samedi 9 mai 2020

Cherchez le rayon de soleil



Ce soir, je relis le billet que j'ai écrit au début de la pandémie. Je me trouve tellement optimiste. Pas que je ne le sois plus. Ce billet ne fait que mettre en lumière toute la gamme des émotions par lesquelles je suis passée depuis bientôt deux mois (DEUX MOIS!).

Après ce premier billet, je m'étais dit que j'écrirais plus souvent. Puis, les jours ont passé et se sont enchaînés. Comme une suite de journées toutes pareilles. Comme une automate, je me suis mis au nouveau rythme et le temps a passé. Une semaine, deux semaines, trois semaines et ainsi de suite. Jusqu'à aujourd'hui.

J'ai vécu des journées de légèreté où je me sentais très bien. J'ai vécu des journées où je n'en pouvais plus d'être assise devant mon ordinateur de 9h à 17h, enchaînant les vidéoconférences les unes après les autres comme si c'était normal. J'ai vécu des journées de découragement total en voyant mon ado errer sans but dans la maison, se bornant à dire que l'école est optionnelle. Des journées d'inquiétude face au moral changeant et à la baisse de plusieurs proches.

J'ai pris des marches dans mon quartier en changeant de côté de rue quand je rencontrais quelqu'un. J'ai lavé mes mains avant et après être allée à l'épicerie. J'ai vécu la nouvelle façon de « scanner ses articles » et de les emballer à la pharmacie. J'ai vécu l'hésitation à toucher au dispositif pour mettre de l'essence dans ma voiture (un plein en 2 mois, pas mal).

La semaine dernière, je crois avoir atteint ma limite personnelle. On parle de plus en plus de surcharge cognitive et de fatigue mentale ou bien de « zoom fatigue », je peux témoigner que c'est bien vrai. Le télétravail est rempli d'avantages, mais les désavantages sont quand même là, surtout en ce moment. Et puis, en étant à la maison, les tâches quotidiennes deviennent omniprésentes. J'ai terminé la semaine complètement épuisée, sans énergie. J'avais déjà perdu le contrôle. Cette semaine, je me suis recentrée sur l'essentiel, j'ai revu mon horaire et la gestion de mon temps. Avec succès, heureusement.

Mais dans quel monde irréel vivons-nous maintenant?

J'ai cessé de regarder les statistiques sur les autres pays. Je me suis repliée dans la lecture de fiction plus légère et l'entraînement maison pour me changer les idées. Après avoir vu des projets se mettre en pause au boulot, j'ai vécu de la frustration. Puis, j'ai décidé de me concentrer sur le positif et ce qui avance. Il y en a quand même beaucoup. J'y reviendrai.

J'ai lu des tonnes de blagues sur la pandémie sur les médias sociaux. Au début, je riais aux éclats, puis je me suis mise à sourire et parfois, je me suis dit « ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle». N'empêche que l'humour aide à passer au travers et que ça aide à détendre l'atmosphère.

Car, c'est bien ça. La légèreté et les bonnes intentions du début ont fait place à des inquiétudes et des questionnements pour la suite. Le ton a changé. Notre attitude face à la situation a changé aussi. La normalité, plus personne n'y croit.

Nous avons été confiné. Nous avons (plus ou moins) réappris à vivre. Maintenant, nous avons peur d'être déconfiné, car nous avons perdu tous nos repères en société. Nous devrons revoir nos comportements, nous devons réfléchir avant de poser des gestes qui nous étaient tout à fait naturels auparavant. La spontanéité n'a plus de place.

Nous avons réappris à apprécier notre foyer. Une fois le grand ménage du printemps fait, les recettes de Ricardo testées, pour ceux qui en avaient le temps, que reste-t-il? Personnellement, j'ai trouvé le temps de participer à un concours de photos sur Instagram pour me sortir encore plus de ma zone de confort et me changer les idées. Oublier un peu la situation. Comme plusieurs, je tente de me créer une nouvelle vie et de me convaincre qu'on est bien ainsi.

J'ai toujours été plutôt du genre cocooning le soir et les fins de semaine. J'ai aussi besoin de moment seule avec moi-même. En contre-partie, j'ai toujours été entouré de gens dans ma vie professionnelle et j'ai toujours déclaré présente lors des événements sociaux importants. Je ressens de plus en plus cette coupure de mon réseau de contacts. Ce n'est pas si évident de maintenir le lien et les interactions en ce moment.

Cette semaine, j'ai fait un passage au bureau pour un après-midi. J'étais arrivé au point où je devais changer d'air. Je savais que le lieu était accessible et sécuritaire. Je n'ai jamais été aussi contente de parler quelques minutes avec le gardien de sécurité et le concierge! Pendant le trajet en voiture, le long du boulevard Champlain, j'avais presque l'impression de revivre et d'être dans une vie normale.

Il faut se le dire, nous sommes de plus en plus impatient face à la situation. Rester à la maison, c'est bien beau, mais ce n'est pas sensé être ça la vie. Nous sommes de plus en plus impatient de reprendre une sorte de vie sociale, hors écran. Pourtant, cela n'arrivera pas tout de suite. Ne nous faisons pas de cachettes. L'avenir est incertain et surtout inconnu.

Je vis dans une montagne russe.

Si en mars, nous voulions mettre des arc-en-ciel dans nos vies. Aujourd'hui, nous sommes rendus au point de simplement chercher un rayon de soleil. Tant pis pour les arc-en-ciel qui semblent inatteignables. Je crois que cela sera la clé pour la suite.

Soyons attentifs à nos états d'âme. Ne pas les garder en dedans. Il faut se rappeler qu'il vaut mieux transformer l'inconfort en opportunité. Chercher le positif dans les détails du quotidien. À la fin de la journée, prendre un temps d'arrêt pour relaxer, se demander ce qu'on a fait de bien dans la journée et ce qu'on voudrait améliorer pour demain.

S'accrocher à un rayon de soleil, c'est ce que nous pouvons faire de mieux pour le moment.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire