vendredi 25 novembre 2016

Quand j'ai mal à mon diplôme...


J'ai une formation en journalisme. J'ai obtenu mon diplôme, il y a 15 ans (déjà!)... Je ne suis plus journaliste au quotidien, j'ai bifurqué vers les communications et les médias sociaux en cours de route. Je collabore quand même à l'occasion avec certains magazines et, surtout, j'observe les médias du coin de l'oeil. Et laissez-moi vous dire que, régulièrement, j'ai mal à mon diplôme! Oui, oui, vous avez bien lu!

J'ai toujours cru qu'il était possible de faire du journalisme d'information objectif dans l'unique but d'informer les citoyens et de les amener à faire des choix éclairés pour leur vie au quotidien. N'est-ce-pas le propre du journalisme?

S'agit-il d'une utopie?

Je me suis toujours fais un devoir de ne pas laisser mes opinions personnelles transparaître dans mes articles (sauf bien sûr quand il s'agissait de textes d'opinion et qu'ils étaient clairement identifiés comme tels). Le but était d'informer sur un sujet, sur une situation. Donc, pas de questions tendancieuses pour les personnes interviewées.

Évidemment, il y a toujours eu un certain biais médiatique dans les choix éditoriaux des informations que l'on diffusait ou non; chaque média ayant ses préférences et allégeances.

Par contre...

Je ne sais pas si c'est attribuable à la vitesse à laquelle circule l'information aujourd'hui (disons qu'en 15 ans, il s'en est passé des choses sur la planète médias), à la compétition qui s'accentue entre les différents médias, ou à autre chose, mais la généralisation, le superficiel et même la désinformation semblent littéralement en train de prendre le dessus sur l'art d'informer pour servir le citoyen.

Les médias (je ne nomme personne en particulier et tout le monde en même temps) s'emportent pour des banalités, montent des histoires en épingle, s'attardent sur des non-nouvelles et passent complètement sous silence des histoires importantes.

Une histoire est publiée une journée et diffusée en grande pompe un peu partout, elle sera démentie quelques jours plus tard mais on en fera une brève en page 53 (les 3/4 des gens qui avaient lu la première nouvelle ne le sauront jamais).

Le scandale de la semaine sera relayé aux oubliettes et on n'en entendra plus jamais parler. Pourtant, lorsque quelqu'un commence à nous raconter une histoire, on est en droit de s'attendre à ce qu'il nous raconte aussi la fin.

Les médias se font les pantins du pouvoir politique (une dégustation culinaire avec un ministre, ça vous dit quelque chose?) et de certains courants de pensée (trop souvent sans l'affirmer ouvertement. Au moins si ce l'était, ce serait déjà moins pire).

Combien de fois j'ai vu des communiqués de presse repris tels quels dans plusieurs médias? Les journalistes ne cherchent-ils plus à aller plus loin que l'information qu'on leur pousse? Se faisant, ils se font les porte-parole des organisations qui les gavent d'information « intéressée ». C'est comme si ils endossaient leurs affirmations sans rien dire, sans questionner. Ce faisant, les médias se font les complices d'un certain pouvoir et entretiennent le cynisme dans la population.

J'ai trempé dans l'univers des médias, je sais quand même un peu comment cela peut fonctionner. Le citoyen moyen n'y voit probablement que du feu. Il prend et consomme une information trop souvent biaisée et incomplète. Il n'a pas le temps (ne prend pas le temps) d'analyser plusieurs sources d'information pour savoir si on lui dit la vérité.

Pourtant...

Pour chaque nouvelle diffusée, il y a toujours « l'envers de la médaille » que l'on devrait prendre en considération et présenter publiquement. Trop souvent, ce revers est ignoré. Il faut vendre de la copie... mais cela se fait au détriment des citoyens. On donne priorité au « buzz » de la semaine, à la saveur du mois, au hit du moment.

Mon objectif maintenant?
J'aimerais arriver à vous présenter au cours des prochains mois, certains « revers » quand j'en verrai passer.

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Cette réflexion fait suite à ma participation d'aujourd'hui au « sandwich du vendredi » devant l'Assemblée nationale. Ce rendez-vous hebdomadaire vise à signifier notre écoeurement face au pouvoir politique et au gouvernement dans un mouvement non-partisan.

Nos discussions nous ont amené à prendre conscience que les médias n'aident en rien la cause.
«il faut s’informer pour être de bons citoyens engagés, mais plus on s’informe plus on est frustré/découragé et moins on a le goût de se mobiliser», comme l'écrit Clément.

Nous voulons maintenant trouver des moyens de nous sortir de ce cercle vicieux.

Si ça vous tente, rendez-vous vendredi prochain à midi devant l'Assemblée nationale! Et ne vous laissez pas arrêter par la température, on est très chaleureux!


vendredi 18 novembre 2016

Réflexion post-sandwich #2


On a tous des raisons d'être déçu, indigné, révolté contre le gouvernement, les politiciens, le système. On est trop peu nombreux à l'exprimer publiquement. Heureusement, parfois, certains osent proposer des initiatives qui donnent l'espoir que l'on pourrait faire changer les choses.

La semaine dernière, j'ai participé à une de ces initiatives, proposée par Clément Laberge. J'en avais d'ailleurs fait un compte-rendu. Vendredi midi, devant l'Assemblée nationale, sandwich à la main, se réunir, faire connaissance, discuter.

Une semaine plus tard, j'étais présente à nouveau. Il y a un intérêt certain envers ce rendez-vous hebdomadaire. Une réunion improvisée avec un groupe éclaté de personnes.

