jeudi 29 juin 2023

10 choses à retenir de l'événement Humanitek

 



Le 15 juin dernier, j'ai fait un petit aller-retour à Montréal en train. Bien que j'ai fait ce déplacement pratiquement à toutes les semaines à une autre époque, c'est assez rare maintenant que je le fasse. Alors pourquoi cette escapade?

Parce que Numana (ou anciennement TechnoMontréal) organisait la journée Humanitek et que je tenais à y participer. Il s'agit d'un événement annuel d'une journée autour des technologies émergentes. Une belle occasion de voir venir, de réfléchir aux possibles et surtout de rencontrer des gens qui aiment aussi se projeter dans l'avenir.

Et justement, la journée a été riche en rencontres (Allô Stéphane, Pascal, François (x2), Cassie, Florian, Alexandre et cie!). Ça fait donc du bien de pouvoir prendre le temps, de se retrouver et jaser! Juste pour ça, ça valait le déplacement!

Les conférences de la journée ont porté sur 4 thèmes : 

  • Les humains et la technologie dans les villes du futur
  • Le métavers
  • Les réseaux de télécommunication de nouvelle génération
  • Les tendances des technologies émergentes

Elles en valaient aussi la peine. Je ne résumerai pas tout. Il fallait y être (hihi) pour profiter du discours de chaque conférencier. 

Je dirai simplement que j'ai eu un gros coup de coeur pour Carlo Ratti du MIT Senseable Lab. Avec sa présentation, il a bien démontré comment les technologies peuvent être utiles à la prise de données dans les villes, sans être invasives pour les citoyens. Les résultats obtenus offrent des statistiques réelles pour orienter les décisions de façon concrète et efficace. 

Par exemple, nous connaissons de mieux en mieux les chaînes d'approvisionnement à travers de nombreux outils de traçabilité. Mais, qu'en est-il de la chaîne de déchets? Laissez-moi vous dire qu'il y a du chemin à faire pour optimiser le tout! Il en a fait la démonstration avec l'un de ses projets où des « tag » étaient apposés sur des rebuts en tout genre. Le trajet parcouru par certains est fascinant et porte nécessairement à réflexion.

Également, par l'analyse de la nature des communications électroniques des personnes sur le campus du MIT, il a aussi fait la démonstration que la pandémie a eu pour effet de réduire considérablement les cercles sociaux. Si les technologies ont pu permettre le maintien des échanges, ceux-ci se sont concentrés sur un cercle réduit de contacts (qui se rétrécissait au fur et à mesure que la pandémie se prolongeait). « Pourtant, on sait qu'il faut sortir de son cercle immédiat pour innover, générer de nouvelles idées, provoquer des chocs d'idées », a-t-il rappelé. M. Ratti a donc terminé sur un appel à sortir, à se rencontrer, à créer des contextes pour aller au-delà de ce qui existe déjà. J'aimerais bien le réentendre à Québec en 2024 🤔!

Le top 10 de la journée

Tout au long de la journée, Cynthia et Florian, les deux animateurs et membres de l'équipe de Numana, ont pris des notes de ce qu'ils retenaient des conférences. En conclusion, ils ont présenté les 10 choses à retenir. Avec leur permission, je vous les présente aussi. 

  1. Une convergence entre l’intelligence artificielle et le quantique s’en vient, mais ces technologies ne sont pas au même niveau de maturité et de compréhension pour l’instant.
  2. Pour résoudre des problèmes révolutionnaires, il faut penser à long terme.
  3. « Think big, start small and scale fast. »
  4. Le changement des procédés et des habitudes, c’est 70 % du travail de transformation technologique.
  5. Miser beaucoup sur le développement de la technologie responsable au niveau des ressources humaines d’une entreprise et éviter le sur-usage de la technologie.
  6. Les questions d’identité numérique et d’anonymisation des données questionnent sur la lourdeur des processus d’approbation pour les utilisateurs, faudra-t-il des approbations pour la moindre utilisation de chaque donnée?
  7. On sent que l’ensemble de l’industrie se préoccupe de la question climatique.
  8. Il y a un désir de garder les interactions humaines réelles en parallèle des interactions numériques dans les environnements virtuels.
  9. Il y a de la place pour de nouveaux modèles d’affaires quand on pense à l’avenir des réseaux, mais le Québec est très créatif. On doit imaginer des modèles holistiques (qui impliquent de multiples fournisseurs).
  10. « The future is open. It is not predetermined. No one can predict it, except by chance. We all contribute to determining it by what we do. We are all equally responsible for its success. »
Finalement, je remercie l'équipe de Numana pour l'organisation de cette journée de qualité. Je sais qu'il y a beaucoup de travail dans ce type de journée. Ça en valait la peine!

