Les derniers mois de 2022 m'en ont fourni quelques preuves. Des couples ont éclaté ou sont chambranlants, des jeunes connaissent des échecs scolaires jamais anticipés ou décrochent tout simplement, des consommateurs sont devenus plus compulsifs que jamais, la solitude et l'isolement se sont installés pour d'autres, des touts-petits ont des difficultés d'intégration en milieu de garde, etc.
La pandémie n'est surtout la cause de tous les maux, elle a cependant exacerbé des situations qui étaient latentes auparavant. Elle nous a mis en pleine face qu'on ne sait pas toujours bien gérer nos émotions et que, quand ça dérape mentalement, on perd rapidement le contrôle. Elle nous a mis en pleine face qu'on avance trop souvent dans nos sociétés de consommation sans se préoccuper de nos sentiments et de nos émotions. On n'a jamais appris à développer nos compétences sociales et émotionnelles. On improvise comme on peut et c'est très inégal d'une personne à l'autre.
Socialement, que pouvons-nous faire pour réparer ceux qui sont brisés? On n'a jamais autant parlé de santé mentale (pour éviter de parler de maladie, bien sûr), mais dans les faits, y a-t-il des actions concrètes qui sont posées? Avons-nous adapté nos façons de faire en conséquence?
La fatigue mentale qui s'était déjà installée au début de 2022 est toujours bien présente et c'est maintenant que l'on commence à saisir l'ampleur des dommages collatéraux. Arriverons-nous à ralentir pour prendre soin de nous?
Certains milieux de travail ont commencé à mettre en place des mesures, comme de permettre aux employés de poursuivre le télétravail qui facilite grandement la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Je pense aussi à des politiques de droit à la déconnexion, des plages-horaires où il est interdit de tenir des réunions (pour limiter le trop-plein de Zoom et se concentrer sur le travail), des moments de présence aux bureaux où on prend le temps de jaser sans pression d'accomplir les tâches habituelles.
Dans les milieux scolaires, je vois des enseignants et des gestionnaires scolaires qui sont plus conciliants, qui trouvent des manières d'évaluer autrement, d'enlever de la pression sur les jeunes. Ils ne nivellent pas par le bas, ils s'adaptent au contexte pour éviter les débordements émotionnels et favoriser la réussite malgré les bouleversements. Cependant, leur capacité d'action est limitée puisqu'ils doivent composer avec un système qui, lui, ne s'est pas du tout transformé en exemple de bienveillance (je ne reviendrai pas sur les fameux bulletins et leur pondération).
Je continue de croire que tous doivent tirer des apprentissages de ces années qui viennent de passer. La normalité ne sera plus jamais la même. La pandémie nous a transformés et nous devons en prendre conscience. Nous avons de nouveaux repères sociaux et personnels à se construire. Peut-être comprendrons-nous enfin qu'il faut ralentir, pour vrai.
Personnellement, voici ce que je retiens de 2022 :
- Ça vaut la peine de prendre un temps d'arrêt pour réfléchir à ce que l'on veut vraiment dans la vie (et arrêter d'être sur le pilote automatique).
- Plus que jamais, je dois prendre soin de moi avant de prendre soin des autres.
- Je dois réapprendre à trouver l'équilibre entre rester chez moi et sortir voir du monde.
En 2022, je m'étais donné l'objectif d'apprendre à mieux choisir ce à quoi je consacre mon temps. Je dois dire que j'ai plutôt bien réussi sur ce point (autant personnellement que professionnellement). Je demeure vigilante face à chaque proposition qui arrive à moi, mais je sais mieux ce que je veux et ne veux pas faire, où sont mes limites.
Je souhaitais aussi développer ma capacité à savoir m'arrêter et à prendre des pauses (non-forcées). Là, par contre, j'ai lamentablement échoué. Mon corps m'a parlé à quelques reprises et je n'ai pas su l'écouter (mais t'sé, il y a tant de choses à faire, de beaux projets à concrétiser!).
Cela m'a amené à comprendre que :
- C'est correct de ne pas laisser les notifications ouvertes en permanence et de ne pas répondre en direct à tous les messages qui entrent (désolée à tous ceux auxquels je ne répondrai pas instantanément prochainement!)
- Les listes ont un pouvoir inestimable (quand on sait faire preuve de discipline).
Ces deux trucs m'ont beaucoup aidé en fin d'année, surtout pour retrouver ma capacité de concentration qui semblait disparue à jamais.
Maintenant, pour être bienveillante envers moi-même, je ne formule pas de nouveaux souhaits pour 2023. J'ai seulement envie de continuer dans cette direction, faire en sorte que mes apprentissages de 2022 deviennent bien ancrés dans ma vie.
En terminant, pour garder des traces, voici un résumé de ma vie professionnelle en 2022 (puisque j'avais fait le résumé de 2021). Oui, ce fut encore une fois un feu roulant de collaborations toutes aussi motivantes les unes que les autres. Mais, oh que j'ai eu du plaisir à réaliser chaque projet et je remercie chaque personne que je croise sur ma route professionnelle.
Je retiens entre autres :
- Trois numéros réguliers du magazine École branchée (en français et en anglais) : La programmation information : Comment développer cette habileté?, Lumière sur la recherche : Quand le numérique soutient les pratiques éducatives, L'élève se dévoile à travers les traces d'apprentissage,
- La publication quasi quotidienne de nouvelles sur le site de l'École branchée et de dossiers thématiques au sujet tout aussi captivants les uns que les autres,
- Deux conférences sur l'importance du développement des compétences numériques (Comprendre et réparer la fracture numérique, Association Edteq et Parlez-vous « numérique », MTL Connecte), un sujet que j'ai tellement à coeur,
- L'organisation de la 8e Rencontre nationale du Réseau des agents de développement culturel numérique (ADN) avec ma complice Annie Chénier (que j'ai aussi accompagné dans la rédaction de billets pour souligner les 10 ans de son entreprise Cpour.ca),
- Une participation à un panel pour discuter du Wiki des ADN, mis en place dans le cadre de la Stratégie de transfert de connaissances du Réseau ADN,
- Des rédactions pour le Conseil de l'innovation du Québec, tout particulièrement dans le cadre du dévoilement de la Stratégie québécoise de recherche et d'investissement en innovation (SQRI) du gouvernement du Québec,
- Le déploiement du bulletin de veille 7 jours d'innovation et de son infolettre automatisée,
- La rédaction et le lancement du rapport Espace 4.0 : Les données spatiales et la commercialisation de leurs applications comme vecteur de développement économique stratégique pour le Québec pour Numana, jumelés à l'animation d'un panel de discussion sur le sujet lors de l'événement Humanitek,
- La conception (toujours en cours) d'une formation qui s'ajoutera au catalogue de l'Académie de la transformation numérique de l'Université Laval : Collaborer en présence et à distance : meilleures pratiques pour innover,
- Et je passe les collaborations moins visibles publiquement, mais tout aussi importantes (Allô Denis Martel et l'équipe de Petal), ainsi que les nouvelles collaborations qui ne font que débuter et qui se concrétiseront en 2023,
- Tout ceci est sans compter les heures d'implication comme administratrice de Québec numérique (42 Québec, Semaine numériQC, Web à Québec, etc), de la Corporation des Fêtes historiques de Québec (Fêtes de la Nouvelle-France) et de mon syndicat de copropriété (il ne faut pas que je l'oublie celui-là!).
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