vendredi 18 décembre 2020

Les fleurs

 

Comme le veut le vieil adage, nous arriverons tous à Noël en même temps encore cette année. Par contre, le chemin parcouru pour y arriver aura été bien différent d'une personne à l'autre. Pas besoin de le répéter, l'année a été difficile pour plusieurs. J'y reviendrai dans mon traditionnel bilan annuel.

La semaine qui se termine aura peut-être été l'une des plus éprouvantes pour bien des parents québécois. La fatigue accumulée aidant, les journées de gestion des enfants à la maison et du télétravail (lorsque possible) auront été tout un défi.

On a entendu toute sorte d'histoire dans les médias. Pas besoin de le répéter, la « prestation de service » est très inégale, des enfants ont été laissé à eux-mêmes, le nombre d'appareils électroniques disponible pour les élèves est encore un enjeu, l'accès à Internet demeure un défi pour certain. À ce sujet, la bande passante du Québec a dû être mise à rude épreuve. Dans la journée de jeudi, c'était pratiquement impossible de tenir une conversation en vidéoconférence avec quiconque. 

Alors, je n'ai pas envie de revenir sur tout ce qui « accroche » en éducation en ce moment au Québec. D'autres l'ont mieux décrit que moi, et les commentaires sont nombreux sur la page Facebook de notre premier ministre.

Plein de gens ont lancé des pots publiquement. Je veux plutôt lancer des fleurs.

Ce soir, je vais poursuivre sur ma lancée et parler de ma situation personnelle. Car à travers toutes les histoires d'horreur qu'on a entendu dans les derniers jours, il y a heureusement du beau aussi.

Et moi, j'ai simplement envie de lever mon chapeau aux enseignants de l'École secondaire l'Horizon de Lévis. Et j'oserai même étendre au Centre de services scolaire des Navigateurs car j'ai entendu d'autres beaux témoignages en lien avec ce CSS.

Les enseignants de l'Horizon ont multiplié les initiatives au cours des dernières semaines afin de maintenir un milieu de vie agréable à l'école et en ligne pour les élèves de 3e secondaire. Je pense qu'après presque 2 mois d'enseignement hybride, ils sont rodés. Les activités proposées sont pertinentes, les cours en ligne sont justes assez longs, la charge de travail est correct, les élèves progressent. 

Les enseignants font travailler les élèves en équipe, enregistrent des capsules, présentent des vidéos, font des quiz, etc. Je sens qu'ils sont de plus en plus à l'aise (j'écoute en catimini les Meet de ma fille... chut, faut pas le dire!). Les évaluations ont eu lieu normalement.

La nouvelle routine est prise par les élèves et les enseignants. Je le vois dans le comportement et l'attitude de ma fille. Si au début du « un jour sur deux », il fallait que je l'encourage à compléter les travaux, elle se met maintenant à la tâche naturellement. Quand elle a des questions, elle me consulte (j'avoue que j'ai mis mon grain de sel dans ses productions écrites) ou elle communique avec ses enseignants via Meet. Alors, cette semaine, c'était du « déjà connu » pour elle.

Comme me disait aussi une de ses enseignantes récemment: « Nous avons perdu tous nos repères avec la mise en place de l'enseignement hybride, mais nous retombons sur nos pattes. » Oui, elle a quand même des inquiétudes pour certains élèves en difficulté. Oui, elle cherche encore des façons de maintenir un lien plus fort avec les élèves malgré la distance.

Et oui, tout n'est pas parfait, mais je pense que, dans ce cas, l'équilibre est atteint.

Mais cet équilibre n'est pas arrivé par magie. Cela fait des années que cette école (et le CSS au complet) a entrepris sa transformation numérique. Les enseignants ont été formés, la majorité des élèves avaient déjà des iPad ou des ordinateurs personnels bien avant la pandémie, les parents sont habitués au portail scolaire et aux communications sans papier. Bref, on était prêt et on avait sans doute une bonne longueur d'avance sur d'autres. Aujourd'hui, je pense qu'ils récoltent simplement le fruit des efforts et des investissements des dernières années. Il y a eu des ajustements à faire mais ça se passe bien, à mon sens. Alors, je leur lève mon chapeau.

Je me compte tellement chanceuse d'être dans cette situation lorsque j'entends d'autres histoires invraisemblables et tellement choquantes autour de moi. 

Je ne peux que sympathiser avec les parents, les enfants et les enseignants qui se retrouvent démunis en ce moment et sans ressources adéquates pour faire face à la situation. 

Je ne peux que rêver qu'un jour, le numérique pourra véritablement se déployer partout dans le système scolaire et dans nos foyers. Le potentiel est tellement grand.

PS. La photo illustrant ce texte est celle d'une oeuvre culinaire de ma fille entre deux Meet. 






dimanche 29 novembre 2020

Se donner un air d'aller

 


Une nouvelle routine s'installe... encore! C'est la « combientième » depuis mars déjà? Mais, qu'à cela ne tienne, nous allons traverser cette crise dans la joie et l'allégresse. C'est ce que je répète sans cesse à ma fille. Parfois, je dois me le répéter à moi aussi. 

Le contact avec des vrais humains en chair et en os me manque de plus en plus. La bonne bouffe au resto aussi. Ou le café pris avec un ami pour parler de tout et de rien. À travers un écran, ce n'est pas pareil. Merci à mon amie Claudine qui est venue cogner à ma porte cette semaine! Quelques minutes de rasette qui ont fait du bien.

Mais, bon, on garde le cap, « the show must go on », comme on dit. La Terre n'a pas arrêté de tourner. Le travail continue. L'école continue.

J'avais déjà écrit qu'il fallait sortir du sentier pour aborder autrement la réalité actuelle. Je le crois toujours.

Je pense qu'il faut aussi apprendre à relativiser les choses. Les remettre en perspective. Ça se peut qu'on soit moins productif certains jours. Ou qu'on décide de s'habiller en mou. Ça se peut aller se coucher un soir sans avoir tout coché dans sa « to do » (ok, ça m'arrive tous les soirs, mais vous comprenez l'idée.) Ça se peut passer une journée sans entraînement, sans avoir marché 10 000 pas.

Il ne faut pas se mettre trop de pression sur les épaules et chercher (encore) la perfection dans nos vies. Le mot de la semaine était « efficacité » (voir image ci-haut). Nous l'avons remplacé par « rigolade ». Juste le changer, ça a fait du bien. On a respiré un peu mieux. On a peut-être même été plus efficace après l'avoir changé!

L'école en format hybride se poursuit pour ma fille. Ça fait une drôle de routine. On n'est jamais certain de quelle journée on sera le lendemain. Y'a des jours où c'est plus dur que d'autres de se motiver. Dans l'ensemble, ça se passe plutôt bien. Les profs arrivent à être intéressants quand même. Ils donnent des explications, puis font travailler les élèves seuls ou en équipe. Je sens que les jeunes se responsabilisent plus pour travailler ensemble et avancer les travaux.

Le prof d'éducation physique a fait faire un travail sur les saines habitudes de vie. Les prochains cours à distance se passeront avec Strava. Je sens qu'on va aller courir!

La prof d'arts plastiques avait remis du matériel à amener à la maison. Ma fille adore ses périodes d'arts à la maison et redécouvre son côté (et surtout son grand talent) artistique. J'adore.

J'incite ma fille à intervenir pendant les cours, à poser des questions, à répondre surtout. Mon dieu, que ce ne doit pas être évident pour les profs de demander « Avez-vous des questions? » et obtenir un long silence comme réponse! Je leur lève mon chapeau.

Un des gros désavantages de l'enseignement hybride, c'est que les enseignants gardent les examens pour les journées en classe. Alors ma fille a eu des journées avec quatre examens dans la même journée. Par contre, je remarque que les profs font plus de « micro tests » que de gros examens. Avancer à petits pas et ne pas stresser les élèves avec des examens trop complexes. Je pense que c'est une bonne stratégie dans les circonstances.

Par ailleurs, comme les élèves du secondaire sont toujours dans la même classe maintenant, certains enseignants ont décidé de faire une activité de décoration de la classe. Un moment de détente, qui a permis de mettre de la joie dans une journée d'école alors que les activités décontractées se font plus rares.

Dans chaque journée, il faut trouver le positif. C'est ce qui aide à se donner un élan supplémentaire pour avancer. Les journées se succèdent et nous devons faire un effort pour les rendre agréables et différentes les unes des autres. Avec la musique de Noël en bruit de fond ces temps-ci, difficile de ne pas danser dans le salon sur l'heure du midi. En janvier, ferons-nous durer les rigodons du Jour de l'An?