On s'y voit l'an prochain?

mardi 27 juin 2023

Le métier de journaliste

 


Aujourd'hui, j'ai envie de vous raconter une histoire qui est un bel exemple de ce que j'aime de mon travail avec l'École branchée. C'est une série de moments qui s'enchaînent et qui montre le beau en éducation. Une occasion qui se présente et qu'il faut saisir. 

  • 21 avril : Je reçois un courriel d'Ann Dontigny, conseillère pédagogique RÉCIT au Centre de services scolaire au Coeur-des-Vallées. Elle me propose de réaliser une entrevue avec une enseignante qui intègre le numérique à sa pratique et qui a conçu un journal numérique avec ses élèves au cours de la dernière année.

  • 26 mai : L'entrevue a lieu via Teams avec Ann, Serge Langlois, un de ses collègues RÉCIT, et Josiane Desjardins, l'enseignante de 6e année. Au cours de l'entretien, je ne peux m'empêcher de poser des questions sur l'éducation aux médias. Est-ce que le métier de journaliste a été présenté aux élèves? La réponse : « Un peu, mais pas tant que ça. Voudrais-tu le faire, toi? ».

C'est ainsi que je me retrouve à préparer une présentation sur le métier de journaliste. C'est une belle occasion de faire une introspection sur ce qui m'a conduite vers celui-ci et sur ce que cela représente pour moi.

  • 14 juin : Mon article présentant le projet de journal numérique est publié sur le site de l'École branchée. Juste à temps pour ma rencontre avec les élèves de Mme Josiane.

Il commence ainsi : 

« Tout au long de l’année scolaire, les élèves de 6e année de Josiane Desjardins ont produit quatre éditions de leur journal numérique de classe. Alors que le projet devait être terminé, ils ont supplié leur enseignante de produire une édition bonus avant le départ pour les vacances. Voyons ce qui se cache derrière la réalisation de ce journal qui crée des synergies dans la classe, dans l’école et même dans la communauté. »

Maintenant, je vous raconte la suite, qui n'est pas dans mon article. J'ai donc préparé une présentation. J'avais aussi reçu des questions de la part des élèves. Pour certaines, les réponses se trouvaient dans ce que j'ai prévu. Pour d'autres, non. Et je dois avouer que certaines me font réfléchir. 

À 11h, le 14 juin, je me connecte au lien Teams et je fais la connaissance de la classe de Mme Josiane.

Voici quelques exemples de questions et les réponses que j'ai données : 

  • Pourquoi avez-vous décidé d'étudier le métier de journaliste? 
    • Au départ, c'était parce que je voulais devenir journaliste sportive pour suivre les Nordiques de Québec (oui, des élèves connaissaient les anciens Avalanches). Ensuite, c'était parce que j'aime écrire, j'aime être informée, j'aime partager, expliquer, j'aime le contact avec les gens.

  • Quelles sont les qualités requises pour être un bon journaliste? 
    • Je réponds la curiosité avant tout, être ouvert d'esprit, s'intéresser à toute sorte de sujet. Ensuite, on ne peut passer à côté de la qualité de la langue écrite et parlée. Savoir s'exprimer de façon adéquate, être bon vulgarisateur. Il faut aussi savoir écouter les autres, observer, être attentif, avoir du flair pour ce qui mérite d'être partagé.

  • Quel est l'article que vous avez aimé le plus faire et pourquoi? 
    • Les articles que j'ai aimés le plus écrire sont ceux qui m'ont sorti de ma zone de confort. Ce sont les fois où j'ai écrit sur des sujets que je ne connaissais pas et que je devais décortiquer pour les comprendre. Je dis toujours que si je réussis à expliquer ces sujets de façon compréhensible, tout le monde comprendra. Un exemple : un dossier sur le transport maritime au début de ma carrière.

  • Avez-vous déjà eu le syndrome de la page blanche au moment d'écrire un article?
    • Ça peut arriver plus souvent qu'on pense. Dans ce temps-là, j'attends. Je passe à une autre tâche. Je dis toujours qu'il ne faut pas forcer les textes. Ils se construisent dans ma tête et quand ils sont prêts, je les écris.

  • Quel conseil donneriez-vous à une personne qui veut devenir journaliste?
    • Intéressez-vous à toutes sortes de sujets. Lisez et écoutez des nouvelles. Écoutez les gens quand ils parlent pour voir ce qui les intéresse. Ouvrez vos horizons.
    • Et j'ai fait un clin d'œil à mon ami Denis Martel, producteur de balados, que j'avais reçu en entrevue récemment.



