J'avais le livre de Véronique Boisjoly dans ma liste de livres à lire. En rapportant un autre livre à la bibliothèque municipale, je suis tombée face à face avec Multi sur la table des nouveautés. Je l'ai ramené chez moi et j'ai commencé à lire.
Sans surprise, il n'y a aucun doute que je m'identifie à cette catégorie de personnes et cela ressort encore plus depuis que je suis devenue travailleuse autonome il y a trois ans. D'ailleurs, Véronique, je sais que tu m'avais sollicitée pour répondre au questionnaire qui a servi à ta collecte d'information initiale, mais je n'avais pas réussi à le prioriser dans mon emploi du temps. Tu auras quand même réussi à trouver plusieurs de nos semblables pour alimenter ton livre qui est si pertinent. ;)
Dans les premiers chapitres, l'auteure explique les différents types de personnes multis. Malgré les traits communs (grande capacité d'adaptation, vue systémique, capacité à faire des liens, esprit de synthèse, rapidité d'apprentissage, curiosité intellectuelle, intérêts variés), il ne s'agit pas d'un bloc homogène. Elle invite plus particulièrement les multis à se définir à partir des catégories énoncées. J'ai joué le jeu et voici le résultat.
Ainsi, je suis une multi en simultané qui mène plusieurs projets en même temps. Et dans cette catégorie, je suis une « tourneuse d'assiette », c'est-à-dire que je peux maintenir plusieurs intérêts en simultané. Mon « jeu de cartes », tel que présenté par l'auteure, seraient composées des cartes : multi projet (la nouveauté, les débuts et les fins, les priorités brûlantes), multi passion (diversité de sujets) et multi perspective (faire des liens, synthétiser des idées).
Cela concorde avec mon choix de carrière en journalisme. J'ai toujours dit : « J'aime le journalisme parce que cela me permet d'écrire sur toutes sortes de sujets différents, de découvrir des gens de tout horizon, d'en apprendre un peu plus sur des sujets qui m'étaient jusqu'alors inconnus ». Chaque article, chaque dossier représente un projet en soi. Et même à l'époque de mes études, mes professeurs reconnaissaient ma capacité de vulgarisation et mon aptitude à faire des liens entre des sujets complètement différents.
C'est par le biais du journalisme que j'en suis venu à m'intéresser aux technologies (devenu le numérique au fil des ans), ce qui est devenue une sorte de spécialisation pour moi (tout en demeurant un sujet très vaste et infini, qui me permet de naviguer d'un mandat à l'autre sans problème, et ce dans plusieurs secteurs d'activités : éducation, culture, entrepreneuriat, etc.).
L'auteure amène ensuite les multis à « apprendre à se nommer ». Vous savez lorsqu'on vous demande : « qu'est-ce que tu fais dans la vie? » et que vous vous perdez dans une mer d'explication? L'exercice proposé est excellent. Je l'ai suivi en diagonale puisque j'avais déjà réalisé un exercice similaire au moment de créer le site Web de mon entreprise Scriba - Les mots décodés. (Plusieurs découvriront le site aujourd'hui, car je n'en ai jamais fait la promotion.)
L'exercice propose de rédiger sa « microhistoire ». En fait, il s'agit de nommer les dénominateurs communs de son parcours, ses actions, ses valeurs, ses forces, puis d'en faire une déclinaison en un paragraphe. Personnellement, c'est ce paragraphe que je modifie lorsque je dois envoyer ma biographie à des collaborateurs.
En gros, ça donne ceci et je trouve que ça me définit bien, même si ça ne dit pas tout ce que je fais :
« Martine est rédactrice et gestionnaire de projets d'éditions numériques. Pour elle, l'écriture est une véritable passion. Au fil de ses expériences, elle a développé une solide expertise en lien avec la transformation numérique dans divers secteurs d'activités (éducation, culture, administration publique, etc.). Elle maîtrise les subtilités de l'univers numérique, ses enjeux, ses possibilités et sait les vulgariser en deux clics de souris. Elle carbure au travail d'équipe, à la collaboration et à la réalisation de projets concrets. Pragmatique, dans les faits et l'action, elle aime avoir un impact dans la société et entrer en contact avec une multitude d'humains. »
En fonction du destinataire, je donne plus de précision sur une expérience ou une autre.
Plus loin dans le livre, ce passage m'a rejoint particulièrement :
« ... de notre point de vue de multi, la vie est trop courte pour laisser passer une chance. Chaque occasion d'explorer différents courants et de s'affranchir de nos rôles antérieurs peut s'avérer être une irrésistible promesse. En plus d'évaluer les risques, nous évaluons les possibilités, et l'équation donne souvent une somme positive qui nous encourage à faire ce saut. »
Avec le recul, je peux dire que mon parcours professionnel a pas mal été guidé par cet état d'esprit. Je n'ai jamais eu de plan précis sur la suite des choses. J'ai saisi les occasions au fur et à mesure qu'elles se présentaient à moi et ça m'a bien réussi jusqu'à maintenant.
Je retiens aussi ce passage :
« [Les multis] ont appris à tenir en équilibre et à avancer dans des contextes parfois hors normes, et ce, même si leur fil de fer prend des angles imprévus et s'étend rarement en ligne droite. Les personnes multis s'entrainent pour arriver de l'autre côté (de chaque aventure, projet, détour) en évitant de perdre pied. » Ceci est parfois à nos risques et périls, mais c'est si stimulant en même temps.
En lisant le livre, j'ai compris pourquoi les personnes qui ne sont pas dans ma tête peuvent en venir à me dire : « On te voit partout, mais on ne comprend pas trop tout ce que tu fais. » Le fil conducteur est dans ma tête, mais elles voient uniquement des extraits qui défilent sur les réseaux sociaux au gré de mes partages.
J'ai aussi pris un peu plus conscience du fait que les multis peuvent être déstabilisants pour les « non-multis » et j'ai gagné quelques trucs à appliquer au travail et dans ma vie personnelle!
En conclusion, l'auteure invite également les multis à se mettre en action pour mettre leurs aptitudes au service du monde et à « contribuer à repenser nos systèmes et à définir de nouveaux modèles de vie ». Pour ma part, j'ai fait de l'éducation mon champ de bataille dans l'objectif de promouvoir la diversité des parcours et les pratiques pédagogiques innovantes. J'ai aussi développé une compréhension des enjeux numériques qui me permet de faire la promotion de ces effets positifs au-delà des risques et je suis bien déterminée à les faire valoir le plus largement.
Je ne vous en dirai pas davantage sur l'ouvrage de Véronique Boisjoly, j'en ai déjà dit beaucoup. J'espère vous avoir donné l'envie de vous le procurer pour mieux vous comprendre comme multis ou pour mieux comprendre les multis qui vous entourent.
À retenir : « Avoir confiance en soi, ce n'est pas être sûr de soi. C'est trouver le courage d'affronter l'incertain sans le fuir. » - Charles Pépin, philosophe
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