Cette semaine, je donnais une conférence sur le télétravail et sur comment le rendre plus agréables pour tous. Je répétais comment c'est important de prendre le temps de quitter son environnement de travail pour décrocher un peu, sortir prendre une marche le midi, se changer les idées. Je partageais des trucs qui font du bien. 

Des trucs bien simples comme:

  • La tape dans le dos: Dire Merci, Dire qu’on apprécie le travail et les efforts des autres (c'est vrai que dans l'action, on oublie parfois)
  • Le réconfortant: Demander « comment ça va? » aux gens… et écouter la réponse (pour vrai).
  • Le travail d’équipe: Rester en audio avec ces collègues comme si on était au bureau (via le téléphone, FaceTime ou autres applications, comme Discord - Merci Clément!), même si on ne parle pas et on entend juste des bruits de clavier. Ça crée une ambiance.
  • La récompense: Envoyer un repas, des fleurs, panier-cadeaux, etc. (Je suis allée chercher un chocolat chaud au Tim Hortons au coin de la rue pour ma fille un midi en prenant ma marche. Ça a fait son après-midi!)

Et vous, quels sont vos trucs?

Allez, on lâche pas! On se donne un petit air d'aller!




dimanche 8 novembre 2020

Le yeti

 

Quand ma fille a découvert mon premier billet dans lequel j'annonçais mon intention du documenter son expérience d'école « un jour sur deux », elle n'était pas très contente. Mais quand elle a lu mon billet, elle a sourit et elle m'a donné son accord pour poursuivre la démarche. Fiou!

Donc, j'ai passé le reste de la semaine dernière à lui dire que je prenais des notes pour la suite. Mais, je n'écrirai pas tout ici, il faut se garder une petit peu d'intimité quand même. 

Avant d'entreprendre une nouvelle semaine, je voulais donc faire un petit compte-rendu ici. 

Donc, la semaine dernière, ma fille aura passé trois jours à la maison. La première journée a déjà été raconté.

Au cours des deux autres journées, nous avons eu droit à une vidéoconférence reportée pour cause de trafic (l'enseignante étant arrivée en retard à l'école), un « cours théorique » d'éducation physique et six autres périodes de cours qui se sont somme toute bien passées. Généralement, les enseignants donnaient 45 minutes de matière puis un travail à compléter pendant la dernière demi-heure que durerait normalement le cours. 

Ma fille s'installait dans le salon tout près de mon « lieu de travail », alors je suivais distraitement les cours tout en travaillant. Je me rendais compte que c'était très facile pour elle de faire autre chose en même temps, de décrocher de l'écran et de laisser filer son attention ailleurs (comme en témoigne sa fabrication de flocons de neige présents sur la photo illustrant ce texte). Cela demande un effort vraiment important pour les jeunes de garder leur attention sur l'écran.

Le défi est de taille pour les enseignants et je ne peux que leur témoigner mon admiration. Ils n'ont pas le contact visuel comme en classe pour voir le langage non verbal des élèves. Ce n'est pas évident pour eux de capter l'attention, de maintenir un lien avec les élèves. On parle beaucoup d'ajouter de l'interactivité à ces périodes de classe à distance, mais ce ne sont pas tous les profs qui sont rendus là.

Entre les cours, ma fille se mettait au travail naturellement pour terminer le travail demandé. Bien sûr, elle a sollicité mon aide à quelques reprises, surtout en français, en espagnol et en anglais. Faut croire que les langues, c'est plus ma force. Une occasion de revenir à la base du vouvoiement en espagnol (Cuàl es su nombre?), de discourir sur l'atmosphère qui se dégage dans un texte en anglais et de découvrir « Pourquoi les femmes vivent-elles plus longtemps que les hommes? ». (Moi, je le sais maintenant!)

C'est vrai qu'elle est habituée que je sois présente pour elle. Ce soir, on révisait ensemble pour son examen de science, première période demain matin en classe. C'est une des choses que je trouve le plus important dans mon rôle de mère. Donc, pour moi, c'est naturel de l'aider. J'aime ça. 

Je sais que les journées où elle est en « école à la maison », je suis un peu moins productive pour le boulot.  J'ai l'impression d'être entre deux mondes, constamment interrompu. Je me reprends le soir. Je sais que c'est passager et je suis prête à m'investir pour cela. Je suis bien consciente que ce ne sont pas tous les parents qui peuvent faire cela.

Je me permets même quelques danses dans le salon pour alléger l'atmosphère, lorsque le motivation baisse en fin de journée. Y'a rien comme un peu de musique de Noël pour vous redonner un petit air d'aller!

Car au-delà de l'aspect pédagogique et de vouloir passer la matière, je me rends de plus en plus compte que ce sont des moments précieux que nous vivons présentement. L'occasion de revenir à l'essentiel. Il faut relativiser. 

Oui, la situation actuelle met en lumière les travers du système scolaire, le fait que l'enseignement avec et par le numérique ne sont pas maîtrisé par tous, que la façon d'évaluer les apprentissages aurait sérieusement besoin d'être dépoussiérée.. mais on ne peut pas penser changer tout ça, en ce moment, alors qu'on vit dans une incertitude constante. 

Alors, laissons-nous une chance de réussir collectivement. Essayons de voir le beau et le positif dans chaque journée. 

Le bilan de la semaine:

- La situation n'est pas idéale mais ça se passe plutôt bien. 

- Les enseignants donnent moins de devoir. « On dirait qu'ils ont pitié de nous ».

- Je développe d'incroyables aptitudes de « cheerleader » pour encourager ma fille à garder sa motivation dans la réalisation de ses travaux. (Au moins, cela génère d'innombrables fous rires dont on se souviendra longtemps!)

- Espérons quand même que cela ne durera pendant pendant toute l'année scolaire. Le volet social est tellement important pour les jeunes.

C'est parti pour une autre semaine!

P.S. Le titre de ce blogue fait référence à l'habillement coutumier de ma fille lors de ses journées de classe à la maison : un bas de pyjama et un chandail assorti rappelant la magnifique fourrure d'un yéti. Un jour, elle m'autorisera peut-être à la prendre en photo dans cette tenue.

mardi 3 novembre 2020

Un jour sur deux

 


Une nouvelle (télé)réalité débute cette semaine chez moi. Ma fille est en 3e secondaire. Nous habitons en zone rouge. Elle se rend donc à l'école une journée sur deux, l'autre journée, elle « fréquente » l'école à partir de la maison. La mesure est prévue jusqu'au 23 novembre. Soyons donc optimiste en nous disant qu'elle est temporaire, pour quelques semaines seulement.

Déjà, en apprenant la nouvelle, j'ai eu plusieurs « flashback » du printemps dernier, alors que l'école de la mi-mai à la fin juin a été complètement en ligne, sans évaluation. Des « flashbacks » pas toujours agréables, même si quelques jolis souvenirs perdureront. 

Pour les jeunes, habitués à l'encadrement strict de l'école, guidés (pour ne pas dire conditionnés) par le son des cloches qui annoncent chaque moment de la journée (rentrée, récré, dîner, etc.), ce n'est pas naturel de regarder l'heure et de savoir quand se brancher pour le prochain Zoom.

Surtout, ce n'est pas naturel de devoir faire preuve d'initiative et de compléter des travaux seuls, sans être captif d'une salle de classe. Oui, il y a bien les devoirs, mais ça, c'est le soir, sur le coin de la table de la cuisine. Là, c'est une autre « game ». 

Bref, le dernier mois de l'année scolaire 2019-2020, je l'ai passé à guider ma fille dans ce qu'elle devait faire, à l'aider à terminer ses travaux, à surveiller pour m'assurer que tout était fait. À jouer le chien de garde.

J'ai les capacités pour le faire, les connaissances (même si je ne la suis à peu près déjà plus en mathématiques), l'intérêt et surtout la disponibilité. Et elle est enfant unique.

Je n'ose même pas imaginer le défi que cela représente dans les familles plus nombreuses, où les parents sont moins disposés à aider et à accompagner, où le matériel informatique manque, avec des enfants du primaire qui ont besoin de plus d'encadrement à la maison, etc.

Donc, j'avais une certaine appréhension face à cette nouvelle perspective de l'école à la maison. De un, impossible d'avoir une routine pour les jeunes. Une journée, tu te lèves tôt, le lendemain, tu te lèves 30 minutes (sic) avant ton premier cours, et ainsi de suite. De deux, les enseignants ne peuvent faire plus de 45 minutes de vidéoconférence (sur des périodes de 75 minutes). Théoriquement, ils doivent donner 30 minutes de travaux à terminer. De trois, ils rebrassent leur planification et déplacent des examens pour que ceux-ci puissent se tenir les journées de présence à l'école. L'enjeu de l'évaluation à l'ère numérique, on pourra en reparler.