À 11h50, on se quitte. La cloche va sonner l'heure du dîner. Finalement, j'ai passé un bon moment avec ces jeunes de 6e année et leur enseignante. Je les remercie de m'avoir accueilli (virtuellement) dans leur classe. Si j'ai pu faire une différence pour ces élèves, j'en suis heureuse.


Pourquoi en parler?

Pourquoi je trouvais important de dire oui à la proposition de Mme Josiane et de parler du métier de journaliste à ces élèves? Pourquoi je le ferai à nouveau si l'occasion se présente? 

Parce que de plus en plus de gens décrochent des médias et de l'information. Il est facile de devenir cynique face aux médias. Dans certains cas, ce sont les médias eux-mêmes, par leur couverture sensationnaliste, qui en sont la cause (malheureusement). Il y a pourtant un guide de déontologie à la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, dont je suis membre.

Parce que les sources d'information se multiplient et que la désinformation, la mésinformation et les fausses nouvelles n'ont jamais été aussi nombreuses (recherchez la différence entre chacun). 

Parce que, pourtant, il n'a jamais été aussi important de s'informer, de comprendre le monde qui nous entoure pour participer activement à la société. 

Parce que le métier de journaliste doit être valorisé pour ce qu'il est : une contribution à la vie communautaire et démocratique, un partage et une circulation de faits et d'idées, de façon équitable et neutre, avec l'objectif d'amener le monde à être meilleur. 

À ce sujet, j'ai bien aimé le cri du coeur de Marie-France Bazzo, publié dans La Presse récemment. J'avais déjà écrit au sujet d'un autre écrit de Mme Bazzo : Les médias pourraient faire partie de la solution. Je vous invite à lire si le sujet vous intéresse.




samedi 24 juin 2023

42 Québec, partenaire de l'événement Rêver l'impossible

 

ET SI LA PÉDAGOGIE DE 42 QUÉBEC POUVAIT ÊTRE APPLIQUÉE DANS D’AUTRES CONTEXTES ÉDUCATIFS?


42 Québec a eu l’honneur de participer à l’événement Rêver l’impossible, à la Tohue, à Montréal, le 20 juin 2023. Nous avons pu contribuer à une activité d’introduction au Design Thinking qui a réuni plus de 400 jeunes de 18 à 30 ans. Initiée par le président de Desjardins, Guy Cormier, l’activité avait comme ambition de réfléchir à des solutions aux enjeux actuels. 

Les jeunes, provenant de tous horizons, devaient préalablement choisir un thème (environnement, éducation et emploi, finance et économie) et écrire une lettre de motivation pour participer à l’événement. Ainsi, un groupe de huit d’entre eux a été invité à relever le défi proposé par 42 Québec sous le thème de l’accès à une école équitable, inclusive et adaptée. 

L’objectif de l’atelier était de répondre à la question : Comment pourrions-nous repenser les modèles éducatifs (en contexte scolaire ou d’apprentissage tout au long de la vie) pour permettre aux jeunes de développer les compétences associées à l’économie numérique d’aujourd’hui?

DÉROULEMENT DE LA JOURNÉE

L’animation de l’atelier de Design Thinking du parcours Bâtir avait été confiée à Marie-Christine Messier de La Factry. Elle a d’abord présenté les 5 étapes que les jeunes allaient vivre au cours des quatre heures suivantes. Il s’agissait donc d’un atelier de Design Thinking en accéléré, puisqu’habituellement, chaque étape peut durer une journée.

1- EMPATHIE

Les huit membres de l’équipe, qui ne se connaissaient pas et qui provenaient d’horizons très diversifiés, se sont rapidement mis en action pour découvrir le défi proposé dans un document de mise en contexte qui leur a été remis. Ils ont, dans un premier temps, posé des questions sur la formule 42 Québec, auxquelles Martin Boivin, directeur général de Québec numérique, et Martine Rioux, vice-présidente du conseil d’administration, ont répondu. Les sujets de l’éducation en général et des compétences qui deviennent incontournables dans le monde d’aujourd’hui, autant au travail que dans la vie de tous les jours, ont ensuite été abordés.

Nous en avons profité pour leur présenter le Référentiel québécois des compétences du futur de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), ce qui a fait écho chez le groupe. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la CPMT est le principal partenaire financier de 42 Québec.

2- DÉFINITION

C’est le moment où l’on a complété la carte d’empathie et construit un persona, avec les conseils du facilitateur, David Pan, coach agile chez Desjardins. Ces outils ont permis de définir ce dont les jeunes ont besoin pour se sentir engagés, motivés à apprendre, et valorisés dans leur milieu scolaire, et dans la vie en général.

 

3- IDÉATION

C’est l’étape où on a imaginé toutes sortes de propositions permettant de répondre à la question du départ. Chaque proposition devait commencer par « Et si… ». Une fois les propositions individuelles rédigées, chacun a partagé son top 4 aux autres en les apposant sur un tableau. 

