lundi 7 mars 2016

Être une femme en 2016...

À deux, mes grands-mères ont presque eu 25 enfants, au moins 25 grossesses si on compte les fausse-couches. Femme d'agriculteur, femme au foyer, mère de famille, leur destinée était tracée quoi qu'elles en pensent. Dans ce temps-là, la ligne était pas mal décidée d'avance. 

Ça ne veut pas dire qu'elles n'étaient pas des femmes de caractère. Je n'en ai connu qu'une, l'autre ayant été emportée par la maladie avant ma naissance. De ce que j'en sais, il fallait être forte à la puissance mille pour vivre cette vie de dure labeur, en campagne, plus souvent qu'autrement dans la pauvreté. 

Ma mère avait un peu plus d'options devant elle. Elle s'est marié, a eu deux enfants. Elle a travaillé dans des commerces, elle a été mère au foyer, femme d'agriculteur. Elle a mené une entreprise famille vers la prospérité avec mon père. Elle n'était pas une femme engagée politiquement, mais elle était très impliquée bénévolement.

J'ai quitté ma ville campagnarde à 18 ans pour étudier à l'université. J'ai choisi un champ d'études qui me plaisait alors que tous les programmes s'offraient à moi. J'ai vécu avec des hommes sans être mariée avec eux. J'ai eu un enfant, je me suis fait avortée. J'ai eu un emploi, puis j'ai changé, j'ai parfois été travailleuse autonome. Je suis propriétaire d'un condo, je vote à chaque élection, je suis indépendante financièrement. Bref, je décide moi-même de ma destinée!

J'ai une amie qui a cinq enfants et qui est femme au foyer. J'ai une amie lesbienne qui s'est mariée avec son amoureuse et qui a eu un enfant. J'ai une amie célibataire qui vit très bien son célibat. Aujourd'hui, les femmes ont le choix!
Le seul élément qui peut faire en sorte que les femmes soient encore désavantagées face aux hommes selon moi est la maternité. Et ça, ça ne changera jamais (je ne crois pas qu'il est prévu que les hommes enfantent un jour). Peut-être un désavantage de taille pour certaines, mais pas impossible à surmonter. Je suis passée par là, j'ai fait des compromis, mais cela ne m'a jamais empêché d'avancer. Je dois seulement avoir quelques rides en plus, de solides maux de tête à l'occasion et moins d'heures de sommeil cumulées!

Ma fille, tout comme moi, devrait avoir tout un monde de possibilités devant elle. Cela ne fait aucun doute dans mon esprit. C'est à moi de lui transmettre la confiance en elle dont elle a besoin pour avancer! Les barrières ne sont plus sociales, elles ne peuvent qu'être personnelles à chacun.

Au Québec, il fût une époque où des femmes, et des hommes sans doute aussi, ont dû se battre pour que les droits des femmes soient reconnues: droit de vote, droit de propriété, droit même d'avoir un compte en banque! Et je les en remercie!

En 2016, au Québec, je pense sincèrement que les femmes peuvent devenir à peu près tout ce qu'elles souhaitent devenir. « Quand on veut, on peut. » Et cela s'applique autant aux hommes qu'aux femmes. Chacun devrait pouvoir être reconnu pour ses compétences, ses efforts, ses valeurs, surtout pas pour son sexe.

En tant que femme, je ne veux pas être admise dans un comité parce qu'il faut atteindre la parité hommes-femmes. Je veux être reconnue pour mes compétences. Même chose pour un homme.

8 mars, pour moi, ce n'est pas une journée pour les femmes du Québec. Oui, il ne faut pas oublier le chemin parcouru. Oui, il faut affirmer et réaffirmer que les femmes du Québec sont libres de leurs actes. Ce n'est pas parfait dans tous les milieux, j'en conviens... Mais, il n'y a aucun soutien-gorge à brûler sur la place publique ici. 

8 mars pour moi, c'est pour toutes les femmes du monde qui ne peuvent aller à l'école, qui doivent se marier et avoir des enfants avant d'avoir 20 ans, qui ne peuvent choisir le métier de leur choix, qui ne peuvent exprimer leur opinion. Le 8 mars, c'est à elles que je penserai... Pour elles, il reste tant à faire. Par où commencer?