Je me dis que je dois aborder la situation avec zénitude. Et j'ai décidé de partager l'aventure ici (de mon point de vue de parents seulement). Nous sommes plusieurs à être dans le même bateau après tout, aussi bien partager nos expériences et s'entraider.

Première journée hier: 

1- 45 minutes d'espagnol, suivi d'une longue pause sur les réseaux sociaux jusqu'à la deuxième période, car aucun travail à compléter.

2- 45 minutes d'histoire (problème de stabilité du réseau parce que j'étais en vidéoconférence en même temps que ma fille), suivi de 30 minutes de travaux (que j'ai fait avec ma fille, après qu'elle ait annoncé qu'elle ne les ferait pas. Moi, je l'aime bien Samuel de Champlain!)

3- Déclaration choc, suivi d'un long soupir: « Je n'aime pas les Zoom. » avant le cours de sciences. Un autre 45 minutes (re: problème de réseau) suivi d'un travail. (que ma fille a fait seule; les sciences, c'est plus sa tasse de thé que l'histoire)

4- 45 minutes d'anglais pour terminer la journée, suivi de la lecture d'un texte et recherche de définition de mots dans le dictionnaire, euh Google. J'ai donc participé à la recherche étant donné que j'étais déjà sur l'ordinateur en télétravail.

Également, je dois préciser que j'habite en face de l'école de ma fille. Pendant les périodes de pause, elle est donc sortie (masquée) pour aller voir ses amis dans la cour. Pour sa part, c'est le côté social de l'école qui lui manque le plus. La motivation, elle n'en a pas tant, mais je réussis à compenser en faisant la « cheerleader ».

Bilan de la journée: 

Patience et accompagnement sont les mots d'ordre pour moi. Je me dis qu'il faut traverser cette période sans trop d'écueil mais que ce ne sera pas simple. Si je dois sacrifier un peu de ma productivité au travail pour faire en sorte que ma fille persévère, je suis prête à le faire. Je me dis que plusieurs jeunes seront laissés à eux-mêmes les journées d'école à la maison (sans mauvaise volonté des parents). Je me dis que ça représente un méchant défi pour tout le monde. J'essaie de ne pas penser aux conséquences, mais je me dis aussi qu'il ne faut pas trop se mettre de pression sur les épaules.

Suite

Je vais continuer de documenter mon « expérience » dans les prochains jours/semaines. 

Parallèlement, la vie m'a ramené sur le chemin de l'École branchée où j'ai déjà passé une partie de ma carrière professionnelle. C'est avec joie que je retrouve l'équipe pour mener à bien un nouveau projet, tout à fait en lien avec ce que je viens de vous raconter. 

Comme moi, plusieurs parents accompagnent présentement leur.s enfants. dans l'apprentissage à distance. Cette responsabilité s'ajoutent à leur rôle de parent. Qu'est-ce qui les préoccupent? De quelles ressources ont-ils besoin? Ce serait bien si on pouvait partager ce moment de grands défis ensemble. 

Ainsi, je collabore avec l'École branchée pour réaliser, dans un premier temps, un sondage auprès des parents québécois. Les résultats du sondage serviront à alimenter le contenu d'un numéro spécial du magazine qui sera préparé spécifiquement à l'intention des parents. Normalement, le public de l'École branchée, ce sont les enseignants. En ce moment, nous voulons aussi rejoindre les parents. Mon expérience personnelle pourra alimenter la production du magazine, mais j'ai surtout besoin de vous entendre sur le sujet. Je ne suis sûrement pas la seule à me sentir parfois démunie et impuissante face à la situation. Soyons solidaires!


 





lundi 28 septembre 2020

Sortir du sentier



Peut-être que nous devrions sortir du sentier... Changer complètement notre façon de voir les choses.

On est dedans. Elle vient de nous frapper. On ne peut pas dire qu'on n'était pas préparé. On se le faisait dire depuis des semaines. Continuez de faire attention. Respectez les consignes sanitaires. On n'a pas écouté. On était trop pressé de retourner à notre vie d'avant. La deuxième vague est là.

Notre vie d'avant... Elle ne reviendra pas. Avant est passé. C'est maintenant que ça se passe. Et après, on verra.

On avait plein de bonnes et belles intentions au printemps. On disait : « il faut retenir quelque chose de cette pandémie », « il faut en profiter pour revoir / refaire / recréer le monde dans lequel nous vivons ». 

À peine quelques semaines plus tard, on était tous pressé de sortir de chez nous et de reprendre nos activités. On était déjà en train d'oublier nos bonnes intentions. 

Il y a quelques semaines, mon ami Pierre-Luc Lachance demandait: «... sommes-nous prêts à faire évoluer nos habitudes pour sortir de nos labyrinthes de certitudes et instaurer un réel changement durable... ».

J'en suis de moins en moins sûre. Ce n'est pas la majorité en tout cas. Des habitudes, c'est dur à changer. Des choses qu'on prenait pour acquises, c'est encore pire. On n'est pas capable de se projeter dans un nouvel univers, parce qu'on n'a jamais rien connu d'autres. On est assis dans notre confort. Chassez le naturel et il revient au galop. 

Dernièrement, tout ce que j'entendais autour de moi, c'est « ça vas-tu finir cette affaire-là». 

Mais non, ça ne finira pas. 

Qu'on le veuille ou non, il va falloir apprendre à faire les choses autrement. Alors, aussi bien collaborer et participer plutôt que de se faire imposer le futur. On peut rester là à se plaindre ou on peut tourner la situation à notre avantage. Personnellement, dans nos vies. Collectivement, aussi. Et ces changements devront devenir durables. Il n'y aura pas de retour en arrière.

Appuyer sur RESET, comme disait Pierre-Luc.

Moi, je dis : Sortons du sentier. Empruntons un nouveau chemin. Inconnu, incertain. Partons à l'aventure et laissons-nous transporter par la nouveauté. 

En fin de semaine, je suis allée me promener dans la montagne. D'habitude, j'emprunte toujours le même sentier pour monter au sommet puis redescendre. J'ai décidé de passer par un chemin différent en redescendant. Ça m'a pris un peu plus de temps pour revenir, je devais faire plus attention aux endroits où je posais les pieds, mais j'ai vu des paysages sous une nouvelle perspective, j'ai découvert d'autres sentiers. 

C'est sûr que ça m'a demandé un effort. Mais j'étais contente de moi en arrivant au chalet.

Et c'est là que je me suis dit que c'est probablement l'attitude à adopter par rapport à la situation actuelle.  Adoptons une nouvelle façon de considérer les contraintes. Je sais bien que la situation est loin d'être idéal en ce moment. Elle est même tragique pour certains. 

Mais l'occasion est là. Il ne faudrait pas la laisser passer, même si ça nous rend inconfortable.

Pour une fois, on a la chance de mieux « choisir à quoi et à qui (encore plus important) on consacrera du temps », comme le dit Clément Laberge.

Normalement, on était plutôt submergé par les événements de la vie, incapable de s'arrêter. Au lieu de se plaindre qu'on n'a pas le temps, on peut enfin ralentir. Ma grand-mère paternelle disait: « La vie est un festin de miettes ». Chaque petite chose compte pour se tisser un bonheur. C'est le moment de nous remettre cette maxime à l'esprit. On n'est plus habitué de meubler notre quotidien de petits plaisirs, trop habitués à courir. Il faut recommencer à le faire.

Faisons les sacrifices nécessaires avec un objectif en tête. Moi, c'est définitivement de passer plus de temps en famille, de prendre le temps de lire tous ces livres que je n'avais jamais le temps de lire, de cuisiner plus aussi (je sais, c'est cliché!). J'ai eu une période yoga au printemps. J'en fais moins. Mais je fais toujours du sport et mon 10 000 pas quotidien est devenu sacré. 

Et puis, je planifie mieux mes déplacements et mes achats. Est-ce que j'en ai vraiment besoin? Est-ce que je dois absolument aller acheté ceci aujourd'hui? 

Il nous appartient à tous d'être attentif et de poser des gestes qui viendront concrétiser nos bonnes intentions énoncées au printemps dernier. Poursuivons la réflexion. Quels changements durables voulons-nous faire dans nos vies? 

