mardi 22 mars 2022

Connaître et reconnaître 3 ans de pratique ADN

 


Le Réseau des agents de développement culturel numérique (ADN) souligne ces jours-ci son troisième anniversaire. Trois ans à construire ce nouveau rôle dans les organismes du secteur culturel et des communications. Trois ans à mettre en place des projets en concertation, en collaboration. Trois ans de réseautage et de partage. En présence et beaucoup en virtuel, parce que les agents sont éparpillés sur le territoire québécois et que la période de « non-déplacement », comme le dit Sarah de la SODEC, a apporté des contraintes.

Une bonne nouvelle a été annoncée dans la discrétion en fin de semaine dernière. Le soutien financier au Réseau des ADN par le ministère de la Culture et des Communications du Québec est renouvelé jusqu'en 2024. L'aventure de la communauté de pratique se poursuivra donc.

Le « timing » était très bon puisque je préparais, avec ma collègue Annie Chénier, la 8e Rencontre nationale (RN) du Réseau. Tout comme à l'automne lors de la 7e Rencontre nationale, l'événement se tient en virtuel. On aurait préféré se voir en chair et en os, mais la richesse des partages compensera. Le coup d'envoi a été donné ce matin avec la tenue du premier atelier.

Avant de parler du contenu de ce matin, je tiens à souligner que :

- la programmation est disponible sur le Wiki des ADN et ajustée au fur et à mesure qu'elle se construit (vive l'agilité du numérique participatif!);

- en plus des ADN et de leurs gestionnaires, les membres des équipes de travail des organismes étaient invités pour la toute première fois à participer à une Rencontre nationale du Réseau (vive l'ouverture et la diffusion!);

- l'ensemble de la programmation et de l'organisation de cette 8e RN s'inscrit directement dans la mise en application de la Stratégie de transfert de connaissances du Réseau sur laquelle je travaille depuis l'été dernier (vive les communautés de pratique émergentes!).

Faire connaître des réalisations ADN

La 8e RN s'est donc ouverte ce matin avec une succession de mini-conférences de 10 minutes. Six ADN avaient répondu à mon appel et accepté de présenter un projet porteur, réalisé dans leur organisation, au cours des trois dernières années. Elles ont offert des partages généreux, transparents et emprunt de réalisme. Je les en remercie. 

Les enregistrements de chaque conférence seront rendus disponibles sur le Wiki des ADN dans les prochaines semaines. Je me suis aussi engagée à produire un compte-rendu écrit pour chacune. Je vous dévoile quand même un petit aperçu tout de suite.

Gisèle Henne de Culture Laurentides a présenté la première édition de La brigade numérique, un nouveau service visant à rehausser la littératie numérique sur le territoire couvert par son organisme. Alors que le service d'accompagnement personnalisé a été un succès et qu'une nouvelle communauté Slack a vu le jour, la plateforme d'autoformation mise en place n'a pas attiré les foules. Comme quoi, il n'y a rien comme un soutien individualisé. Oui, parfois, cela demande plus d'efforts mais les résultats sont décuplés.

Bianca Cadieux d'Action patrimoine a présenté une vaste démarche visant à dresser un état des lieux sur les données du patrimoine bâti au Québec. Celle-ci aura permis de sensibiliser des agents culturels et de développement des MRC et municipalités du Québec sur les bonnes pratiques en matière d'utilisation des données à l'interne, de diffusion à l'externe et de mise en valeur numérique des inventaires. Elle a déjà documenté la phase 1 et la phase 2 sur le site de son organisation. J'ai hâte de découvrir la phase 3! (Ajout du 29 mars : le texte qui présente la phase 3 est maintenant disponible.)

Sarah Shoucri, attitrée aux dossiers internationaux à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), a présenté trois projets numériques visant à soutenir le développement international d'entreprises culturelles québécoises pendant la période de « non-déplacement » vécue depuis mars 2020. Des projets qui ont mis en valeur le contact humain même si le tout se déroulait en mode virtuel et qui a permis de tisser des liens solides entre certains participants. Elle est convaincue que le contexte a favorisé la tenue de certaines rencontres, qui auraient été impossibles autrement. Je suis d'accord avec elle!

Caroline Marcel de Culture Saguenay-Lac-Saint-Jean a présenté l'évolution au fil des années de l'événement Numérique 02 porté par son organisation. L'événement de maillage régional a donné lieu à des rencontres intersectorielles qui n'auraient probablement pas eu lieu autrement, favorisant le mélange des genres sur un même territoire. L'an dernier, Numérique 02 s'est transformé en programme d'incubation virtuel et pourrait encore évoluer cette année, en s'intéressant aux saines habitudes de vie et au bien-être numérique. J'ai aimé entendre parler d'un événement qui se module selon les besoins de son milieu.

Claire Dumoulin de Conseil québécois du patrimoine vivant a présenté en primeur un aperçu de la stratégie numérique qu'elle prépare pour les membres de son organisation. Elle a fait la démonstration que la mise en place d'une stratégie numérique peut être un processus tout simple, sans prétention, que la stratégie peut se bâtir à partir d'observations et de discussions avec les équipes, le conseil d'administration et les membres. J'ai apprécié son partage authentique qui fait la démonstration que la transition numérique est à la portée de tous. Keep it simple, comme on dit!