C’est à cette étape que la chimie du groupe s’est installée définitivement, en découvrant que leurs idées convergeaient vers des thèmes communs. On a bien senti que tous se donnent le droit de rêver à de meilleurs contextes d’apprentissage inclusifs. 

Nous avons terminé l’idéation par un vote pour déterminer les idées les plus intéressantes pour la suite de l’atelier, en classant les idées par thème : la collaboration au cœur de la pédagogie, l’apprentissage dans la pratique, revoir le système d’évaluation. C’est le premier thème qui l’emportera!

4- PROTOTYPAGE

C’est ensuite le moment de passer de l’idée au concept. Après des hésitations de départ, les jeunes sont parvenus à développer un prototype de programme qui pourrait être proposé dans les établissements d’enseignement à titre de programme particulier. Celui-ci serait composé de projets collaboratifs, répondant aux intérêts des jeunes, et favoriserait le développement des compétences transversales. À terme, l’objectif serait de déployer le programme pour en faire une offre régulière et non plus un programme optionnel.

5- TEST

Il fallait ensuite tester le prototype. L’équipe a alors présenté son concept à deux autres équipes et répondu aux questions et commentaires. Le programme collaboratif a été très bien reçu. Les commentateurs se sont demandé comment généraliser ce genre de programme dans les écoles et le faire reconnaître par le Ministère de l’Éducation. Tous s’entendent pour dire que les compétences transversales sont devenues essentielles et que l’école « traditionnelle » ne les met pas assez en valeur.

UNE CONCLUSION INSPIRANTE

Au terme de la journée, l’ensemble des jeunes a été réuni dans la grande salle de la Tohue pour une dernière activité de partage. Deux autres équipes avaient travaillé sur la thématique de l’éducation, et les trois équipes ont présenté leur affiche respective. L’apprentissage par les pairs, l’entraide et la collaboration, le système d’évaluation par pointage et rétroaction, les parcours personnalisés; les idées convergent. Tous ont le sentiment d’avoir accompli un pas pour l’avenir et osent croire que leurs prototypes pourraient se concrétiser.

C’est finalement Guy Cormier, le président de Desjardins, instigateur de l’événement, qui a clos cette journée. Ceci étant dit, il a été présent et a assisté aux discussions tout au long de l’atelier. Il nous a offert un résumé des discussions qu’il a entendues sur l’environnement, l’éducation, l’emploi, le logement, la finance et l’économie.

« Vous avez tous envie de changer le monde et vous êtes en mode solution. Vous avez bâti sur les idées des uns et des autres. Vous avez fait preuve d’audace, de perspicacité. Bravo! »

Il a conclu en invitant les jeunes à l’action. « Je vais porter vos idées, mais n’attendez pas. Vous avez le devoir de vous mettre en action. Faites le premier pas pour que vos idées se concrétisent. »

Merci à Desjardins d’avoir permis à 42 Québec d’être partenaire de l’événement Rêver l’impossible.


Cet article a d'abord été publié sur le site Web de 42 Québec : https://42quebec.com/blogue/rever-limpossible/ 

mardi 7 février 2023

Classe de français et autres dérives systémiques

 

D’aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours aimé lire, aimer écrire. Ça a toujours est difficile pour moi de comprendre comment on apprend à écrire de la bonne façon. Pour moi, ça s'est fait naturellement. Aujourd'hui, je vis de ma plume (de mon clavier, en fait) et c'est ce que je fais depuis toujours. Je ne peux pas m'imaginer faire autre chose.

Quand je parle avec des gens, ils pensent que j'avais tout bon à l'école en français. Oui, j’avais des bonnes notes, j’avais des idées. Mais quand il fallait écrire de façon formatée en respectant des consignes bien précises, ce n'était pas ma force. L'écriture, c'est un exercice de créativité, d'imagination, qui devrait être sans limite. À l'école, on avait toujours un carcan de normes à respecter pour répondre aux exigences du programme, du ministère.

Maintenant, je vous transporte en 2023. Est-ce que les choses ont changé? Apparemment non. C'est l'histoire de ma fille qui a grandi avec des tonnes de livres autour d’elle et qui aimait se faire lire des histoires, mais qui n'aime pas lire tant que ça. C'est l'histoire de ma fille qui a souvent le syndrome de la page blanche quand elle a un texte à écrire. Elle a toujours eu de bonnes notes quand même. Quand la motivation n’était pas au rendez-vous, je me transformais en coach inspirationnel.