Pour répondre à la question, je pense qu'on a vraiment besoin de sortir du sentier et de mettre de côté tous les référents qu'on avait. Ils n'existent plus déjà ou ils n'existeront plus bientôt. Construisons le monde de demain. Hier n'existe plus.




dimanche 30 août 2020

La rentrée n'est plus ce qu'elle était

 


La rentrée n'est plus ce qu'elle était et ce n'est pas la faute de la pandémie. C'est la faute au temps qui passe et à nos enfants qui vieillissent. À mon ado qui grandit.

La rentrée scolaire a toujours eu quelque chose de magique. C'est un des grands moments de l'année. C'est un rituel important dans la vie des enfants (et de leurs parents). Reprendre le chemin de l'école pour retrouver les amis et faire de nouveaux apprentissages. 

Bien sûr, la rentrée signifie aussi le retour des devoirs et de la fameuse boîte à lunch. Ne vous en faites pas, vous savez comme moi qu'on y survivra tous!

Après les tumultes du printemps et le laxisme de l'été (lire ado qui passe le tiers de son temps à dormir, l'autre tiers au parc avec ses amis et le reste collé à son écran d'iPad), cela fait aussi du bien de retrouver une certaine routine.

Et c'est là que j'y viens. L'adolescence. Ma fille débute son secondaire 3. Pas de photo d'elle sur les médias sociaux cette année. (Alors qu'elle passe ses journées à faire des séances photos avec ses amies.) 

Elle ne voulait même pas que je fasse une publication pour dire à quel point je suis fière de son cheminement et lui souhaiter une belle rentrée. (Alors, j'ai fait pire et j'ai écrit ce blogue hahaha).

Vous comprendrez donc que la rentrée perd un peu de magie pour moi. Mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas important.

Au contraire, cela est d'autant plus important. 

J'ai l'impression que c'est souvent quelque part, là, au tournant de l'adolescence que certains jeunes perdent de leur motivation pour l'école. Ma fille n'aime pas autant l'école que moi je pouvais l'apprécier. Elle a besoin d'encouragement et d'une bonne dose de « pep talk » pour persévérer, même si, au final, elle réussit très bien. Elle a besoin de sa vie sociale et parascolaire pour accepter ce qu'elle aime moins de l'école.

Alors, j'ai l'impression que c'est d'autant plus important de célébrer la rentrée. C'est d'autant plus important que je sois là pour l'aider et l'accompagner. L'aider à trouver ce qui est « cool » à l'école, l'aider à voir le positif dans ce qui lui semble contraignant, l'accompagner dans ses apprentissages scolaires, mais aussi dans ses découvertes de la vie d'adolescente.

Je laisse ici deux citations de Stéphane Laporte, écrites dans un billet sur la rentrée, publié dans La Presse en 2019, et qui me rejoignent particulièrement. Je l'ai ai souvent répété à ma fille.

«N'y allez pas pour vous trouver une place après, allez-y pour vous y faire une place maintenant.»

«À l'école, il y'a plein de trucs qu'on n'aime pas, mais il suffit de trouver un truc qu'on aime.»

Eh oui, l'école, il faut en profiter et vivre ce moment pleinement, intensivement, même si ce n'est pas toujours évident. C'est là qu'on jette les bases de notre futur, mais c'est aussi là qu'on apprend à apprécier les petites joies du quotidien.

C'est en cette rentrée scolaire que je me rends encore plus compte que le rôle de parent ne se termine jamais. Il change et se transforme. On s'adapte. 

Et, même si ma fille est maintenant en secondaire 3, je vais encore me plonger dans ses manuels scolaires  avec elle cette année. Je veux suivre ses apprentissages et l'aider à cheminer. Je pourrais la laisser aller mais ces moments de discussions et de complicité sont essentiels pour moi. On va rire, on va se décourager (à faire de l'algèbre), on va se créer des anecdotes, des souvenirs.

Au fur et à mesure que nos enfants grandissent, on grandit encore avec eux. C'est ce que j'apprécie le plus de mon rôle de parent.

Il y a quelque chose de déroutant et de sécurisant à la fois dans le fait de voir grandir ses enfants. Déroutant, surtout à l'adolescence, parce que je me souviens de ma propre adolescence et cela me projette immanquablement dans le passé. Sécurisant, parce que je vois ma fille gagner en autonomie, prendre sa place, développer sa personnalité, avoir des opinions, s'exprimer.

Alors, c'est parti! Tout est possible en cette nouvelle rentrée!


lundi 15 juin 2020

Normalité programmée




Ainsi, trois mois ont passé....


Le déconfinement est bel et bien entamé. La vie normale, pas tout à fait normale, reprend. Je suis définitivement remonté à la surface après le creux de vague de mon dernier billet alors que je cherchais les rayons de soleil.


Si je suis beaucoup plus positive face aux prochaines semaines, aujourd'hui, j'ai comme l'impression que nous sommes dans une sorte de « no man's land», un entre-deux. Pas tout à fait normal, mais pas tout à fait confiné non plus.


Je peux maintenant retourner chez la coiffeuse... avec un masque.

Je continue de faire mon épicerie une fois par semaine pour éviter de faire la file.

Je peux réserver une table dans un restaurant près de chez moi.

Je continue de faire des achats en ligne pour limiter mes déplacements. 

J'ai pu retourner quelques fois physiquement au bureau.

Je me suis habituée au confort de ma maison pour travailler.


Ma fille termine cette semaine ses travaux scolaires.

J'ai refais trois mois de secondaire 2 avec elle (mais nous avons surtout fait le plein de fou rire et « d'inside jokes » pour un bout). 

Nous pourrons prendre des vacances cette été.

Bye bye le forfait au Mexique. Gaspésie, je reviendrai te voir!

Le prêt de livre recommence le 25 juin à la bibliothèque municipale, sur réservation.

Cette semaine, via Zoom, j'assisterai à une conférence qui devait avoir lieu à Toronto.


Quand je sors, le petit moment d'hésitation est devenu une partie de moi. À chaque geste que je pose, je me demande si j'ai vraiment le droit de le poser. Ai-je besoin de me sentir coupable d'entrer à la pharmacie simplement pour m'acheter de la crème à main et une brosse à dent? Puis-je prendre ma voiture et rouler jusqu'à Saint-Jean-Port-Joli pour aller marcher au bord du fleuve sans me demander si je fais un déplacement inutile?


En trois mois, on a eu juste assez de temps pour perdre certaines habitudes et s'en créer de nouvelles. Maintenant, il faut se déprogrammer et se reprogrammer pour autre chose, qui encore une fois est de l'inconnu.


Nous sommes « en liberté contrôlée », mais c'est quand même fou la vitesse à laquelle certaines habitudes reviennent rapidement.


Je m'étais dit, je n'irai plus dans les commerces le dimanche. Devinez qui était à l'épicerie dimanche soir juste avant la fermeture...


Qu'en est-il de nos bonnes intentions du début de la pandémie? Nombreux sont ceux qui ont écrit qu'il s'agissait d'un moment pour repenser le monde. J'y croyais. Je n'en suis plus si certaine.


Dans mon dernier billet, je disais que la spontanéité n'avait plus sa place et je viens tout juste d'écrire à propos du moment d'hésitation quand je sors à l'extérieur. 


Par contre, c'est quand même surprenant la vitesse à laquelle notre cerveau retrouve la spontanéité... tellement qu'on en oublie (presque déjà) qu'il faut encore faire attention. Vous lavez-vous autant les mains qu'au début de la pandémie? 


Je crois que certaines choses vont changer et qu'il faut tirer des leçons de la pandémie, de vraies leçons. Mais attention, chassez le naturel et il revient au galop. Je vois des gens autour de moi qui ont déjà recommencé à vivre « comme avant ». Ils sont trop contents de l'assouplissement des règles qu'ils font comme si il n'y en avait plus. Ils ont déjà oublié.


Si nous voulons que certains changements s'opèrent de façon durable, il faudra être très attentif et poser des gestes pour s'assurer de les pérenniser. Il faudra être lucide et constamment à l'affût. Quel est le bon que nous voulons garder? Quel est le moins bon que nous voulons éliminer? De quelle façon pouvons-nous assurer que les conclusions à tirer de cette pandémie seront les bonnes et qu'elles s'enracineront dans le temps?


Cela revient à chacun de nous de répondre à ces questions. Je n'ai pas de réponse. Je les pose tout haut pour rappeler qu'elles devront se poser. Si la pandémie nous a appris quelque chose c'est bien qu'il ne faut rien prendre pour acquis!




samedi 9 mai 2020

Cherchez le rayon de soleil



Ce soir, je relis le billet que j'ai écrit au début de la pandémie. Je me trouve tellement optimiste. Pas que je ne le sois plus. Ce billet ne fait que mettre en lumière toute la gamme des émotions par lesquelles je suis passée depuis bientôt deux mois (DEUX MOIS!).

