vendredi 18 décembre 2020

Les fleurs

 

Comme le veut le vieil adage, nous arriverons tous à Noël en même temps encore cette année. Par contre, le chemin parcouru pour y arriver aura été bien différent d'une personne à l'autre. Pas besoin de le répéter, l'année a été difficile pour plusieurs. J'y reviendrai dans mon traditionnel bilan annuel.

La semaine qui se termine aura peut-être été l'une des plus éprouvantes pour bien des parents québécois. La fatigue accumulée aidant, les journées de gestion des enfants à la maison et du télétravail (lorsque possible) auront été tout un défi.

On a entendu toute sorte d'histoire dans les médias. Pas besoin de le répéter, la « prestation de service » est très inégale, des enfants ont été laissé à eux-mêmes, le nombre d'appareils électroniques disponible pour les élèves est encore un enjeu, l'accès à Internet demeure un défi pour certain. À ce sujet, la bande passante du Québec a dû être mise à rude épreuve. Dans la journée de jeudi, c'était pratiquement impossible de tenir une conversation en vidéoconférence avec quiconque. 

Alors, je n'ai pas envie de revenir sur tout ce qui « accroche » en éducation en ce moment au Québec. D'autres l'ont mieux décrit que moi, et les commentaires sont nombreux sur la page Facebook de notre premier ministre.

Plein de gens ont lancé des pots publiquement. Je veux plutôt lancer des fleurs.

Ce soir, je vais poursuivre sur ma lancée et parler de ma situation personnelle. Car à travers toutes les histoires d'horreur qu'on a entendu dans les derniers jours, il y a heureusement du beau aussi.

Et moi, j'ai simplement envie de lever mon chapeau aux enseignants de l'École secondaire l'Horizon de Lévis. Et j'oserai même étendre au Centre de services scolaire des Navigateurs car j'ai entendu d'autres beaux témoignages en lien avec ce CSS.

Les enseignants de l'Horizon ont multiplié les initiatives au cours des dernières semaines afin de maintenir un milieu de vie agréable à l'école et en ligne pour les élèves de 3e secondaire. Je pense qu'après presque 2 mois d'enseignement hybride, ils sont rodés. Les activités proposées sont pertinentes, les cours en ligne sont justes assez longs, la charge de travail est correct, les élèves progressent. 

Les enseignants font travailler les élèves en équipe, enregistrent des capsules, présentent des vidéos, font des quiz, etc. Je sens qu'ils sont de plus en plus à l'aise (j'écoute en catimini les Meet de ma fille... chut, faut pas le dire!). Les évaluations ont eu lieu normalement.

La nouvelle routine est prise par les élèves et les enseignants. Je le vois dans le comportement et l'attitude de ma fille. Si au début du « un jour sur deux », il fallait que je l'encourage à compléter les travaux, elle se met maintenant à la tâche naturellement. Quand elle a des questions, elle me consulte (j'avoue que j'ai mis mon grain de sel dans ses productions écrites) ou elle communique avec ses enseignants via Meet. Alors, cette semaine, c'était du « déjà connu » pour elle.

Comme me disait aussi une de ses enseignantes récemment: « Nous avons perdu tous nos repères avec la mise en place de l'enseignement hybride, mais nous retombons sur nos pattes. » Oui, elle a quand même des inquiétudes pour certains élèves en difficulté. Oui, elle cherche encore des façons de maintenir un lien plus fort avec les élèves malgré la distance.

Et oui, tout n'est pas parfait, mais je pense que, dans ce cas, l'équilibre est atteint.

Mais cet équilibre n'est pas arrivé par magie. Cela fait des années que cette école (et le CSS au complet) a entrepris sa transformation numérique. Les enseignants ont été formés, la majorité des élèves avaient déjà des iPad ou des ordinateurs personnels bien avant la pandémie, les parents sont habitués au portail scolaire et aux communications sans papier. Bref, on était prêt et on avait sans doute une bonne longueur d'avance sur d'autres. Aujourd'hui, je pense qu'ils récoltent simplement le fruit des efforts et des investissements des dernières années. Il y a eu des ajustements à faire mais ça se passe bien, à mon sens. Alors, je leur lève mon chapeau.

Je me compte tellement chanceuse d'être dans cette situation lorsque j'entends d'autres histoires invraisemblables et tellement choquantes autour de moi. 

Je ne peux que sympathiser avec les parents, les enfants et les enseignants qui se retrouvent démunis en ce moment et sans ressources adéquates pour faire face à la situation. 

Je ne peux que rêver qu'un jour, le numérique pourra véritablement se déployer partout dans le système scolaire et dans nos foyers. Le potentiel est tellement grand.

PS. La photo illustrant ce texte est celle d'une oeuvre culinaire de ma fille entre deux Meet.