Pendant la pandémie, une belle occasion s'est présentée durant tout le temps de l'école à la maison. J'ai passé beaucoup de temps avec elle pour l'aider dans ses rédactions. Je ne le faisais pas à sa place, je lui donnais de la rétroaction en direct. Je lui expliquais pourquoi, je lui montrais comment, je la faisais réviser et corriger. Bref, elle avait un accompagnement personnalisé. 

Et waouh, les résultats ont été au rendez-vous. Quand elle est retournée en classe, je n'étais plus à ses côtés pour la conseiller, pour lui dire quel mot utiliser à la place de, as-tu pensé à, etc. Elle s'est retrouvé avec les meilleures notes de sa vie en français écrit. Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'avec de l'aide, tout est possible. Elle a eu son premier Méritas en français en secondaire 4. Elle était bien fière. 

Cette année, en secondaire 5, quand elle a eu son premier cours de français. Elle m'a texté (oui, elle utilise son cellulaire en classe!) pour me dire : « Maman, la prof est géniale, tu l'aimerais tellement, je vais aimer mon cours de français cette année ».

Et c'était vrai. Depuis le début de l’année scolaire, son enseignante propose des activités intéressantes, des lectures actuelles, des balados captivants à écouter, des films en lien avec les lectures faites, des présentations orales engageantes. Ma fille n'avait jamais autant aimé un cours de français et c’est grâce à son enseignante.

Mais voilà, tout a basculé par un beau jour de janvier. Elle est revenue à la maison en me disant qu'elle avait un devoir de français à faire. Il fallait qu'elle rédige 6 (!) sujets amenés sur deux sujets différents, donc 3 pour chaque sujet. 

Je me suis tout de suite douté de ce qui se passait.

Moi : Vous êtes en préparation de l'épreuve ministérielle de fin d'année?

Fille : Oui, c'est ce que l'enseignante nous a dit. Elle va nous montrer comment faire dans les prochaines semaines et pas mal pour le reste de l'année.

Moi :  … (Je suis sans voix)

Fille :  Ça avait l'air de la stresser encore plus que nous.

Moi, sans filtre : Je ne peux pas croire que les choses n’ont pas changé. Après, on se demande pourquoi les jeunes n'aiment pas le français.

Il y avait une sélection de sujets. On a choisi le féminisme et l’enseignement en ligne et on a fait le devoir ensemble. Et attention, il ne fallait surtout pas laisser transparaître une opinion dans ce sujet amené, ça va venir après! Sérieusement, qui écrit un sujet amené de trois phrases dans la vraie vie? Même moi, je ne fais jamais ça. Une phrase ou deux, peut-être, mais trois!? 

Le pire dans tout ça, c’est qu’en l'espace d'une période, son enseignante était passée de prof « cool » à prof qui allait les « entraîner » à réussir l'épreuve (le mot est si bien choisi) ministérielle de français de secondaire 5. Allô la motivation autant pour les élèves que pour l'enseignante!

Je n’ai pas de solutions. Je ne sais pas comment on devrait évaluer la qualité du français écrit chez les élèves. Mais quelque chose me dit que cette façon n’est pas la meilleure. C'est peut-être la moins pire qu'on ait trouvé jusqu'à maintenant. Y a-t-il quelqu’un qui cherche une bonne pratique?

Je me doute déjà que, la semaine prochaine, on va pratiquer le sujet posé, et la semaine suivante, ce sera au tour du sujet divisé. Après, on va apprendre à bâtir un argumentaire. On va construire une belle recette de texte formaté, comme dans le temps, comme toujours. Pourtant, le français, ça devrait plutôt être d'apprendre à donner du sens à sa pensée, apprendre à s’exprimer, à jouer avec les mots, à faire des sonorités.

Dans les prochaines semaines, je vais mettre mon habit de coach motivationnel. Je vais aider ma fille à réussir cet examen, à pratiquer. Je n'ai pas le choix. Le système est fait comme ça.

J’ai tellement une pensée pour les autres élèves, les jeunes qui n’ont pas des parents qui, comme moi, prennent plaisir à s'amuser avec le français. Toutes ces jeunes dont les parents ne cessent de répéter que « le français, c’est compliqué, pis c pas grave si tu passes pas ». Ou ces jeunes dont les parents immigrants ne connaissent pas le français et ne peuvent pas les aider. Le français n’est pas la langue la plus facile à apprendre. Pourtant, elle est si belle. 

Là, je me mets déjà à penser à l'année prochaine. Quand ma fille va commencer le cégep, avec les cours de français obligatoires, avec ces superbes dissertations qui n'en finissent plus et qui sont tout aussi formatées que le reste.

À un moment donné, si on veut vraiment que les jeunes s'intéressent à la langue française, aient envie de l’apprendre, aient envie de lire, de faire des découvertes, d'écrire, de s'exprimer en français, il va peut-être falloir faire les choses autrement.