Après ce premier billet, je m'étais dit que j'écrirais plus souvent. Puis, les jours ont passé et se sont enchaînés. Comme une suite de journées toutes pareilles. Comme une automate, je me suis mis au nouveau rythme et le temps a passé. Une semaine, deux semaines, trois semaines et ainsi de suite. Jusqu'à aujourd'hui.

J'ai vécu des journées de légèreté où je me sentais très bien. J'ai vécu des journées où je n'en pouvais plus d'être assise devant mon ordinateur de 9h à 17h, enchaînant les vidéoconférences les unes après les autres comme si c'était normal. J'ai vécu des journées de découragement total en voyant mon ado errer sans but dans la maison, se bornant à dire que l'école est optionnelle. Des journées d'inquiétude face au moral changeant et à la baisse de plusieurs proches.

J'ai pris des marches dans mon quartier en changeant de côté de rue quand je rencontrais quelqu'un. J'ai lavé mes mains avant et après être allée à l'épicerie. J'ai vécu la nouvelle façon de « scanner ses articles » et de les emballer à la pharmacie. J'ai vécu l'hésitation à toucher au dispositif pour mettre de l'essence dans ma voiture (un plein en 2 mois, pas mal).

La semaine dernière, je crois avoir atteint ma limite personnelle. On parle de plus en plus de surcharge cognitive et de fatigue mentale ou bien de « zoom fatigue », je peux témoigner que c'est bien vrai. Le télétravail est rempli d'avantages, mais les désavantages sont quand même là, surtout en ce moment. Et puis, en étant à la maison, les tâches quotidiennes deviennent omniprésentes. J'ai terminé la semaine complètement épuisée, sans énergie. J'avais déjà perdu le contrôle. Cette semaine, je me suis recentrée sur l'essentiel, j'ai revu mon horaire et la gestion de mon temps. Avec succès, heureusement.

Mais dans quel monde irréel vivons-nous maintenant?

J'ai cessé de regarder les statistiques sur les autres pays. Je me suis repliée dans la lecture de fiction plus légère et l'entraînement maison pour me changer les idées. Après avoir vu des projets se mettre en pause au boulot, j'ai vécu de la frustration. Puis, j'ai décidé de me concentrer sur le positif et ce qui avance. Il y en a quand même beaucoup. J'y reviendrai.

J'ai lu des tonnes de blagues sur la pandémie sur les médias sociaux. Au début, je riais aux éclats, puis je me suis mise à sourire et parfois, je me suis dit « ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle». N'empêche que l'humour aide à passer au travers et que ça aide à détendre l'atmosphère.

Car, c'est bien ça. La légèreté et les bonnes intentions du début ont fait place à des inquiétudes et des questionnements pour la suite. Le ton a changé. Notre attitude face à la situation a changé aussi. La normalité, plus personne n'y croit.

Nous avons été confiné. Nous avons (plus ou moins) réappris à vivre. Maintenant, nous avons peur d'être déconfiné, car nous avons perdu tous nos repères en société. Nous devrons revoir nos comportements, nous devons réfléchir avant de poser des gestes qui nous étaient tout à fait naturels auparavant. La spontanéité n'a plus de place.

Nous avons réappris à apprécier notre foyer. Une fois le grand ménage du printemps fait, les recettes de Ricardo testées, pour ceux qui en avaient le temps, que reste-t-il? Personnellement, j'ai trouvé le temps de participer à un concours de photos sur Instagram pour me sortir encore plus de ma zone de confort et me changer les idées. Oublier un peu la situation. Comme plusieurs, je tente de me créer une nouvelle vie et de me convaincre qu'on est bien ainsi.

J'ai toujours été plutôt du genre cocooning le soir et les fins de semaine. J'ai aussi besoin de moment seule avec moi-même. En contre-partie, j'ai toujours été entouré de gens dans ma vie professionnelle et j'ai toujours déclaré présente lors des événements sociaux importants. Je ressens de plus en plus cette coupure de mon réseau de contacts. Ce n'est pas si évident de maintenir le lien et les interactions en ce moment.

Cette semaine, j'ai fait un passage au bureau pour un après-midi. J'étais arrivé au point où je devais changer d'air. Je savais que le lieu était accessible et sécuritaire. Je n'ai jamais été aussi contente de parler quelques minutes avec le gardien de sécurité et le concierge! Pendant le trajet en voiture, le long du boulevard Champlain, j'avais presque l'impression de revivre et d'être dans une vie normale.

Il faut se le dire, nous sommes de plus en plus impatient face à la situation. Rester à la maison, c'est bien beau, mais ce n'est pas sensé être ça la vie. Nous sommes de plus en plus impatient de reprendre une sorte de vie sociale, hors écran. Pourtant, cela n'arrivera pas tout de suite. Ne nous faisons pas de cachettes. L'avenir est incertain et surtout inconnu.

Je vis dans une montagne russe.

Si en mars, nous voulions mettre des arc-en-ciel dans nos vies. Aujourd'hui, nous sommes rendus au point de simplement chercher un rayon de soleil. Tant pis pour les arc-en-ciel qui semblent inatteignables. Je crois que cela sera la clé pour la suite.

Soyons attentifs à nos états d'âme. Ne pas les garder en dedans. Il faut se rappeler qu'il vaut mieux transformer l'inconfort en opportunité. Chercher le positif dans les détails du quotidien. À la fin de la journée, prendre un temps d'arrêt pour relaxer, se demander ce qu'on a fait de bien dans la journée et ce qu'on voudrait améliorer pour demain.

S'accrocher à un rayon de soleil, c'est ce que nous pouvons faire de mieux pour le moment.



dimanche 12 avril 2020

Cette ruralité qui m'habite


J'avais cette idée de blogue depuis des mois, mais je n'arrivais pas à l'écrire. Et voilà qu'une idée pour l'après pandémie lancé par mon ami Clément m'a finalement donné l'élan qui me manquait pour le faire.

J'ai grandi sur une ferme laitière, à la campagne. J'ai grandi entre la plaine et le fleuve, bercée par les marées et les vents dominants de l'ouest.

Grandir à la ferme, ça veut dire vivre au rythme des saisons, vivre selon l'horaire des animaux, profiter du grand air et de grands espaces de jeu. Cela veut dire apprendre à cultiver la terre, à cuisiner des aliments frais, à reconnaître les espèces, les races, de la faune et de la flore.

Cela veut dire travailler de longues heures sans compter, mais toujours avec passion. Les agriculteurs sont des entrepreneurs qui font prospérer leur entreprise à la sueur de leur front, en étant à la merci des aléas de la nature.

Je me plais aussi à citer que des études ont déjà établi une corrélation entre la résistance aux allergies ou l'auto-immunité et l'exposition pendant l'enfance à des fermes ou à la vie à la ferme.

Et puis, on parle souvent des valeurs associées à la campagne: l'entraide, le partage, la persévérance, la simplicité de vivre, l'authenticité, etc.

J'ai toujours été convaincue que la ruralité avait contribué largement à faire de moi la personne que je suis. Je suis sortie de la campagne depuis quelques décennies maintenant mais jamais, cette fierté de la ruralité ne sortira de moi.

Je suis sortie de la campagne parce que la ville m'appelait aussi. Mais n'empêche que le besoin du fleuve et de la plaine se font régulièrement sentir chez moi.

« ... quand t'as goûté à l'air de la campagne, tu y reviens, tu finis par y revenir. »               - Gabrielle Roy, Bonheur d'occasion 

L'odeur du foin fraîchement coupé, les balles de foin qu'on entre dans la grange en pleine canicule, les vaches que l'on traie, les veaux qu'on fait boire au biberon, les chats qui courent partout dans l'étable, le harfang des neiges qui revient à chaque hiver, les oies blanches qui passent au printemps et à l'automne. Les promenades en tracteur, le temps des récoltes, les pique-nique aux champs, la pêche à l'anguille. Entendre le camion arriver pour venir chercher le lait, aller porter le grain récolté à la meunerie locale, faire du fromage maison, etc.

Quand je circule sur les routes du Québec rural, je ressens un profond respect pour ces hommes et ces femmes qui se donnent corps et âme à l'agriculture. Ne perdez pas patience quand vous êtes « coincés » derrière un tracteur qui roule trop lentement à votre goût, soyez fiers de celui qui le conduit et qui travaille pour vous nourrir.

Le Québec rural fait partie de notre histoire, de notre patrimoine. Il est encore essentiel aujourd'hui et il le sera toujours. Pourtant, trop souvent, je trouve qu'on le sous-estime.