Déjà, certains se demandent comment pousser le geste plus loin, comment le transformer en actions plus concrètes, pour maintenir l'intérêt et confirmer qu'on pourra vraiment faire changer des choses. Clément a d'ailleurs lancé un appel sur son blogue pour la semaine prochaine. N'essayons pas d'aller trop vite. Mais, essayons quand même de proposer nous-mêmes des solutions.

Ce que j'aime de ce rassemblement, c'est son côté non-partisan. Pas d'allégeance politique (et j'espère que cela pourra demeurer ainsi). On n'a pas les mêmes allégeances politiques, mais on a un désir commun de vivre dans un Québec meilleur, de faire croître le Québec. On n'a pas les mêmes allégeances politiques, mais on mérite tous des politiciens intègres et honnêtes, un système plus sain. Si on peut réussir à en parler ensemble, sans s'emballer, c'est déjà gagnant comme démarche.

Chaque jour, les médias nous donnent des sujets d'indignation supplémentaires. Chacun s'attarde à des manchettes différentes en fonction de ses intérêts. La proposition du ministère de l'Éducation de surveiller les médias sociaux pendant les examens ministériels m'a fait sursauter et rager dans mon salon. Si on peut « googler » une question d'examen et y trouver la réponse, c'est que la question n'était certainement pas la bonne! Moi, la « modernisation » du système d'éducation, c'est important pour moi.

Pour d'autres, la priorité d'action sera ailleurs. Les urgences qui débordent, la lenteur du système de justice, les soins aux aînés, la gestion des finances publiques... la liste des sujets est longue. Et justement, ce n'est pas normal que la liste soit aussi longue.

Pour moi, cela veut simplement dire qu'il est urgent d'agir. Le statu quo, on n'en veut plus. La « grosse machine gouvernementale » est en train d'échouer. Elle est trop souvent « biaisée » par toutes sortes d'influence.

Au fil des rendez-vous du vendredi, je crois que des personnes vont faire connaissance et se reconnaître des intérêts communs et que des idées émergeront de leurs discussions.

Il serait facile de se dire que la tâche de faire « bouger » le Québec vers l'avant est trop difficile et que cela ne sert à rien d'essayer. Il y a déjà une majorité de Québécois qui pensent comme ça. Moi, je ne peux pas. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas. Je me dis qu'il faut au moins essayer de faire quelque chose.

Pour le moment, je vais juste tenter d'écrire plus souvent et ainsi réussir à mettre de l'ordre dans mes idées. Pour voir ce qui en sortira.

Mais, vraiment : Merci, Clément, de m'amener à faire ça! Ça faisait trop longtemps que je me disais que j'allais le faire, sans trouver la motivation de passer à l'action.






vendredi 11 novembre 2016

Changer le monde un sandwich à la fois

Il y a quelques jours, mon ami Clément proposait un dîner au sandwich devant l'Assemblée nationale pour signifier son écoeurement devant la situation politique actuelle au Québec, une façon « soft » de protester. Un geste symbolique pour dire que certains en ont assez et qu'il est temps de « se donner un swing pour commencer à remonter » après avoir touché le fond du baril.

J'ai tout de suite portée une attention particulière à son appel. J'y ai vu une action citoyenne non partisane, une action différente pour pouvoir se dire qu'au moins, on aura exprimé notre insatisfaction. Impossible de rester à ne rien faire pour moi.

Ceux qui me connaissent savent que j'ai déjà écrit à plusieurs reprises à propos de ce Québec endormi. Ils sont nombreux à critiquer dans le confort de leur foyer, mais trop peu nombreux à passer à l'action pour s'exprimer et tenter de faire changer les choses. Et ceux qui osent le faire se font parfois rabrouer rapidement, désolant...

Quoi qu'il en soit....

Vendredi dernier, le premier dîner au sandwich a eu lieu. Quatre personnes se sont réunies devant l'Assemblée nationale pour ce repas inusité.

Aujourd'hui, je me suis jointe au groupe. Il fallait que je participe à ce dîner au moins une fois pour voir. Nous étions 11 personnes. D'horizon tout à fait différents. Un petit groupe éclectique réuni pour, comme je l'avais bien senti au départ, une action citoyenne non partisane. Nous avons fait connaissance et discuter brièvement. 30 minutes, ça passe vite, mais ce fût très agréable.

Si je m'intéresse tant à la politique, j'ai toujours cru que c'était « la faute » de mon grand-père. Mon grand-père était un homme très engagé politiquement. Il est décédé quand j'avais 12 ans, mais j'avais déjà eu le temps d'être « contaminée » et mon père a continué de m'en parler par la suite. Bien, devinez quoi? Aujourd'hui, dans ce petit groupe, à des kilomètres de ma ville natale, il y avait un homme qui a eu mon grand-père comme mentor et qui a très souvent témoigné de son respect envers lui. Ouf, le monde est petit! Et je me suis dit qu'il avait vraiment quelque chose derrière cette idée du dîner au sandwich...

J'ai peu de temps disponible pour des engagements hors du travail et de la famille, beaucoup moins de temps que ce que je voudrais en tout cas. Il faut faire des choix. Mais, ce geste simple du vendredi midi, je crois que je pourrais y prendre goût.

Personne ne sait ce que ce rendez-vous hebdomadaire pourrait / pourra devenir, mais je me dis que cela vaut au moins la peine d'essayer. On improvise, on fait connaissance et qui sait, il y a peut-être de l'espoir pour le Québec.

L'invitation est lancée pour vendredi prochain. Midi devant l'Assemblée nationale.