Il y a quelques jours, j'ai écrit : « Ce qui se passe ces temps-ci dans notre monde est inquiétant, que ce soit ici ou ailleurs ». J'ai aussi écrit : « Nous ne sommes jamais très loin de la dérive et des extrêmes ». On dirait que cela fait une éternité.
Depuis, le monde tel que nous le connaissions a cessé d'exister. L'impensable est arrivé. Nous avons rêvé de paix, de justice, de fraternité et de solidarité pendant des décennies. Nous avons dit que nous ne voulions plus la guerre. Nous avons ignoré les signaux parce que nous voulions tellement croire que tout peut s'arranger par la négociation, le dialogue et les compromis.
Depuis, la triste réalité nous a rattrapé. L'Histoire se répète... encore.
Depuis, les mots me manquent. Comment trouver des mots pour nommer ce qu'on ne veut pas nommer? Comment trouver des mots pour expliquer l'inexplicable?
« Le pire est à venir », « Des civils sont la cible des militaires », « Des centrales nucléaires sont sous haute surveillance », « Des écoles et des hôpitaux sont détruits par des missiles »... Les mots utilisés, je ne voudrais pas les lire ou les entendre. Ils me vont directement au coeur. Les images qui les accompagnent, je ne voudrais pas les voir. Elles me donnent envie de pleurer.
Mais, je tourne les pages du journal (oui, je reçois encore un journal papier chez moi à chaque jour). Je défile mon fil Twitter à la recherche des dernières nouvelles. Je regarde assidûment les bulletins de nouvelles à la télévision. Je vois, le lis, j'entends. J'ai des frissons. Je veux tout fermer mais je regarde quand même. J'ai besoin de savoir ce qui se passe à l'autre bout du monde, même si je me sens totalement impuissante, même si tout ça me dégoûte complètement.
Je ne sais plus si ce que je lis est vrai, si ce que je vois est réel. Est-ce que ce sera identifié comme faisant partie de la catégorie désinformation dans quelques minutes, heures, jours? Qui croire?
Je voudrais ignorer ce qui se passe à l'autre bout du monde, mais je n'y arrive pas. Faire comme si de rien n'était? Me dire que, de toute façon, je n'y peux rien?
Moi, ça va. Je me fais une carapace (j'écris ça comme si c'était normal!). Mais quand ma fille me demande, inquiète, ce qui va se passer... ensuite, après... je ne sais pas. Je n'ai pas de réponse. Je lui dit qu'il faut garder confiance, qu'il faut avoir de l'espoir. Je cherche mes mots. Je lui dit de ne pas regarder mais je lui résume en gros les dernières nouvelles. Je ne fais pas exprès pour lui en parler, mais je réponds à ses questions. Elle a le droit de savoir aussi. Cela fait partie de notre monde. En plus, tout ceci survient juste au moment où elle étudie la Deuxième Guerre Mondiale dans son cours d'histoire. Impossible de ne pas voir les similitudes, de ne pas comparer, de ne pas craindre l'horreur la plus atroce.
Soudainement, le confort dans lequel nous vivons n'est plus tout à fait autant acquis qu'auparavant. TOUT peut arriver. Le bien comme le mal. Le meilleur comme le pire. On pensait avoir vécu l'impossible avec la pandémie. Et si... nous aussi... que ferions-nous?
Juste de l'écrire, ça me fait mal. Mais, en même temps, j'ai besoin de trouver des mots pour me sortir du malaise qui m'envahit depuis des jours. Je pense à ces gens, j'écoute les témoignages. J'ai mal.
Ce n'est pas fini, ça ne fait que commencer. La destruction, la misère...
Il est encore temps de se serrer les coudes, même si nous sommes épuisés des deux dernières années.
En complément :
- Ma modeste contribution avec l'École branchée : Guerre en Ukraine : des sources d’information fiables pour rejoindre vos élèves là où ils sont (incluant TikTok!)
- La contribution de mes collègues de SCOOP! : Que se passe-t-il en Ukraine?
- Un excellent texte de La Conversation : Réfugiés ukrainiens : l'urgence de scolariser les enfants
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