De plus en plus de Québécois n'ont aucun membre de leur famille qui possède une ferme. Je suis maintenant du nombre. Cela me manque. Cela me manque terriblement.

Privé de l'entraide familiale d'autrefois, le Québec agricole dépend aujourd'hui de la main-d'oeuvre étrangère pour fonctionner. C'est triste et beau à la fois.

Et puis, trop peu de Québécois peuvent aujourd'hui bénéficier d'un véritable contact avec la terre, vivre l'expérience agricole pour vrai. L'émission Arrive en campagne présentée à TVA peut sembler anecdotique, mais pour moi, elle représente une belle vitrine pour la campagne. Tout comme, le Salon de l'agriculture, de l'alimentation et de la consommation, organisé à chaque année par des étudiants de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval.

Depuis quelques semaines, en pleine pandémie, la nécessité d'avoir une agriculture locale forte, innovante, créative est plus valorisée que jamais. Je suis heureuse que cette réalité revienne à l'avant-plan de l'actualité. Nos agriculteurs qui remplissent le garde-manger du Québec sont des entrepreneurs ingénieux qui ont besoin qu'on reconnaisse leur travail.

Ceci est un long détour pour revenir à l'idée de mon ami Clément. Mais voilà, cette semaine, il suggérait d'instaurer un service agricole obligatoire pour tous les jeunes Québécois.

« Ce serait une façon de prêter main forte aux agriculteurs et agricultrices québécoises (qui autrement dépendent de la main d'oeuvre étrangère), de développer des connaissances de bases en agriculture, et de mieux comprendre le circuit alimentaire, de la terre à notre assiette. »

Depuis longtemps, je me dis que tous les jeunes Québécois devraient avoir la chance de vivre une véritable expérience agricole de quelques semaines ou quelques mois dans leur vie. Pour voir, sentir, toucher, respirer, goûter, cultiver, récolter, élever, découvrir.... pour changer leur vie.

Je n'ai aucune idée de la façon dont cela pourrait se concrétiser. Mais il m'apparaissait important de le souligner ici. Pour qu'on n'oublie pas après la pandémie et que la valorisation du monde agricole soit durable.


Autre lecture sur le sujet:
Grandir la ferme : la garderie dans le champ
- Une histoire de famille depuis 1769



vendredi 27 mars 2020

Suivez l'arc-en-ciel...




Depuis le début de l'année 2020, j'avais accumulé plusieurs brouillons de billets de blogue, jamais publiés, jamais terminés. Soudainement, ils n'ont plus aucune importance. Tout ces sujets semblent futiles.

Depuis deux semaines, notre vie a basculé, tout prend un nouveau sens. Jamais, on n'aurait pu prévoir une telle situation. Surréaliste, inimaginable, les adjectifs manquent pour décrire ce que nous vivons. C'est de la science-fiction, avons-nous envie de dire.

Deux semaines, le temps de perdre l'équilibre, de s'adapter à la vitesse grand V à une nouvelle réalité et de se créer de nouveaux repères, de maintenir la routine sans la routine.

Deux semaines, c'est le temps que ça m'a pris pour réaliser vraiment ce qui se passe (est-ce que je le réalise vraiment?). Vivre dans l'incertitude, sans contact physique, avec des déplacements très limités, cela apparaissait tout simplement impossible. Et pourtant, on y arrive et on persévèrera.

Isoler, chacun chez soi. Plus solidaires que jamais.

Chaque matin, je me réveille en pensant que le cauchemar est terminé. #not

Puis, tout s'enchaîne. Télétravail, gestion familiale, les repas, petite marche dans le quartier, etc.

Un rendez-vous journalier avec Justin Trudeau et un autre avec François Legault. Ils nous livrent la nouvelle réalité du jour, ordonnent à ceux qui n'ont pas encore compris la gravité de la situation de rester chez eux, tout en nous offrant un « peptalk quotidien » pour nous aider à garder le moral.

Le soir venu, je tente de m'éloigner de l'ordi, des réseaux sociaux, de la télé. J'ai besoin d'une pause pour donner de l'oxygène à mon cerveau. Je n'y arrive pas toujours (comme en ce moment). Je finis par prendre un livre papier et à décrocher un peu.

Notre vie a changé. Les priorités d'il y a deux semaines ne sont pas les priorités de cette semaine. Les déplacements que l'on jugeait essentiel ne le sont plus tellement. Les achats compulsifs que l'on faisait sont devenus un « pensez-y bien » (à moins que vous vous défouliez sur les boutiques en ligne).

Je planifie chaque sortie méticuleusement. Je n'ai jamais aussi bien planifié les menus de la semaine et ma liste d'épicerie. À l'épicerie, je prends ce dont j'ai besoin et je me dépêche de sortir. J'ai fait mes achats pour deux semaines (du jamais vu!). Et j'ai décidé d'aller au même supermarché pendant toute la durée de la crise pour éviter de fréquenter plusieurs endroits.

Je n'ai jamais autant apprécié le confort de mon foyer, mon emploi pas menacé par la crise, le fait que ma fille réussisse bien à l'école (et qu'elle ne soit pas en danger d'échec malgré la coupure scolaire), le fait que notre société soit remplie de personnes dévouées qui assurent les services essentiels, juste le fait d'être en bonne santé et de vivre au Québec, au Canada, des sociétés solides qui ont à coeur leurs citoyens.

Je réalise qu'on a pris beaucoup de choses pour acquises. Notre confort, notre liberté, mais aussi la santé publique. Pour nous, une épidémie, c'était dans le temps de la Nouvelle-France, quand les gens mouraient du choléra. Nous avons bien beau avoir fait avancer notre société (industrie, technologie, science, éducation, etc.), la nature nous a rattrapé.

Cette tempête prend des allures de grand « wake-up call » collectif. Recentrons-nous sur l'essentiel. Dans l'urgence. Dans l'inquiétude. Avec de multiples contraintes. Mais revenons à la base.

Combien de fois avons-nous souhaité ralentir le temps? Le Québec est sur pause. Prenons le temps. Prenons ce temps. Même si ce n'est pas le meilleur contexte. Pour réfléchir. Pour être créatif. Pour apprécier tout simplement. Cuisiner, bricoler, apprendre, lire, découvrir, d'une nouvelle façon. Transformons l'inconfort en opportunité.

Il y aura un avant et un après pour notre société. Il y a des choses qui vont changer à tout jamais, pour le mieux, je l'espère. L'heure n'est pas encore au bilan. Vivons l'instant présent. Comme aucun autre moment que nous avons vécu avant.

La vie continue. Il ne faut pas l'oublier. Créons-nous de nouveaux repères, personnels et sociaux.


En terminant, pour détendre l'atmosphère, voici quelques-unes des phrases « savoureuses » que j'ai entendu cette semaine. Notez que c'est toujours la même ado qui est citée.

« Dans l'ancien temps, quand on pouvait aller "chiller" à Place Laurier. »
- une ado en manque de vie sociale

« À venir dans les cours d'histoire, les époques revues: préhistoire, renaissance, époque contemporaire, coronavirus...»
- une ado qui pense quand même un peu à l'école

« Au moins, on a de l'eau potable et de l'électricité [ndlr. incluant internet]. »
- une ado qui pense aux choses essentielles de la vie

« Je suis dans mon laboratoire anti-coronavirus. »
- une ado qui reste dans sa chambre à longueur de journée #distanciationsocialeX1000


On est capable. Tous ensemble. Ça va bien aller!

samedi 15 février 2020

Prendre le bus



Je l'ai mentionné dans mon bilan de l'année 2019. J'ai commencé à prendre l'autobus pour aller au travail. Cela demande quelques compromis mais l'expérience est quand même concluante jusqu'à maintenant.

Je tenais donc à vous partager mes constats plus en détails.

Tout d'abord, je dois dire que pendant les cinq années où j'ai habité à Ste-Foy, j'avais littéralement adopté le transport en commun. Puis, quand j'ai déménagé à Lévis (secteur St-Jean-Chrysostome), j'avais fait une croix sur cette option. Cela fait maintenant plus de 15 ans que j'habite la rive-sud et que je travaille à Québec. Cela n'est pas prêt de changer (pour des raisons familiales surtout).

J'avais souvent regardé les trajets d'autobus à partir de la rive-sud pour aller à Québec. Chaque fois, j'avais rejeté le tout du revers de la main en me disant que c'était trop compliqué. Mais là, j'avais vraiment envie de donner une chance au coureur. D'autant plus que quelques conditions favorables étaient désormais réunies.

