dimanche 4 avril 2021

Les écoles ne sont pas fermées.

 

J'avais commencé à écrire un billet pour souligner la fin du 1 jour sur 2 à l'école. Je ne l'avais pas terminé, à peine commencer même. Je pense que, dans le fond de moi, quelque chose me disait que c'était prématuré, que le vent allait tourner dans l'autre sens.

Depuis le retour du congé des Fêtes, ça allait bien. On continuait notre routine. Ma fille s'était fait à l'idée que le « 1 jour sur 2 » allait continuer jusqu'à la fin de l'année scolaire. L'enseignement et les évaluations allaient bien, autant à distance qu'en présence. Je sais que je suis quand même privilégiée: milieu scolaire pro actif et progéniture qui réussit facilement et s'adapte à tout. 

Puis, il y a eu une lueur d'espoir. Même si ma fille me disait tout le temps: « c'est correct, je suis bien comme ça », quand je lui ai annoncé qu'elle allait retourner à l'école à temps plein avec tous les jeunes de 3e secondaire, j'ai vu son regard s'illuminer. 

Et à son retour, après la première journée avec tout le monde, elle m'a juste dit :« Ça fait du bien! ». J'ai senti que c'était comme une renaissance pour elle. 

En même temps, c'était une nouvelle routine à laquelle s'habituer. Il ne faut pas se le cacher, une journée en classe, c'est plus fatiguant qu'une journée d'école à la maison. Pour les jeunes, chaque période de transition est susceptible de créer une rupture. J'aurai aimé que les enseignants prennent le temps de demander: « Comment ça va? », « Qu'est-ce que ça vous fait de revenir à l'école à temps plein? », « Y a-t-il des choses que vous avez aimé de l'enseignement à distance qu'on devrait garder pour le reste de l'année? ». Honnêtement, je ne sais pas si ça a été fait, dans mon milieu ou dans les autres. 

Il y a longtemps qu'on devrait avoir compris que l'école, ce n'est pas juste courir pour supposément rattraper les retards et passer le programme, surtout depuis un an. L'école, c'est un lieu de vie et de bien-être, une bouffée d'air et l'espace de socialisation par excellence pour les jeunes. 

Quoi qu'il en soit, ce retour en classe à temps plein était synonyme d'espoir. Il y avait même le cheerleading qui était sur le point de recommencer, en groupe restreint, mais quand même. Je sais que le personnel de l'école travaillait fort pour rendre le tout possible. En plus, le printemps arrive, les journées allongent, on a rangé les vêtements d'hiver. Mes parents ont pris leur rendez-vous pour aller se faire vacciner. Ma fille s'est même trouvé un emploi dans un restaurant. La vie semblait plus douce.

Il y avait juste moi qui trouvait la maison bien vide, une journée sur deux, tellement habituée depuis 5 mois à avoir mon ado avec moi (Je sais, je suis un peu bizarre). 

Et puis, le ciel nous est encore tombé sur la tête. On s'est senti comme si on retournait à la case Départ d'un mauvais jeu de société. Paraît que c'est pour dix jours, mais... C'est un autre bouleversement pour les jeunes. Alors qu'ils suivront leurs cours en ligne cette semaine, ils ne pourront s'empêcher de se demander si ça va continuer comme ça dans les semaines à venir. Alors qu'ils sont dans le dernier droit de l'année scolaire, dans l'étape qui va compter le plus à la fin de l'année, ils ne seront pas pleinement concentrés.

Moi, je fais comme si tout allait bien. Je me dis que ce n'est pas grave si je dois rester à la maison, ne pas voir mes amis, limiter mes déplacements, etc. Je me dis que l'important, c'est que ma fille puisse avoir une vie un peu décente. Je ne commencerai surtout à pas à critiquer les annonces gouvernementales. 

Il y a juste une chose qui me dérange. De grâce, arrêtez de dire que les écoles ferment quand la situation devient critique. Les écoles ne ferment pas, elles basculent en enseignement à distance. Les écoles sont encore ouvertes. Les enseignants sont accessibles. L'enseignement se poursuit.

Tout est une question de mots et de perception. Ce n'est pas anodin. Fermeture, ça laisse croire qu'il n'y aura pas d'enseignement ou que c'est moins important. Ce n'est pas vrai. L'école continue. Le lien doit être maintenu et c'est essentiel pour les jeunes. L'éducation est une priorité.

Un an après le début de la pandémie, on n'a plus le droit de dire que les écoles ferment quand elles basculent vers l'enseignement à distance. C'est sûr que ce n'est pas pareil comme être physiquement en classe. Mais il ne devrait plus y avoir d'excuse. Tout devrait être en place pour poursuivre l'enseignement et maintenir le lien. Même pour un élève qui s'absente pour des raisons médicales, même lors d'une journée de tempête. Les écoles ne devraient jamais être fermées. Aux yeux des élèves, ça démontrerait toute l'importance qu'on accorde à l'éducation.

Je sais que je vois un peu la vie en rose en écrivant cela, mais disons que c'est mon monde idéal à moi.

Maintenant, les paris sont ouverts sur le retour en classe et sous quelles conditions. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Au jour le jour. C'est comme si j'avais pris l'habitude de ne plus rien planifier. On verra. Demain est un autre jour. Je sais qu'on trouvera le moyen de passer au travers de tout ça, seul, ensemble et  collectivement. 

Pour les parents qui se sentent un peu dépassés par les événements, j'ai produit un numéro spécial du magazine École branchée avec une fabuleuse équipe. Il est gratuit en format numérique. Avec ce magazine, je voulais surtout rappeler qu'il faut prendre soin de soi avant toute chose. 

En ce moment, le bien-être est plus important que le reste. 

On garde espoir! 


Crédit photo: Geoffroy Delobel, Unsplash



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