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En complément : Quelques pistes de réflexion pour sauver la langue française : une discussion avec la professeure de didactique du français, Priscilla Boyer, et la didacticienne du français, Suzanne-Geneviève Chartrand. On y parle des notes, des élèves, des examens... et si on parlait aussi des pratiques (inefficace) d'enseignement.

Source de l'image : Wikimedia Commons




vendredi 6 janvier 2023

Ce que je retiens de 2022...

 



En 2022, nous avons réappris tant bien que mal à vivre « normalement ».  Nous avons voulu « repartir la machine », faire comme si rien ne s'était passé. Mais finalement, ça ne fonctionne pas comme ça. Rendons-nous à l'évidence, la pandémie nous a tous un peu brisés. 

Les derniers mois de 2022 m'en ont fourni quelques preuves. Des couples ont éclaté ou sont chambranlants, des jeunes connaissent des échecs scolaires jamais anticipés ou décrochent tout simplement, des consommateurs sont devenus plus compulsifs que jamais, la solitude et l'isolement se sont installés pour d'autres, des touts-petits ont des difficultés d'intégration en milieu de garde, etc. 

La pandémie n'est surtout la cause de tous les maux, elle a cependant exacerbé des situations qui étaient latentes auparavant. Elle nous a mis en pleine face qu'on ne sait pas toujours bien gérer nos émotions et que, quand ça dérape mentalement, on perd rapidement le contrôle. Elle nous a mis en pleine face qu'on avance trop souvent dans nos sociétés de consommation sans se préoccuper de nos sentiments et de nos émotions. On n'a jamais appris à développer nos compétences sociales et émotionnelles. On improvise comme on peut et c'est très inégal d'une personne à l'autre.

Socialement, que pouvons-nous faire pour réparer ceux qui sont brisés? On n'a jamais autant parlé de santé mentale (pour éviter de parler de maladie, bien sûr), mais dans les faits, y a-t-il des actions concrètes qui sont posées? Avons-nous adapté nos façons de faire en conséquence?

La fatigue mentale qui s'était déjà installée au début de 2022 est toujours bien présente et c'est maintenant que l'on commence à saisir l'ampleur des dommages collatéraux. Arriverons-nous à ralentir pour prendre soin de nous? 

Certains milieux de travail ont commencé à mettre en place des mesures, comme de permettre aux employés de poursuivre le télétravail qui facilite grandement la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Je pense aussi à des politiques de droit à la déconnexion, des plages-horaires où il est interdit de tenir des réunions (pour limiter le trop-plein de Zoom et se concentrer sur le travail), des moments de présence aux bureaux où on prend le temps de jaser sans pression d'accomplir les tâches habituelles.

Dans les milieux scolaires, je vois des enseignants et des gestionnaires scolaires qui sont plus conciliants, qui trouvent des manières d'évaluer autrement, d'enlever de la pression sur les jeunes. Ils ne nivellent pas par le bas, ils s'adaptent au contexte pour éviter les débordements émotionnels et favoriser la réussite malgré les bouleversements. Cependant, leur capacité d'action est limitée puisqu'ils doivent composer avec un système qui, lui, ne s'est pas du tout transformé en exemple de bienveillance (je ne reviendrai pas sur les fameux bulletins et leur pondération).

Je continue de croire que tous doivent tirer des apprentissages de ces années qui viennent de passer. La normalité ne sera plus jamais la même. La pandémie nous a transformés et nous devons en prendre conscience. Nous avons de nouveaux repères sociaux et personnels à se construire. Peut-être comprendrons-nous enfin qu'il faut ralentir, pour vrai.

Personnellement, voici ce que je retiens de 2022 :

- Ça vaut la peine de prendre un temps d'arrêt pour réfléchir à ce que l'on veut vraiment dans la vie (et arrêter d'être sur le pilote automatique).

- Plus que jamais, je dois prendre soin de moi avant de prendre soin des autres.

- Je dois réapprendre à trouver l'équilibre entre rester chez moi et sortir voir du monde.

En 2022, je m'étais donné l'objectif d'apprendre à mieux choisir ce à quoi je consacre mon temps. Je dois dire que j'ai plutôt bien réussi sur ce point (autant personnellement que professionnellement). Je demeure vigilante face à chaque proposition qui arrive à moi, mais je sais mieux ce que je veux et ne veux pas faire, où sont mes limites.

Je souhaitais aussi développer ma capacité à savoir m'arrêter et à prendre des pauses (non-forcées). Là, par contre, j'ai lamentablement échoué. Mon corps m'a parlé à quelques reprises et je n'ai pas su l'écouter (mais t'sé, il y a tant de choses à faire, de beaux projets à concrétiser!).

