T’sé quand tu embarques dans ton char le matin
pis que tu entends à la radio : « Matin difficile pour les
automobilistes. L’accès au pont est particulièrement congestionné. » On ne
peut pas dire que ça commence bien la journée.
Tu prends une grande respiration, tu embrayes
ton auto, tu prends ton courage à deux mains et tu te diriges vers le trafic.
Advienne que pourra, il faut se rendre au boulot.
Puis, quand tu finis de travailler, tu
entends : « Armez-vous de patience. La situation est particulièrement
problématique à l’approche des ponts. » Tu pousses un soupir, tu es brûlée
de ta journée de travail, tu hésites entre rire jaune, pleurer ou devenir
folle.
Tu as une petite boule de stress qui se forme
dans ton ventre. Tu as ta fille qui t’attend à l’école, le souper à préparer,
les devoirs à faire, etc… Pas de panique, il faut y aller.
Pratiquer l’art du lâcher-prise. Tenter de
devenir zen. Inspirer. Expirer. Écouter de la musique. Toutes les stratégies
sont bonnes, mais pas toujours efficaces.
Au début, c’était juste quand il y avait un
accident sur le pont que j’entendais ces phrases. Ou bien l’hiver quand il y
avait une tempête de neige. Puis, c’est devenu un peu plus fréquent. Et il y a
eu le festival du cône orange qui dure de mai à novembre. Et c’est devenu un
peu plus fréquent encore.
Je suis déménagée sur la rive-sud de Québec, à
St-Jean-Chrysostome, en 2003. À cette époque, je travaillais au 580
Grande-Allée à Québec, la bâtisse à côté du Dagobert pour ceux qui connaissent
la ville. Je me levais à 7h. Je partais de chez moi à 8h20-8h30 le matin et à
9h, j’étais assise devant mon ordinateur.
Aujourd’hui, 13 ans plus tard, je travaille au
625, St-Amable, juste en arrière du 580 Grande-Allée. Je me lève à 6h. Je pars
de chez moi à 7h30 et je m’assoie devant mon ordi à 9h. Une semaine sur deux,
je dois faire un petit détour pour aller reconduire ma fille à l’école. J’arrive
alors un peu plus tard. Oui, il y a des exceptions et des journées où ça va mieux. Je fais une moyenne ici.
Bref, le trafic a augmenté… de façon considérable au
cours des 10 dernières années. Personne ne peut le nier. C’est devenu un réel
problème dans la région de Québec. Cela ne fait plus aucun doute. Je parle de
la traversée des ponts car cela est ma réalité quotidienne, mais la situation
est tout aussi problématique sur d’autres axes routiers.
Quand j’entend des gens me dire :
« Tu as seulement à déménager plus proche de ton travail » ou
« Ah, c’est toi qui a choisi de rester sur la rive-sud », je fais
maintenant la sourde oreille plutôt que de faire une crise de nerf. Il y a des
choix qu’on fait dans la vie qui nous suivent pendant plusieurs années. Je suis
dans cette situation. Je dois assumer, mais cela ne veut pas dire que je n’ai
pas le droit de dénoncer.
Je n’écris pas ce texte pour me plaindre de
mon sort. Je n’ai pas envie de faire pitié. Je veux seulement témoigner d’une
réalité. La qualité de vie dans la région de Québec se dégrade au fur et à
mesure que le trafic augmente sur les routes. Le système routier est désuet et
ne suffit plus au nombre de voiture. Surchargé, il est complètement inefficace.
Je ne sais pas qu’elle est la solution, mais
je suis maintenant convaincue que toutes les options possibles doivent être
mises sur la table.
Un troisième lien Québec-Lévis ? À l’Est
ou à l’Ouest de la ville ? Élargir le pont Laporte ou le Pont de
Québec ? Ajouter des voies sur l’autoroute 20 ? Cesser de barrer des
voies inutilement à certains endroits (pas besoin de bloquer la voie 1 km avant
le chantier de construction !) ? Se doter d’un véritable système de
transport en commun ?
Cependant, je ne crois pas que nous ayons des
années devant nous pour en discuter. Il devient urgent d’agir. Rapidement,
analysons les différents scénarios, prenons des décisions et agissons.
Je sais que ce type de dossiers demande mûre
réflexion, études et budget important. Mais je ne peux pas croire qu’il n’est
pas possible de s’entendre rapidement sur une solution et de réaliser les travaux à court terme.
Le statu quo ne peut
plus durer. Cela prend des élus qui mettront cartes sur table et qui penseront
d’abord au bien-être de leurs citoyens.
Ma santé mentale en dépend, c’est
certain ! Je ne dois pas être la seule !
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