Depuis quelques mois, cela fait quelques fois que j'entends parler du « plafond de papier ». J'aime bien cette expression. Elle est utilisée pour décrire le fait que certaines personnes ne peuvent pas accéder à des emplois parce qu'elles n'ont pas de diplôme (vous savez, le fameux papier?!). En brisant le « plafond de papier », il serait possible d'offrir un milieu du travail plus égalitaire et probablement plus représentatif des réelles compétences de certaines personnes.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas valoriser les études, loin de là. Mais je dis que, dans une société où l'apprentissage tout au long de la vie et où les formes d'acquisition de connaissances se multiplient, toutes sortes de modèles de dotation de poste pourraient et devraient coexister. Il est possible d'acquérir des compétences de diverses manières et surtout pas seulement à travers un parcours éducatif linéaire et traditionnel et ses compétences devraient pouvoir être reconnues d'une façon simple.
J'avais déjà réfléchi à la question. Je pourrais moi-même être victime de la contrainte du diplôme et même (encore pire) du mauvais diplôme. Je suis diplômée en communication publique, profil journalisme. Je n'ai jamais fait d'études en informatique, technologies, affaires numériques ou autres. Pourtant, je crois que je peux me qualifier d'experte de la transformation numérique et j'ai déjà occupé des postes en lien avec les compétences liées à ce titre. Malgré cela, dans certaines organisations, je ne pourrais pas occuper un poste dans une direction dédiée à la transformation numérique parce que je n'ai pas de « papier ». Pour pallier ce manque, je me suis inscrite au Diplôme d'études supérieures en gestion des affaires numériques. Ça avance au compte-goutte, car la motivation n'y est pas. J'ai l'impression que je pourrai donner la majorité des cours à la place des professeurs ou chargés de cours. Bref, je ne sais pas si je vais terminer cette formation. L'absence de diplôme ne m'empêche pas de progresser et de gagner ma vie. Cela peut être le contraire pour certaines personnes.
Il y a quelques mois, je suis tombée sur un texte de Chloé Freslon, publié dans la revue Gestion de HEC Montréal. Et c'est là que j'ai découvert l'expression qui est si juste. Elle présentait ce que je viens d'expliquer plus haut et donnait des exemples d'entreprises privées qui avaient choisi de ne plus exiger de diplôme pour des emplois qui en nécessitaient auparavant. Bravo!
Il y a quelques semaines, dans son bulletin de veille en innovation et économie, le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Environnement du Québec relayait une nouvelle qui avait pour titre Les États américains ouvrent leurs portes aux travailleurs sans diplôme. On apprend dans cet article que la Virgine est devenue récemment le 13e État à supprimer les exigences de diplôme pour les fonctions difficiles à pourvoir au sein de son gouvernement. Rebravo!
Dans le texte, on lit : « Le passage à l’embauche basée sur les compétences au lieu de l’embauche basée sur les diplômes n’est pas seulement une réforme sensée du secteur public pour trouver des travailleurs qualifiés dans un marché du travail tendu, il peut également débloquer la mobilité économique pour des millions de travailleurs qui ont été négligés pendant des décennies. »
Au gouvernement du Québec, des efforts ont été faits dans les dernières années pour simplifier les processus d'embauche, mais on semble encore loin de briser le plafond de papier, si j'en crois les discussions que j'ai avec des personnes évoluant dans la fonction publique québécoise. Parfois, l'État perd même d'excellents employés, déjà en poste et donc compétent, parce qu'ils ne peuvent plus faire avancer leur carrière. C'est déplorable.
Finalement, cette fin de semaine, ce texte de Christophe Charré, directeur de projets à l'Institut de la gouvernance numérique, publié sur LinkedIn. Il demande : « La suppression des exigences de diplôme est-elle un pas vers l'égalité des chances au travail? ». Son texte est en continuité directe avec ce que je mentionne ci-haut. Cela vaut absolument la peine d'aller lire les échanges sous la publication LinkedIn qu'il a fait pour promouvoir son texte.
Il présente des avantages au fait d'adopter une embauche basée sur les compétences, puis il présente le modèle de l'École 42 en France. Il aurait aussi pu parler du campus de 42 Québec, une franchise du modèle français qui a ouvert ses portes à Québec en mai 2021. (Ici, je dois préciser que j'ai largement contribué à la venue de ce campus dans la province (avec tout un groupe de personnes qui y croyaient très forts) et que je suis encore engagée dans le développement du lieu d'apprentissage.)Une chose est sûre, dans une société où l'apprentissage tout au long de la vie et où les formes d'acquisition de connaissances se multiplient, ce modèle éducatif alternatif a définitivement une place. Il répond aux besoins de personnes qui veulent se développer humainement et acquérir des compétences professionnelles, mais qui ne se retrouvent pas dans les modèles traditionnelles. Il représente une offre complémentaire qui permet à des personnes qui ne seraient pas retournées dans une « école » de le faire... avec succès. Elles n'ont pas le diplôme, mais elles ont certainement les compétences nécessaires pour occuper un emploi en informatique.
Le plafond de papier est-il fait de soie? Il devient plus facile à briser. Ça me semble une bonne chose pour accroître l'égalité des chances pour tous.
Bonus! Que faut-il pour entrer à 42?
Il faut réussir la Piscine!
Cette vidéo résume très bien la Piscine de 42 Paris et la façon dont le début de la formation se passe. Écoutez aussi des commentaires des participants de Piscine de Québec qui s'est terminé vendredi dernier.
@konbini On a suivi deux étudiants de l’École 42, une école de code gratuite. Ici, pas de profs ni de cours mais des grosses journées pendant 1 mois pour espérer rentrer dans cet établissement hors du commun par un concours qu'on appelle "la piscine". #apprendresurtiktok #ecole #ecole42 #code #lapiscine #informatique ♬ son original - Konbini
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