Cela m'a amené à comprendre que :

- C'est correct de ne pas laisser les notifications ouvertes en permanence et de ne pas répondre en direct à tous les messages qui entrent (désolée à tous ceux auxquels je ne répondrai pas instantanément prochainement!)

- Les listes ont un pouvoir inestimable (quand on sait faire preuve de discipline). 

Ces deux trucs m'ont beaucoup aidé en fin d'année, surtout pour retrouver ma capacité de concentration qui semblait disparue à jamais.

Maintenant, pour être bienveillante envers moi-même, je ne formule pas de nouveaux souhaits pour 2023. J'ai seulement envie de continuer dans cette direction, faire en sorte que mes apprentissages de 2022 deviennent bien ancrés dans ma vie. 

En terminant, pour garder des traces, voici un résumé de ma vie professionnelle en 2022 (puisque j'avais fait le résumé de 2021). Oui, ce fut encore une fois un feu roulant de collaborations toutes aussi motivantes les unes que les autres. Mais, oh que j'ai eu du plaisir à réaliser chaque projet et je remercie chaque personne que je croise sur ma route professionnelle.

Je retiens entre autres :


Allez hop, on est parti pour 2023!

samedi 29 octobre 2022

Chronique scolaire



Le début d'une nouvelle année scolaire amène toujours son lot d'histoire à raconter. L'an dernier, j'en avais fait un billet dès la première journée. Cette année, j'ai tardé un peu. Par manque de temps surtout. Certainement pas par manque de sujets à aborder!

Le début d'une nouvelle année scolaire, pour un jeune, c'est découvrir de nouveaux enseignants et s'adapter à leur style. C'est recommencer à vivre au rythme des règles de vie scolaire. C'est renouer des amitiés et en tisser de nouvelles. Les premières semaines sont un enchaînement de découvertes positives ou... surprenantes.

Au royaume de l'utilisation du cellulaire en classe, la confusion règne. Certains enseignants autorisent les élèves à le laisser sur leur bureau, d'autres ne veulent pas le voir du tout. Certains piquent des colères mémorables à leur sujet, d'autres l'utilisent pour réaliser des activités en classe. « Il faut simplement se souvenir quel prof autorise quel comportement. » 

Au sujet de l'intégration du numérique, on repassera dans certains cas alors que le cahier d'activités est toujours roi et maître (oui, même en 5e secondaire). Il y a l'enseignant qui fait faire des travaux dans Classroom, mais demandent de remettre une copie imprimée. Heureusement, il a aussi ceux et celles qui autorisent les recherches en ligne, qui donnent le choix des outils, qui proposent des projets stimulants. Chaque enseignant est vite catégorisé par les élèves (c'est ingrat, je sais). Il y en a des « plus cool » que d'autres qui feront en sorte que les élèves trouveront du plaisir à apprendre. 

Vous l'avez compris, c'est beaucoup à travers les discussions que j'ai avec ma fille que je vis la rentrée scolaire. Les communications directes que j'ai avec l'école se résument pas mal en une accumulation de notifications pour de nouveaux résultats affichés dans le portail Mozaik. La première communication qui m'a dit que ma fille « répond parfaitement aux attentes du programme » et à un « excellent comportement ». Et le premier bulletin qui arrivera dans deux semaines.

Ce premier bulletin est probablement ce qu'on pourrait appeler le « bulletin de trop ». Oui, je sais, ce n'est pas la faute des enseignants si le 3e bulletin est de retour. N'empêche, il a causé tant de stress dans ma maison au cours des dernières semaines. Alors que certains enseignants veulent passer leur matière chargée, les examens se sont multipliés en prévision de la préparation de celui-ci. Il faut dire que les enseignants n'ont pas tous la même attitude face à l'évaluation. Ça fait un bel amalgame et ça fait grimper la pression. On peut comprendre quand tu te retrouves avec trois examens dans la même journée : math, chimie et physique.

Après deux années de pandémie, le retour à la « normale » est définitivement une situation stressante pour bien des jeunes. Comment faire comme si de rien n'était? Pourquoi surtout? On parle de plus en plus d'inégalité, elle est bien visible. Je me compte chanceuse, ma fille est une performante. Mais ce que j'entends n'est pas toujours reluisant. Il y a des dommages collatéraux sur lesquels il faudra se pencher, plus tôt que tard.

Ma fille est en cinquième secondaire, je commence à entendre parler de cégep, de choix de programme, de performance pour être acceptée dans tel ou tel programme, etc. Ce seront bientôt les portes ouvertes dans les Cégeps. Je me demande : « comment ces jeunes seront-ils accueillis dans les établissements? Est-ce que là aussi l'enseignement est sur le pilote automatique, comme avant? ». 

