenu d'un numéro spécial du magazine qui sera préparé spécifiquement à l'intention des parents. Normalement, le public de l'École branchée, ce sont les enseignants. En ce moment, nous voulons aussi rejoindre les parents. Mon expérience personnelle pourra alimenter la production du magazine, mais j'ai surtout besoin de vous entendre sur le sujet. Je ne suis sûrement pas la seule à me sentir parfois démunie et impuissante face à la situation. Soyons solidaires!