Car, loin de devenir moins nombreuses, les raisons qui peuvent justifier ce rendez-vous ne cessent d'augmenter. J'en vois à tous les jours dans les journaux, j'entends des aberrations à la radio et à la télévision pendant les bulletins de nouvelles. Aye aye aye, ça fait mal à toutes les fois!
Des parents qui ne peuvent organiser une corvée de peinture dans l'école de leurs enfants, des élèves en difficulté qui même une fois diagnostiqués n'ont pas accès à un accompagnement adéquat, des salles d'attente dans les hôpitaux qui sont bondées parce que les patients peinent à avoir accès à leur médecin de famille, un crucifix qu'on enlève puis remet parce qu'on ne sait pas faire la différence entre la religion et le patrimoine culturel, des remorques remplies de produits médicaux soit disant passés dates. Des exemples, il y en a à la tonne.
Le pire dans tout ça? On s'insurge pendant un jour ou deux dans les médias puis on passe au suivant. Sans avoir réglé quoi que ce soit. On ne prend pas les problèmes les uns après les autres pour leur trouver une solution. On fait juste les énumérer, les empiler et voir la grosse montage que ça crée en soupirant. On pose un regard sans agir. On patauge.
La semaine dernière, mon neveu de 20 ans, exilé en Colombie-Britannique depuis 2 ans, était de retour au Québec pour une semaine. C'est un jeune diplômé bilingue qui a trouvé un emploi à Victoria, qui s'informe et suit l'actualité, et il n'est pas prêt de revenir vivre au Québec. Après une semaine ici, la veille de son départ, il m'a dit : « Quebec is frozen in time ». Oui, le Québec est figé dans le temps. Il a passé la semaine à suivre l'actualité et à se dire « Quoi, ceci n'est pas réglé encore! Quoi, cela n'a pas changé! ».
Malheureusement, c'est ça qui est ça.
Comme l'a écrit Michel Hébert dans le Journal de Québec: C'est que personne ne veut donner d'ampleur à toutes les « niaiseries conventionnées » qu'on dénonce. Personne ne veut poser des questions sérieuses et forcer un véritable débat. Parce que ça voudrait aussi dire inciter à réfléchir. « On pourrait déboucher sur des conclusions embarrassantes pour les empâtés des pouvoirs publics ».
J'écrivais récemment sur les changements nécessaires pour que le Québec prenne le virage numérique une bonne fois pour toute. Je citais Stéphane Roche, vice-doyen à la recherche à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l'Université Laval qui disait: « la techno structure présentement en place dans les hautes instances a autant la capacité de faire avancer les choses que la force de maintenir le statu quo ». J'ai l'impression que c'est la même réalité dans toutes les sphères gouvernementales.
Pourtant, il faudra bien qu'un jour, quelqu'un ou quelque chose provoque une véritable remise en question pour que les changements se fassent.
« Quel politicien osera s'aventurer dans les dédales de l'État québécois pour tuer le monstre qui bouffe les contribuables? Qui mettra fin au gaspillage, au désordre et à l'impunité?
Qui renversera la vapeur pour mettre la machine à notre service? »
- Richard Martineau, Le Journal de QuébecJ'ai souvent l'impression qu'aucun politicien ne pourra vraiment changer quelque chose. J'ai souvent l'impression que le simple fait d'entrer dans la machine fait que tu te convertis à la machine, elle aspire tes idées et tu deviens un automate.
Comme dans l'émission de télévision, il faudrait presque pouvoir dire « on efface tout et on recommence »! Les changements nécessaires sont si nombreux qu'on ne peut plus « patcher » et modifier ce qui existe déjà. Cela prendra un changement radical dans les façons de faire. Qui prendra le « lead »?
Je reviens à M. Roche, mais il disait aussi que nous devons arrêter de nous soucier de mettre en place des processus d'adaptation. Pour le numérique, il demandait des « actions assez significatives, drastiques et rapides ». C'est pas mal ça que ça prend pour le reste.
Un exemple que je lance comme ça: quand on construit une nouvelle école, on devrait la construire sans aucune référence aux écoles déjà existantes. Arrêtons de nous référer au passé. Faisons simplement l'école d'aujourd'hui comme on pense que devrait être une école en 2017. Utopique?
À chaque vendredi, un petit groupe se réunit devant l'Assemblée nationale pour manger un sandwich et discuter. On aime bien croire qu'il est possible de changer le monde. J'y crois fortement.
Mais force est d'admettre qu'il est difficile de trouver de véritables propositions de gestes concrets que nous pouvons poser au quotidien, sans se lancer en politique et tout en respectant nos convictions et nos emplois du temps souvent chargés.
« Nous sommes toujours à la recherche de façons pour rendre plus concrètes les actions qui découlent des rendez-vous du vendredi - mais on a confiance que ça viendra, et qu'entre temps, il faut persévérer et maintenir la continuité des rencontres. »Oui, pendant ce temps, on continue de nourrir la démocratie... un sandwich à la fois!
- Clément Laberge
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