Le milieu de l'éducation a besoin d'un bon coup de renouveau. Pour tenir compte des deux dernières années. Pour garantir la réussite du plus grand nombre (pour vrai). Pour amener les jeunes à aimer apprendre, à se sentir bien à l'école, à ne pas y aller à reculons le matin. Pour offrir des milieux stimulants qui ouvrent des horizons pour l'avenir. Ce n'est plus de la peinture que ça prend pour cacher les défauts sur le mur. C'est une véritable rénovation. Même la fondation aura besoin d'être revue et solidifiée. 

Beaucoup de réflexion sont en cours en ce moment dans les milieux, je le sais. Certains milieux sont en action. C'est excellent. Leurs actions sont inspirantes. J'en vois beaucoup passer par le biais de mon travail avec L'École branchée. Par contre, nous en sommes encore aux initiatives locales. Donc, elles ne touchent pas tous les jeunes (inégalités quand tu nous tiens). Et puis, tu as beau être super innovant, si tu es coincé dans une boîte administrative rigide, tu vas atteindre tes limites un jour ou l'autre. 

Je me demande bien ce que ça prendra pour que l'on bouge dans les hautes sphères pour offrir des milieux scolaires dignes du XXIe siècle à nos jeunes.



mercredi 5 octobre 2022

Et si on parlait un peu de numérique ?



En 2018, à l’aube de l’élection provinciale qui allait faire élire la Coalition avenir Québec pour la première fois dans la province, nous étions trois blogueurs* qui s’étaient réunis pour interpeler les principaux partis politiques au sujet de leur vision du développement numérique.


Huit questions avaient été posées en lien avec les thèmes suivants : L’innovation, La stratégie numérique et l’administration publique, L’accès à l’information, Le commerce en ligne, La culture, La démocratie, L’éducation et Le développement régional. Les liens vers les réponses de l’époque sont encore disponibles en ligne, à partir de cet article.


En les relisant, je ne peux que constater que notre monde a bien changé en quatre ans, mais que plusieurs enjeux sont demeurés les mêmes.


Quatre ans plus tard, je ne pouvais pas laisser cette campagne se dérouler sans y mettre mon petit grain de

sel.


C'est ainsi qu'en 2022, il n'y a pas eu de questions, mais une lettre ouverte.

 

Elle a été rédigée avec Yves Williams, accompagnateur numérique, et Stéphane Ricoul, expert de l'économie numérique.  Avec des échanges dans un Google Document, des commentaires et des discussions dans un canal Telegram, le processus est allé bon train. Je me réjouis même tout autant du contenu de la lettre que de la fluidité et efficacité de notre collaboration. C'est la preuve qu'on n'a pas toujours besoin d'être physiquement dans la même pièce pour réaliser un projet commun.


Nous avons fait relire nos écrits par un petit groupe en privé. Puis, il nous est venu l'idée de recueillir aussi des appuis, sous forme de co-signataires. C'est ainsi que Yves (merci!) s'est retrouvé à acheter un nom de domaine, à créer un mini-site Web et à brancher un Google Analytics.


Le résultat est simple, mais efficace pour ce que nous voulions faire : http://numerique-ouvronsledebat.ca/


Le contenu de la lettre et la liste des co-signataires s'y trouvent. J'ai aussi republié la lettre sur ce blogue.


La lettre a aussi été publiée pour la première fois dans La Presse Plus (merci à Stéphane pour les démarches!). D'autres publications ont suivi. Afin de garder des traces des retombées de l'exercice, je souhaitais publier une petite revue de presse ici.


Revue de presse :

« Je salue l’initiative du gouvernement d’avoir créé un ministère relatif au numérique, mais j’ai toujours milité contre un tel organe, et pour la création d’une autre entité, d’une direction générale ou d’une société d’État numérique, beaucoup plus transversale et transministérielle, adéquatement financée et dotée d’un pouvoir d’action concret. Ce serait un organisme chargé d’accompagner l’ensemble des ministères pour comprendre ce qu’il faut modifier dans chacune des lois s’ajuster à ce que le numérique nous offre aujourd’hui. »



L'élection provinciale a eu lieu le 3 octobre 2022. Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec a été élu pour un deuxième mandat majoritaire. Il est certain que nous allons suivre la mise en place du nouveau conseil des ministres, puis les décisions à venir en matière de transformation numérique de la société et de l'État québécois.



*À l’époque (2018), Clément Laberge, consultant indépendant dans le domaine du numérique, de la culture et de l’éducation, Martine Rioux, citoyenne et blogueuse engagée dans l’intégration du numérique, Yves Williams, entrepreneur, consultant numérique et blogueur.