Catherine Chagnon de Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches a présenté la démarche de renouvellement de la plateforme QuébecSpectacles, lancée en 2015. Connu comme un agrégateur de l'offre de spectacles à billetterie, la plateforme se voulait une action collective pour compléter la promotion effectuée par les organismes membres. La démarche de renouvellement technologique de la plateforme est devenue l'occasion d'élargir la portée des actions et d'autres disciplines artistiques s'ajouteront. Ainsi, bientôt, si vous consultez la fiche d'un spectacle, vous pourriez vous faire suggérer des livres, une pièce de théâtre ou autre production sur le même thème ou avec les mêmes artistes. Intéressant, non?

Après l'avant-midi, j'étais sous le charme. Imaginez, ce ne sont que six projets sur les centaines qui ont été mis en place dans les dernières années dans le Réseau ADN. On comprend vite sa pertinence.

Dans le sondage de satisfaction sur la rencontre, quelqu'un a écrit que les présentatrices étaient « engagées, motivées, brillantes et inspirantes ». Je partage cet avis. J'ajouterai que la concertation, la collaboration, le contact humain et les synergies sont au coeur des projets présentés et sont identifiés comme des conditions gagnantes.

La 8e Rencontre nationale se poursuivra le 30 mars avec un panel de discussion sur la pratique ADN, qui sera animé par Annie Chénier. On ne peut cacher que nous avons tiré quelques inspirations d'une récente causerie sur les communautés de pratique présentée par le Réseau d'enseignement francophone à distance (REFAD). C'est aussi ça la force des réseaux et du partage, quand tout s'entrecroise et se mélange.

À suivre...

lundi 7 mars 2022

(Ne pas) trouver les mots



Il y a quelques jours, j'ai écrit : « Ce qui se passe ces temps-ci dans notre monde est inquiétant, que ce soit ici ou ailleurs ». J'ai aussi écrit : « Nous ne sommes jamais très loin de la dérive et des extrêmes ». On dirait que cela fait une éternité.

Depuis, le monde tel que nous le connaissions a cessé d'exister. L'impensable est arrivé. Nous avons rêvé de paix, de justice, de fraternité et de solidarité pendant des décennies. Nous avons dit que nous ne voulions plus la guerre. Nous avons ignoré les signaux parce que nous voulions tellement croire que tout peut s'arranger par la négociation, le dialogue et les compromis.

Depuis, la triste réalité nous a rattrapé. L'Histoire se répète... encore.

Depuis, les mots me manquent. Comment trouver des mots pour nommer ce qu'on ne veut pas nommer? Comment trouver des mots pour expliquer l'inexplicable? 

« Le pire est à venir », « Des civils sont la cible des militaires », « Des centrales nucléaires sont sous haute surveillance », « Des écoles et des hôpitaux sont détruits par des missiles »... Les mots utilisés, je ne voudrais pas les lire ou les entendre. Ils me vont directement au coeur. Les images qui les accompagnent, je ne voudrais pas les voir. Elles me donnent envie de pleurer.

Mais, je tourne les pages du journal (oui, je reçois encore un journal papier chez moi à chaque jour). Je défile mon fil Twitter à la recherche des dernières nouvelles. Je regarde assidûment les bulletins de nouvelles à la télévision. Je vois, le lis, j'entends. J'ai des frissons. Je veux tout fermer mais je regarde quand même. J'ai besoin de savoir ce qui se passe à l'autre bout du monde, même si je me sens totalement impuissante, même si tout ça me dégoûte complètement.

Je ne sais plus si ce que je lis est vrai, si ce que je vois est réel. Est-ce que ce sera identifié comme faisant partie de la catégorie désinformation dans quelques minutes, heures, jours? Qui croire?

Je voudrais ignorer ce qui se passe à l'autre bout du monde, mais je n'y arrive pas. Faire comme si de rien n'était? Me dire que, de toute façon, je n'y peux rien?

Moi, ça va. Je me fais une carapace (j'écris ça comme si c'était normal!). Mais quand ma fille me demande, inquiète, ce qui va se passer... ensuite, après... je ne sais pas. Je n'ai pas de réponse. Je lui dit qu'il faut garder confiance, qu'il faut avoir de l'espoir. Je cherche mes mots. Je lui dit de ne pas regarder mais je lui résume en gros les dernières nouvelles. Je ne fais pas exprès pour lui en parler, mais je réponds à ses questions. Elle a le droit de savoir aussi. Cela fait partie de notre monde. En plus, tout ceci survient juste au moment où elle étudie la Deuxième Guerre Mondiale dans son cours d'histoire. Impossible de ne pas voir les similitudes, de ne pas comparer, de ne pas craindre l'horreur la plus atroce.

Soudainement, le confort dans lequel nous vivons n'est plus tout à fait autant acquis qu'auparavant. TOUT peut arriver. Le bien comme le mal. Le meilleur comme le pire. On pensait avoir vécu l'impossible avec la pandémie. Et si... nous aussi... que ferions-nous?

Juste de l'écrire, ça me fait mal. Mais, en même temps, j'ai besoin de trouver des mots pour me sortir du malaise qui m'envahit depuis des jours. Je pense à ces gens, j'écoute les témoignages. J'ai mal.

Ce n'est pas fini, ça ne fait que commencer. La destruction, la misère...

Il est encore temps de se serrer les coudes, même si nous sommes épuisés des deux dernières années. 


En complément :