L'hiver dernier, j'ai changé d'emploi. J'ai recommencé à avoir des horaires de travail plus réguliers sur la Colline parlementaire. De plus, ma fille est maintenant au secondaire. Le matin, elle peut se préparer seule pour l'école et le soir, elle peut s'occuper avant mon retour du travail. Cela m'amène une certaine flexibilité dans mes déplacements puisque je n'ai plus à aller à reconduire (et chercher) à l'école et qu'elle peut rester seule à la maison.

Donc, je me suis mise à analyser les trajets et à évaluer toutes les possibilités. Je suis presque rendue une spécialiste des trajets de la Société de transport de Lévis. J'ai commencé à faire des essais de trajets au printemps 2019 et au cours de l'été dernier. À l'automne, j'ai pris le bus de façon plus régulière. Et depuis le début de l'année, je compte sur les doigts d'une main les fois où j'ai pris ma voiture pour me rendre au travail.

En février, j'ai acheté pour la première fois un laisser-passez mensuel de la Société de transport de Lévis. Le calcul m'a montré que c'était devenu plus avantageux. Je garde aussi sur ma carte Opus des billets à l'unité du Réseau de transport de la Capitale, puisque c'est toujours pratique d'en avoir en réserve.

Mes déplacements

Tout au long de mes essais, les facteurs les plus déterminants pour moi ont été le temps et la simplicité d'utilisation (peu de transfert, horaires flexibles). Après de nombreux tests de parcours, je crois être arrivée à un modèle satisfaisant.

Je précise tout de suite que, dans tous les cas, je dois utiliser à la fois la voiture et le bus comme moyen de transport. Il y a un stationnement incitatif à 10 minutes de chez moi que j'ai maintenant adopté. C'est donc là que je me rends à chaque matin.
  • Je peux prendre un bus Express vers la Colline qui passe à cet arrêt à 7h26, 7h40 ou 8h22. Je débarque à l'arrêt du Grand Théâtre et je marche jusqu'au bureau. Le trajet prend environ 30-45 minutes. Cette option matinale est la meilleure, d'autant plus que le trajet est généralement plus court que si je prenais ma voiture. 
  • Si je veux partir plus tard ou si je manque l'Express, je prends la L2, qui est l'équivalent du Métrobus pour Lévis. Je débarque devant le CHUL et je monte dans un 800 ou 801 pour faire le reste du trajet. Le trajet prendre entre 40 et 55 minutes. Plus long, car il y a plus d'arrêts et un peu d'attente entre les deux (mais jamais plus de 5 minutes jusqu'à maintenant).
  • En fin de journée, je peux revenir jusqu'à ma voiture en prenant l'Express de retour. Je dois alors quitter le bureau à 16h30 ou 17h et marcher jusqu'au Centre des congrès. Le trajet dure environ 50 minutes + le 10 minutes pour revenir chez moi. Ce qui est la même durée que si j'étais en voiture à cette heure-là.
  • Si je termine plus tard (ce qui m'arrive au moins une fois par semaine), je dois prendre le Métrobus avant de transférer dans la L2. C'est la seule option où le trajet est plus long que si j'étais en voiture (50 minutes vs 30 minutes pour revenir du centre-ville). En dehors des heures de pointe, l'auto est plus rapide. 
Avantages et inconvénients

Après des années à avoir été coincée dans le trafic dans ma voiture, je vois plusieurs avantages à prendre le bus. À commencer par le fait de ne plus être au volant pour tout le trajet! Je me laisse conduire. Mon niveau de stress a diminué. Surtout en fin de journée, j'arrive beaucoup plus reposée à la maison.

Je peux lire pendant le trajet (wow! J'ai recommencé à lire de façon compulsive depuis que je prends le bus). J'ai de la difficulté à faire des suivis courriel ou autres sur mon téléphone parce que ça finit par me donner le mal des transports mais c'est quand même un avantage possible et occasionnel.

Je suis aussi plus active physiquement. Je marche plus quand je prends le bus (c'est bon pour mon objectif de 10 000 pas par jour!).

Par contre, cela me demande plus de discipline. Le bus passe à l'heure indiquée, une minute de retard et je le manque. Je dois donc m'arranger pour être prête à partir à l'heure. Pas de procrastination le matin et pas de « je termine cela avant de partir » le soir. Au début, cela m'irritait. Je me suis habituée.

Je trouve aussi cela un peu plate de faire partir ma voiture pour 10 minutes de route (surtout en hiver, elle a à peine le temps de réchauffer) mais cela fait partie des compromis acceptables.

Mes conclusions

Outre ces constats personnels, les conclusions plus sociales que je tire de l'utilisation du transport en commun sont les suivantes:

  • Le besoin pour du transport en commun à Lévis est réel et grandissant. Les bus sont très souvent pleins (ne vous fiez pas à la photo qui a été prise pendant les vacances de la construction l'été dernier). Il devrait y avoir encore plus de stationnements incitatifs.
  • Plusieurs aménagements urbains sont mal adaptés pour les piétons (absence de trottoirs ou mauvais éclairage près des arrêts, arrêts mal déneigés en hiver, lumière pour piétons qui prennent un temps fou à changer et qui peuvent faire en sorte que vous manquer votre bus). Cela est vraiment dangereux dans certains cas.
  • Comme je marche plus aussi, je me rends encore plus compte à quel point certains automobilistes peuvent être impatients envers les piétons. 
  • Les chauffeurs du RTC ne sont pas toujours courtois envers les chauffeurs de la STL comme si ils ne faisaient que les tolérer sur leur territoire et n'acceptaient pas de partager leur voie réservée avec eux.

À long terme

Ma démarche a été progressive. J'ai fait des essais avant d'être convaincue car j'étais des plus sceptiques.

Finalement, je dois dire que je me vois vraiment continuer à prendre le bus à long terme. J'y ai pris goût! Je suis beaucoup plus zen dans mes déplacements.




samedi 4 janvier 2020

Deux lectures inspirantes


J'ai terminé l'année 2019 et débuté l'année 2020 par deux lectures que j'ai trouvé très inspirantes. Normalement, je lis surtout des romans et je partage une photo de la couverture avec une citation tirée du livre sur mon compte Instagram et sur mon Twitter.

Cette fois, j'avais envie d'en dire un peu plus, alors me voici ici.

Innover à tous les coups ou presque de Fred Colantonio



Un livre sur l'innovation, donc, qui débute ainsi:

« Innover. Il ne s'agit pas d'imiter le déjà vu, encore moins de rompre avec l'essentiel. Il s'agit de changer le monde et de l'écrire au futur, durablement. »

Déjà, ce livre me parlait. Car j'ai toujours cru qu'il est possible de faire les choses autrement, de trouver des recettes différentes et gagnantes pour faire progresser notre société. Il y aura toujours des éléments de base qu'il faudra conserver pour ne pas perdre l'essence, le pourquoi on le fait. Le comment trouvera toutes sortes de forme.


Le livre a été écrit par Fred Colantonio, un Belge que je considère aujourd'hui comme un ami, pour l'avoir côtoyé à quelques reprises dans le cadre du WAQ et de la Semaine numériQC, et que je reverrai avec plaisir en 2020. Je dois aussi vous dire que j'ai contribué au livre, à l'invitation de Fred, par un témoignage sur ma propre expérience avec l'innovation.

Ce que j'ai particulièrement apprécié lors de la lecture, ce sont les nombreux exemples concrets d'innovation (et les contre-exemples - ne pas confondre innovation avec invention et créativité). Ces exemples agissent comme une puissante source d'inspiration. Les témoignages #éclairages donnent aussi beaucoup de sens à un concept qui peut être très abstrait.

Les ingrédients nécessaires à l'innovation sont présents. les raisons pour lesquelles ont le fait aussi.

« Favoriser l'innovation, c'est à la fois intégrer les trois temps forts que sont la transgression, les tests et la transmission, ainsi que chacune de leurs composantes, à savoir Oser, Investiguer, Expérimenter, Visualiser, Naviguer, Négocier et Recycler », écrit Fred dans son livre.


Surtout, ce livre donne le goût de persévérer lorsque l'on est dans une démarche d'innovation, notamment en déboulonnant les mythes et barrières psychologiques qui tuent l'innovation. 



Finalement, le livre s'attardent aux différents profils nécessaires dans une équipe afin de concrétiser l'innovation: le créatif, l'aventurier, le sceptique et l'ingénieux. Encore une fois, plusieurs exemples sont donnés. J'ai cru me reconnaître dans le profil de l'aventurier, qui est généralement celui qui favorise le passage à l'action et qui portera un projet en ralliant les autres profils autour de lui.

