Le ministère de l’Éducation a récemment publié sa Politique de la réussite éducative. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il s’agit de la toute première politique du genre à être publié au Québec. Celle-ci a comme ambition de donner une vision claire pour orienter l’avenir de l’école québécoise. Si l’on veut que l’éducation devienne une véritable priorité, on peut dire « il était temps »!
Dès que j’ai su que la Politique avait été rendue publique, je me suis précipitée sur le site du ministère de l’Éducation afin de la regarder en diagonale. Celle-ci comporte une foule d’idées en lien avec pratiquement tous les sujets relevant du milieu scolaire: reconnaissance des enseignants, modes de financement, services aux élèves, maîtrise de la langue, etc.
Plein de bonnes intentions, y’a pas à dire, le ministère n’est pas contre la vertu! Il faudra seulement que des gestes soient posés pour que cette vertu se concrétise. Le plus tôt sera le mieux. Mais au moins, le ministre a publié cette ligne directrice à suivre. On est sur la bonne voie.
Le numérique dans tout ça
En 2017, une telle politique ne pourrait être complète sans mention du numérique. C’est donc ce que j’ai d’abord cherché dans le contenu (petit biais personnel et professionnel aussi, j’en conviens!).
Voici ce que j’ai trouvé
Quelques paragraphes sont consacrés à «L’évolution de l’école dans un monde numérique ». Aucune révélation à y trouver, mais quand même quelques passages intéressants qui viennent marteler l’importance d’une transformation numérique de l’école.
Le numérique change « toutes les sphères de l’activité humaine » et ouvre « un vaste champ de possibilités pour l’élève et le personnel enseignant, mais exigent d’eux l’acquisition et la maîtrise de nouvelles compétences propres à leur utilisation dans un contexte éducatif ».
Ma phrase préférée est la suivante: « Elle [l’école] doit autant former au numérique que par le numérique ». Suivi de « Le numérique est une des clés de la réussite éducative que nos écoles devront apprendre à utiliser ou continuer de développer ».
Au-delà de ces mots, qui sont pour moi une évidence, il y a urgence d’agir et cela ne transparaît malheureusement pas dans les termes employés.
Parmi les orientations principales de la Politique
- Orientation 2.2: Mieux intégrer les compétences du 21e siècle et les possibilités du numérique
- Sa présence [du numérique] dans toutes les sphères de l’activité humaine fait en sorte que la capacité d’une personne à l’utiliser de façon autonome et créative est devenue une compétence indispensable, qu’elle aura à maintenir et à rehausser tout au long de sa vie.
- Le numérique est déjà à l’œuvre dans la transformation de l’école; il reste à poursuivre son déploiement de façon équitable et à mieux exploiter son potentiel pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage.
- Orientation 6.1: Assurer l’accès à des ressources éducatives et pédagogiques de qualité et à des infrastructures technologiques en permettant une utilisation optimale du numérique
- Cette orientation est très peu détaillée mais on y lit un appel pour « un accès non restrictif à des ressources de qualité » et un branchement à Internet plus équitable à la grandeur du territoire.
À travers les paragraphes consacrés à ces deux orientations, on peut lire des mots comme « lorsque cela est possible », « requiert d’abord », « n’est cependant possible que par »…
Bref, on fait preuve de prudence, encore, on est conscient qu’il y a encore beaucoup (trop) d’obstacles au bon déploiement du numérique à l’école, qu’il existe de grandes différences d’une région à l’autre en matière d’accès aux ressources ou au simple réseau internet... et on répète beaucoup de choses qu’on savait déjà et on ne va toujours pas plus loin…
On pose particulièrement le danger d’inégalité sociale pour ceux qui ne maîtriseront pas le numérique dans les prochaines années et pour ceux qui n’y ont toujours pas accès adéquatement, mais que fera-t-on pour accélérer le changement?
Au moins, maintenant, la Politique est publiée, mais alors, « what’s next » ?
Un plan d’action devrait voir le jour dans les prochains mois au sujet du numérique en éducation. C’est ce Plan d’action qui viendra positionner davantage les intentions du ministère de faire bouger les choses (ou pas). Une chose est certaine, cela prendra un solide coup de barre. On sent déjà que le ministre a envie que les choses changent. Gardons espoir!
Ça fait presque 15 ans que je côtoie le monde numérique scolaire de façon plus ou moins intensive. Je sais qu’il se passe déjà tellement de beaux projets, mais la volonté numérique est si inégale que les bons coups demeurent des exceptions ou des exemples à ne pas trop divulguer pour ne pas déranger ceux qui dorment encore. Il est juste temps pour ça change pour que les jeunes d’ici soient bien formés au monde d’aujourd’hui (même pas de demain, juste d'aujourd’hui!).
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