Depuis quelques jours, j'ai l'impression d'être dans une sorte de « no man's land », entre deux mondes, en flottement. Et puis, j'ai vu passer, probablement comme plusieurs d'entre vous, cet article qui parlait du nouveau terme à la mode: la langueur.
C'est l'émotion dominante depuis le début de l'année. C'est « un état de fatigue, de lassitude, un manque de motivation et de concentration ». On vit dans l'attente que « ça finisse ». On n'ose plus faire de projets à moyen et long terme. On ne sait pas ce qui nous attend demain même si ce sera probablement la même chose qu'aujourd'hui. En fait, contrairement au dicton, les journées se suivent... et se ressemblent toutes.
Personnellement, c'est comme si j'étais sur une sorte de « pilote automatique ». J'ai arrêté de penser à demain tout simplement. Je me lève, je travaille, j'accompagne ma fille dans ses apprentissages à distance, je jase avec mon chum, j'appelle ma mère, je vais prendre une marche... C'est comme si j'avais oublié que la vie, ça pouvait être autre chose que ça.
Ça pouvait aussi être de prendre une pause de l'ordinateur, aller marcher au bord du fleuve, aller passer un après-midi à magasiner à Place Laurier, aller voir la dernière exposition au Musée, manger au restaurant, prendre une bière dans une microbrasserie, (enfin) aller voir La déesse des mouches à feu au cinéma et quoi d'autres encore. Il y a tant de choses qui commencent à nous manquer, plus fort que d'habitude.
C'est comme si j'étais enfermée dans une sorte de monde parallèle où tout semble désormais irréel. Plus capable d'en sortir. Mais je n'arrête pas de me répéter qu'il faut garder le moral, que « ça achève ». Je dois me convaincre que « ça finira pour vrai un jour ».
Et là, je pèse sur « Pause ». La langueur m'a gagné depuis quelques jours mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de « beau » autour de moi. Depuis un an, je répète à tout le monde qu'il y a quelque chose de beau dans chaque journée. Ça devient peut-être plus difficile de le trouver, mais il est là quand même.
Alors, je pèse sur « Pause ». Je prends un temps d'arrêt pour regarder derrière moi, jeter un regard sur ce que j'ai accompli au cours des derniers mois. Je prends le temps de réaliser qu'il y a bien du positif pour moi professionnellement et personnellement. Ces mois n'auront pas été vainc.
Je suis retournée à l'Université. Ça faisait longtemps que je voulais m'inscrire à une nouvelle formation. J'ai trouvé le DESS en gestion des affaires numériques à l'Université Laval. J'ai fait la demande et j'ai été accepté (le contraire m'aurait surprise, mettons!).
Je viens de terminer le cours sur les systèmes d'information. Je commence le cours sur les technologies futures en affaires. Un cours par session, c'est réaliste pour moi. Je le fais pour moi, parce que j'ai toujours aimé apprendre. Parce que j'ai un bacc en communication mais que le numérique fait partie de ma vie. Je le fais pour montrer à ma fille qu'on n'a jamais fini d'apprendre dans la vie.
J'ai coordonné la réalisation d'un numéro spécial du magazine École branchée, destiné aux parents. Ce fût un retour à l'édition pour moi. Un véritable projet coup de coeur, centré sur le bien-être des familles en cette période trouble. Je l'ai voulu utile pour les parents. J'ai voulu qu'ils y trouvent une source de réconfort pour passer à travers la tempête. Des auteurs extraordinaires ont contribué à ce magazine.
Je n'ai jamais perdu de vue ce message que je voulais transmettre tout au long de la production : « L'usage accru du numérique suscite bien des inquiétudes, mais offre certainement
la possibilité de développer de nombreuses habiletés et compétences.
L'enseignement à distance devient source de stress, mais représente aussi
l'occasion de revenir à l'essentiel dans les relations enfants-enseignants, parents-
enfants, parents-enseignants. »
Justement, pour moi, l'enseignement à distance m'a permis de « booster » ma relation avec ma fille. Oui, je ne suis pas autant productive quand elle est là. Mais, que ces moments passés avec elle me sont chers. Nos fous rires sont devenus mémorables. Notre complicité me rend fière. Et puis, ma présence l'aide grandement à garder sa motivation à l'école. Je fais le choix de la placer en priorité. Après un mois d'enseignement à distance, le moral de certains élèves doit être au plus bas. Ça, ça m'inquiète.
J'ai aussi coordonné la réalisation d'une première série de balado, avec l'équipe du service national du RÉCIT, domaine du développement de la personne (le RÉCTI DP, pour les intimes!). Le balado Les Temps modernes vise à prendre le temps de discuter sur des enjeux autour de l'univers du numérique (équilibre, temps d'écran, droit à la déconnexion, multitâche, jeux vidéo). Un autre sujet que j'ai grandement à coeur. L'éducation à la citoyenneté à l'ère du numérique devient un thème central dans notre société.
Ici encore, j'ai collaboré avec des gens extraordinaires et généreux qui ont accepté de participer aux épisodes. Je suis sortie de ma zone de confort en animant deux épisodes. J'ai apprivoisé le balado comme médium. Pour une fille de l'écrit comme moi, ce fût formateur.
Je regarde derrière et je vois d'autres « beaux », comme l'événement Initiatives numériques gouvernementales de la Semaine numériQC. Et comme l'équipe a travaillé fort pour rendre l'événement complet de la Semaine numériQC accessible en ligne!
Je regarde devant moi maintenant et je vois de l'espoir. Les projets emballants se poursuivent avec l'École branchée et le RÉCIT DP, avec d'autres à venir aussi. Je me répète que cette pandémie ne va pas tuer ma passion pour faire vivre le numérique, ma passion pour l'écriture, les communications. Elle ne va pas tuer le plaisir que j'ai à côtoyer des gens de tous les horizons, mon désir de contribuer à la société.
Il faut que je combatte cette langueur parce que le « beau » est toujours là. Il faut que je m'arrête un peu plus souvent.
Cette semaine, j'ai participé à plusieurs conférences dans le cadre du Sommet du numérique en éducation. Je retiens deux citations qui m'ont fait du bien.
« Le monde dit normal que nous connaissions était la somme de nos décisions du passé. Nous avons la chance aujourd'hui de créer une nouvelle normalité selon nos désirs et à notre image. Nous ne pouvons pas passer à côté de cette opportunité. »
« Dans les cours de secourisme, on nous répète qu'il faut prendre soin de soi avant de prendre soin des autres (ex. mettre son masque à oxygène en premier en avion). Car si on est mal en point, on ne pourra pas aider les autres. C'est d'autant plus vrai en ce moment. »
Alors, je m'en vais relaxer et prenez soin de vous!
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