De quoi sont fait nos leaders? de Gérald Fillion



Il n'y a pas de description officielle du leadership et il est pratiquement impossible d'en présenter une qui ferait consensus. Ce livre tente néanmoins de présenter les traits communs de certains leaders québécois, principalement des entrepreneurs ou des dirigeants d'entreprises.

Pour préparer ce livre, le journaliste Gérald Fillion s'est inspiré des entrevues qu'il a réalisé dans le cadre de l'émission Vocation: leader, présentée à ICI RDI. Ainsi, 22 leaders québécois (11 hommes et 11 femmes) présente leur point de vue sur différentes thématiques comme la peur, l'argent, la chance, le doute, les sacrifices, la responsabilité et les échecs.

« Ils ont du charisme. Ils ont une vision, un propos, un engagement, une conviction. Ils ont le désir de développer, d'embaucher, d'investir, de créer, de refaire le monde. Ils sont entêtés, ils travaillent sans relâche, ils font de l'argent, mais considèrent que c'est un outil, un moyen d'avancer, et non pas une fin en soi. Ils lisent, ils savent convaincre, ils ont de la chance, ils sont curieux, ils sont exigeants, ils se lèvent tôt, ils écoutent leur voix intérieure », écrit M. Fillion dans l'avant-propos.

Le leadership est un état d'esprit. Je crois les gens les plus passionnés, qui ont une vision forte et le courage nécessaire pour la réaliser, ont le pouvoir de rassembler des équipes autour de projets communs.

Est-ce inné ou devient-on leader? La question est posée dans le livre. Les avis sont partagés. Je suis plutôt d'avis que tous peuvent devenir leader, si les conditions gagnantes sont en place.

Une chose est sûre, il y a généralement un point tournant, un déclic, qui fait que l'on devient leader (généralement sans le savoir au début, mais c'est le point de départ que l'on reconnaît par la suite).

De plus, les leaders interrogés étaient plus unanimes sur le fait qu'ils avaient grandi avec des exemples à suivre autour d'eux ou dans un environnement familial rempli d'encouragement qui leur permettaient de croire que tout est possible, que l'on peut devenir qui l'on veut à condition d'y mettre les efforts. Sur ces points, je suis tout à fait en accord.

Les leaders sont aussi ceux qui savent s'entourer des meilleures personnes pour arriver à leur fin. Ils sont bien conscients qu'ils ne peuvent accomplir leurs objectifs seuls et ils repèreront les atouts pour les atteindre.

C'est d'ailleurs ce que fait remarquer Marc Dutil, président et chef de la direction de Canam: « On est ce qu'on est grâce aux autres, et on fait ce que l'on fait pour les autres. Il faut prendre du plaisir à parler avec les gens, à les encourager et à travailler avec eux. On n'est pas au sommer seul, mais avec les autres ».

C'est aussi une image de M. Dutil que je retiens de ce livre: « Je vais vous le dire comme ça: il faut que je m'aventure sur la glace, et elle est mince... Peut-être que certains pensent que l'entrepreneur, c'est le fou qui va courir et réussir à passer s'il court assez vite. Moi, je pense que c'est celui qui va se chercher une bouée de sauvetage et un wet suit! ».

Encore une fois, beaucoup d'inspiration et d'exemples concrets dans cet ouvrage. J'aurai aimé y retrouver des leaders de l'ombre ou d'horizons plus diversifiés dans le livre. Il y en aurait tant d'autres à citer en exemple. Par contre, je comprends que le but présent n'était pas celui-là. Peut-être dans une phase 2...





Maintenir l'équilibre toute l'année




C'est devenu une tradition. Faire un bilan de l'année qui vient de passer et jeter un regard sur celle qui débute.

2019 aura définitivement été une année de (re)nouveau pour moi. En fait, cette année, elle a véritablement débuté en novembre 2018, par un coup de téléphone d'une certaine Joëlle Boutin (oui, celle qui est maintenant députée de Jean-Talon - il s'en est passé des choses en 2019!).

Elle m'invitait à participer au projet de la transformation numérique du gouvernement du Québec en me joignant au cabinet du ministre délégué Éric Caire. Ce que j'ai fait à partir du 21 janvier 2019, une date bien gravée pour moi.

Le défi est plus grand que nature. Il donne le vertige, il fait peur. Mais, en même temps, il fait rêver, il est stimulant, motivant.

Ce défi m'a d'abord sorti de ma zone de confort, tout en regroupant mes intérêts personnels (la cause du numérique (oui, c'en est une) et la politique). J'arrivais dans un univers que je ne connaissais pas, le fonctionnement de l'appareil gouvernemental et les dessous de l'univers politique. J'ai appris (beaucoup). Je me suis créé de nouveaux repères. J'ai rencontré des équipes formidables, des gens qui ont le service citoyen gravé sur le coeur, autant du côté de l'administration publique que du politique.

Je suis embarquée dans le projet de la transformation numérique gouvernementale avec la passion qui m'habite et la conviction toujours plus grande qu'il est possible de rendre le numérique concret dans la vie des gens, qu'il est possible de faire une différence dans la société.

Cela prendra du temps, des années d'efforts et de travail continu. Le parcours ne sera pas sans embûches, mais je me dis que ça vaut la peine de faire un bout de chemin, de trouver des « quick-win » qui permettront d'avancer un peu. En un an, nous avons déjà quelques réalisations et d'autres seront annoncées au début de 2020.

L'objectif ultime: des services gouvernementaux plus accessibles, plus simples et conviviaux pour l'ensemble des citoyens. Oui, je l'ai déjà dit, le défi est plus grand que nature. Il faut y croire pour le réaliser et j'espère que les sceptiques seront confondus, comme disait le Capitaine Bonhomme.

2019 m'aura aussi permis de retrouver un certain équilibre de vie, une conciliation travail-famille plus satisfaisante. J'ai recommencé à aller au gym plusieurs fois par semaine. J'ai même commencé à prendre le bus pour aller au travail quelques fois par semaine, ce qui a fait diminuer mon niveau de stress drastiquement et me permet de lire plus.

Après des années à chercher des façons de ralentir, je crois que j'y suis finalement arrivée à trouver une recette pas pire. Je dis ralentir dans le sens de reprendre le contrôle, apprendre à relativiser les aléas du quotidien, à mieux prioriser, à faire de meilleurs choix. Je dis ralentir aussi dans le sens de changer d'attitude face à la vie, ce qui veut dire qu'on ne peut pas tout faire et qu'il faut cesser de culpabiliser pour qu'on n'a pas fait entrer dans l'agenda.

Tout n'est pas parfait et le défi est certainement de maintenir l'équilibre à long terme. Surtout que, dans l'univers politique, l'agenda est souvent dicté par l'actualité. Déjà, en était consciente de tout cela, je crois être sur la bonne voie.

D'ailleurs, 2019 m'aura aussi amené de prendre du recul et de me recentrer sur les valeurs qui comptent le plus pour moi:
  • l'authenticité - savoir qui l'on est, d'où on vient et rester soi-même, ne pas jouer de rôle;
  • la gratitude - être reconnaissant pour ce que l'on a et ne jamais rien prendre pour acquis;
  • la collaboration - seul, on va plus vite; ensemble, on va plus loin;
  • l'ouverture -  c'est par le mélange des idées que l'on arrive à un résultat final concluant, l'écoute, le partage, le compromis, personne n'a la vérité absolue tout seul
J'ai déjà écrit qu'il faut faire plus de place dans notre vie pour ce qu'on aime et en garder moins pour ce qu'on n'aime pas. Ces valeurs guideront certainement le choix des plus.

Dans le plus concret, pour 2019, j'avais pris deux résolutions : Pas de cellulaire en auto et revaloriser le sommeil. Globalement, j'ai plutôt bien réussi (et j'ai même appliqué la règle du « pas de cellulaire » en bus). Je souhaite bien sûr poursuivre dans cette voie en 2020 parce que ce sont des acquis qui sont fragiles quand même (un 30 minutes sur Facebook et Instagram est si vite passé au moment de se mettre au lit le soir!).

Pour 2020, je formule deux souhaits :
  • Faire de meilleurs choix dans le menu quand je vais au restaurant (si vous partagez un repas avec moi, n'hésitez pas à me le rappeler.)
  • Prendre un peu plus de temps de moi pour moi (Celui-là est un véritable défi mais si j'arrive à prendre quelques minutes par jour pour écrire tranquille, je serai bien contente.)
Sur ce, je suis prête pour 2020. Je vous en souhaite une bonne!